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Ruptures de stock de médicaments : maintenant, on connaît leurs effets indésirables sur les patients
Le nombres de ruptures de stock de médicaments augmente chaque année. Les conséquences pour les patients peuvent être lourdes.
Pour analyser les conséquences iatrogènes d’une rupture de stock d’un médicament, le réseau français des Centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) a conduit l’étude CIRUPT, d’après le recueil des événements induits par les ruptures de stock ou les tensions d’approvisionnement (effets indésirables ou interactions médicamenteuses liés au passage à une autre spécialité ou molécule, inefficacité, erreurs médicamenteuses découlant du changement de la posologie ou de la présentation, etc.) du 1er janvier 2020 au 30 juin 2021. L’étude a été pilotée par les CRPV d’Angers (Maine-et-Loire), de Dijon (Côte-d’Or) et de Limoges (Haute-Vienne).
Au total, en 18 mois, les CRPV ont identifié 224 cas, concernant hommes et femmes de toutes catégories d’âge, dont « près d’un tiers étaient graves », conclut l’étude. Les effets indésirables observés étaient le plus souvent attendus, « c’est-à-dire mentionnés dans le résumé des caractéristiques du produit ou la notice, et leur évolution était majoritairement favorable ». Dans 36 cas, aucune conséquence pour le malade n’a été identifiée.
Des erreurs à la dispensation
Dans la quasi-totalité des cas, le médicament en rupture avait été remplacé. Conséquences : apparition d’une toxicité de l’alternative thérapeutique dans 2/3 des cas (64 %), survenue d’une erreur médicamenteuse (23,5 %) majoritairement non compliquée d’effet indésirable, ou inefficacité du médicament administré en relais (20 %).
Parmi les médicaments les plus impliqués, citons l’exemple de Fluzone, importé pour faire face aux ruptures d’approvisionnement des vaccins antigrippaux en 2020, à l’origine de réactions non graves au site de vaccination et/ou de syndromes pseudogrippaux. Ou encore l’exemple de l’acide valproïque et de ses dérivés qui ont été « switchés » vers un autre dérivé d’acide valproïque ou vers un autre thymorégulateur avec survenue d’inefficacité principalement, ou d’effets indésirables attendus, précise Aurélie Grandvuillemin, pharmacienne praticienne hospitalière au CRPV de Bourgogne, pour le comité scientifique de l’étude CIRUPT. Quant aux cas d’erreurs médicamenteuses avérées ou de risque d’erreurs induites par une rupture de stock, « les étapes de dispensation ou d’administration étaient les plus impactées avec des confusions entre deux médicaments et des erreurs de dose », poursuit-elle. A l’origine, une erreur humaine et/ou un problème d’étiquetage, principalement.
« Ces situations concernent tous les médicaments, qu’ils soient considérés comme essentiels ou pas », relève l’étude. D’où « l’importance du choix des alternatives thérapeutiques possibles et de l’information délivrée dans les situations de rupture de stock médicamenteuse », conclut Aurélie Grandvuillemin pour le comité scientifique de l’étude CIRUPT, qui encourage les professionnels de santé et les patients à poursuivre la remontée d’information aux CRPV.
En 2020, l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) a enregistré 2446 signalements de ruptures de stock ou de risque de ruptures.
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