Suppression des notices papier : les patients et les pharmaciens sont-ils prêts ?

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Suppression des notices papier : les patients et les pharmaciens sont-ils prêts ?

Publié le 5 juin 2024
Par Véronique Hunsinger
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Alors que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) devrait l’année prochaine commencer une phase de test des notices électroniques, le laboratoire Haleon se prépare.

L’antique notice aux caractères minuscules et pliée en huit dans les boîtes de médicaments est-elle vouée à disparaître ? Sans doute. Le laboratoire Haleon estime que les esprits commencent à être mûrs. Pour objectiver son intuition et affiner ses propositions auprès des pouvoirs publics, le laboratoire a commandé un sondage à l’institut Odoxa1. Premier enseignement : les notices papier sont nécessaires mais peu pratiques. Dans le détail, elles sont jugées utiles par 85 % des Français et 88 % des pharmaciens. Ces derniers les considèrent à 62 % adaptées à leurs besoins en tant que professionnels.

Des patients peu satisfaits des notices papier

Pour les patients, en revanche, le ressenti est tout autre : ils sont 71 % à les trouver trop chargées et 32 % disent ne pas comprendre le vocabulaire employé. D’ailleurs, ils sont à peine plus d’un sur cinq à déclarer les lire en entier. Plus de la moitié des pharmaciens et des infirmières libérales estiment d’ailleurs que les patients ne les regardent pas. « La satisfaction à l’égard des notices au format papier est soit médiocre, selon les personnes interrogées, soit largement perfectible », a commenté Gaël Sliman, président d’Odoxa en présentant cette étude à la presse mercredi. Résultat des courses : les patients se rabattent très largement sur le web pour trouver des données sur leurs médicaments. Les moins de 35 ans sont ainsi 69 % à chercher des informations en ligne plutôt que dans la boîte des médicaments. Un taux qui décroît à 48 % pour les plus de 50 ans.

Les notices électroniques accueillies plutôt favorablement

Paradoxe : si 56 % d’entre eux admettent ainsi consulter internet concernant leurs prescriptions, 61 % doutent de la qualité des informations obtenues. L’hypothèse de la mise en place de notices électroniques est plutôt accueillie favorablement : 60 % se prononcent en faveur du développement des e-notices (jusqu’à 83 % des 18-24 ans et 78 % des 25-34 ans). Pour les professionnels de santé les bénéfices sont nombreux : mise à jour plus rapide des informations, respect de l’environnement, instrument de bon usage grâce à des outils didactiques (schémas, vidéos, tutoriels…) ou encore aide à la délivrance et à l’observance. Enfin, 77 % des patients et 86 % des professionnels prônent la possibilité de déclarer sur ce support les effets indésirables du médicament. « Les patients attendent une notice augmentée, a souligné Françoise Alliot-Launois, présidente de l’Aflar (association française de lutte antirhumastismale). Mais nous devons néanmois garder la possibilité de disposer d’une notice papier imprimée dans les pharmacies ».

Une transition en douceur

Aujourd’hui, les Français semblent privilégier le QR code apposé sur la boîte (52 %) devant l’URL (47 %) en termes d’accessibilité aux e-notices. En outre, Haleon souhaite porter une attention particulière « aux développements d’outils innovants et interactifs sur ces notices et à la formation des professionnels de santé pour accompagner les patients et leurs aidants », estime Céline Camilleri, président de Haleon. La fin de la notice n’est pas pour tout de suite. « Nous plaidons pour leur maintien transitoire sur le temps nécessaire afin de permettre aux patients de se familiariser en douceur avec le format électronique », rassure Céline Camilleri. L’ANSM est en train de travailler sur un projet pilote en ville pour proposer à partir de 2025 un QR code sur les boîtes de certaines catégories de médicaments.

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1 Enquête Odoxa réalisée par internet du 11 au 21 mars 2024 auprès d’un échantillon de 2010 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, et d’un échantillon de 202 pharmaciens et infirmières libérales (101 pharmaciens d’officine, 101 infirmières libérales).