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EXPÉRIMENTATIONS « ARTICLE 51 » : LES NOUVELLES MISSIONS DE DEMAIN ?
Soixante expérimentations avaient été lancées sous le modèle « article 51 » en septembre 2021. Quelques-unes concernent les pharmaciens d’officine avec la mise en œuvre de missions et organisations inédites, en particulier avec l’hôpital. Pour leurs initiateurs, il reste à transformer l’essai.
Mettre en œuvre des organisations innovantes faisant appel à des modes de financement et d’organisation inédits, tel est l’objectif des expérimentations relevant de l’article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018. Leur intérêt est de décloisonner le système de santé français et d’inciter à la coopération entre ses acteurs. Selon le rapport au Parlement 2021 sur les expérimentations innovantes en santé, 103 projets étaient autorisés ou en cours d’autorisation en septembre 2021, dont 60 avaient effectivement démarré. Parmi ces projets, quelques-uns embarquent les pharmaciens d’officine. On peut ainsi citer le projet DiVa, pour Dijon Vascular Project, qui implique hôpitaux et professionnels libéraux pour un meilleur suivi des patients ayant eu un accident vasculaire cérébral (AVC) ou un infarctus du myocarde après leur sortie d’hôpital. En Nouvelle-Aquitaine, le programme Onco’Link Thérapies orales voit les pharmaciens réaliser des entretiens avec des patients sous anticancéreux oraux. Dans les Hauts-de-France, l’expérimentation Nutri’Age vise à prévenir et à repérer la dénutrition chez les personnes âgées à domicile par le biais des professionnels libéraux, et le projet Iatroprev doit permettre d’optimiser les prescriptions médicamenteuses chez les seniors. En Occitanie, Depist’C Pharma a été lancé pour réaliser en officine des tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) afin de dépister l’hépatite C chez les personnes à risque. Et du côté de la Bretagne, les pharmaciens peuvent apporter une réponse à des situations de premier recours dans les zones de sous-densité médicale dans le cadre du projet OSyS.
Renforcer l’interprofessionnalité
Ces projets attribuent aux pharmaciens un nouveau rôle : entretien pour des patients ayant eu un AVC, dépistage de l’hépatite C, réponse à des situations de premier recours. Ou alors ils visent à conforter leurs missions comme le suivi des patients sous anticancéreux oraux et la prévention de l’iatrogénie médicamenteuse. Surtout, ils renforcent la coordination interprofessionnelle notamment entre l’hôpital et la ville, et entre les professionnels de santé libéraux. Ainsi, l’expérimentation DiVa met en place une coordination entre le centre hospitalier universitaire (CHU) de Dijon (Côte-d’Or) et les libéraux de ville, mais également entre le pharmacien, l’infirmière, qui suit aussi le patient à domicile, et le médecin traitant. Idem pour Iatroprev : le repérage des patients se fait soit à l’hôpital, aux CHU de Lille (Nord) et d’Amiens-Picardie (Somme), soit en ville par le médecin ou le pharmacien, et la prise en charge et le plan pharmaceutique personnalisé impliquent en amont une concertation pluriprofessionnelle entre médecin et pharmacien de ville et gériatre et pharmacien hospitaliers. Onco’Link est un autre exemple de cette coordination qui réunit des officinaux et des pharmaciens hospitaliers. Ce qui nécessite une nouvelle façon de travailler. Et c’est d’ailleurs bien le but des expérimentations « article 51 » : faire émerger de nouvelles organisations afin d’optimiser le parcours et la prise en charge des patients.
Des retards dus à la crise
Est-ce viable à long terme ? Les évaluations des expérimentations permettront de le savoir. Plus tardivement que prévu. En effet, la crise sanitaire a retardé leur mise en œuvre. Par exemple, l’inclusion des patients dans le projet DiVa n’a finalement commencé que le 15 octobre 2021 au lieu de mars 2020. D’autre part, il se peut que les premiers résultats ne soient pas totalement probants en raison de la pandémie. C’est le cas pour le projet Depist’c Pharma. Les pharmaciens ayant été submergés par la réalisation des tests antigéniques et la vaccination anti-Covid-19. La pandémie a également freiné la généralisation prévue de sept expérimentations. « La crise a conduit à en prolonger certaines mais cela reste notre enjeu pour demain : réussir à transformer mais aussi à accepter que certains attendus ne sont pas au rendez-vous », explique le rapport. Et de conclure : « L’innovation organisationnelle tient […] un rôle majeur dans la rénovation du système de santé que tout le système appelle de ses vœux et qui est portée par l’article 51 ».
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