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«   J’ai mis en place un suivi renforcé du patient en oncologie   »

Publié le 15 novembre 2019
Par Matthieu Vandendriessche
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Entretien spécialisé avec le patient atteint de cancer et rayon consacré aux effets indésirables des traitements : le programme Onco Pharmavie se déploie dans une trentaine d’officines depuis début 2019. Dont celle de François Rebier, dans le Nord.

Nouvelle année, nouvelle mission à venir. Le suivi du patient sous chimiothérapie orale en officine devrait voir le jour en 2020. Ses modalités techniques sont en cours de négociation avec l’Assurance maladie. Mais des pharmaciens n’ont pas attendu pour s’y investir. François Rebier est installé depuis une dizaine d’années avec son épouse, à Hem, dans le Nord. Il s’est engagé en septembre dans le programme d’accompagnement des patients traités en oncologie lancé par son groupement, Pharmavie. Son officine de quartier, située entre Lille et Roubaix, s’est associée à cette démarche comme une trentaine de pharmacies de l’enseigne depuis le début de l’année.

Pour se lancer, il a d’abord fallu se former. Aux traitements et à leurs effets indésirables, bien sûr, mais aussi à l’approche des patients car, pour nombre d’entre eux, la maladie revêt un aspect très intime. « Engager le dialogue, distinguer le profil psychologique du patient pour mieux adapter son discours, soigner le vocabulaire employé, travailler sur l’observance, tout cela s’apprend, explique François Rebier. Lorsque les patients apprennent la maladie, le monde s’effondre et ils doivent ingurgiter beaucoup d’informations. Il faut les rassurer, leur dire que nous sommes à leurs côtés, que nous allons les aider à se battre. »

Il faut aussi connaître ses limites. Les officinaux s’inscrivent en relais d’un service hospitalier ou d’une consultation en oncologie, où un lien est déjà mis en place avec une équipe médicale spécialisée.Accompagner à l’officine, c’est échanger au sein d’un espace de confidentialité. La plupart du temps sans rendez-vous, sauf en cas de parcours médical complexe. « Je me rends disponible, il ne faut pas ajourner cet échange lorsque le patient s’y sent prêt. » Des conseils sont dispensés. « Dans le cas d’une radiothérapie, il peut y avoir des brûlures sur la peau. Nous avons de quoi les soulager mais il ne faut pas attendre qu’elles surviennent. » Outre le soin cutané, le pharmacien met à profit ses connaissances en nutrithérapie.

Un rayon où se servir en toute discrétion

Tout à côté de l’espace de confidentialité, un rayon balisé par un ruban blanc sur fond rose se déploie sur 2 descentes de linéaires. Il ne porte évidemment pas l’intitulé « cancer » mais y est installée une sélection de produits de laboratoires partenaires de l’enseigne : dermatologie, hygiène buccodentaire, hygiène intime, accessoires divers, etc. « Pour les patients, c’est rassurant de se dire que tout ce qui est présenté ici peut être utilisé en confiance. » Certains se servent directement, d’autres viennent demander conseil. Ils peuvent être orientés ou non vers ce rayon, les produits étant en double implantation. « Toute l’équipe est investie et est capable d’apporter des conseils. » La démarche est encore fraîche et les médecins à proximité n’en sont pas encore informés. « Lorsqu’elle sera bien rodée, j’envisage de leur faire une présentation des services proposés par mon officine. »

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BIO EXPRESS

2006 : Obtention de la thèse d’exercice en pharmacie
2008 : Installation avec son épouse à la pharmacie de Beaumont, à Hem (Nord), et adhésion au groupement Pharmavie
2010 : Rénovation complète de l’officine
Septembre 2019 : Installation du corner Onco Pharmavie