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Le protocole POLICE en cas de traumatisme

Publié le 28 juin 2019
Par Sylviane Le Craz
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Le protocole POLICE est une évolution du protocole GREC (glace, repos, élévation, compression). Mis en place rapidement lors d’un traumatisme articulaire ou musculaire, il permet d’améliorer la récupération et de réduire la période d’indisponibilité.

De quoi s’agit-il ?

L’acronyme anglais POLICE liste cinq étapes d’intervention (voir infographie).

La compression de la lésion, son refroidissement et l’élévation du membre lésé visent à limiter le développement de l’œdème ainsi que d’un éventuel hématome post-traumatiques.

La mise au repos du membre touché associée à l’application de froid aide à soulager la douleur. L’absence d’appui sur la lésion dans un premier temps limite également le risque d’aggravation, notamment dans l’attente d’une consultation. Par la suite, une reprise d’activité adaptée permet une meilleure cicatrisation.

Comment le mettre en place ?

Commencé le plus rapidement possible, le refroidissement s’effectue dans l’idéal 3 à 5 fois par jour pendant 10 à 20 minutes. Une vessie d’eau froide et de glaçons semble la méthode la plus efficace. Veiller à ne pas l’appliquer directement sur la peau pour éviter une brûlure. A défaut, une poche de cryogel (Nexcare, Actipoche, Therapearl, etc.) peut être utilisée. Les poches de cryothérapie à déclenchement instantané à usage unique (Urgo patch froid, Easy Ice compresse, Thermcool poche, etc.) ou les bombes cryogéniques (Akiléïne Ice, BSN Tensocold, Donjoy bombe de froid, etc.) facilitent l’application rapide notamment en milieu sportif. Certaines études montrent qu’en limitant l’inflammation, l’utilisation du froid retarderait la cicatrisation. Toutefois, la cryothérapie resterait intéressante tant que l’œdème est présent.

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La compression, en attendant la consultation, s’effectue à l’aide d’une bande de crêpe ou d’une bande cohésive, voire d’une bande de mousse en latex émulsionné (type Thuasne N/N).

L’élévation consiste à surélever le membre, en position assise ou semi-couchée, pendant environ 2 à 3 jours.

La protection passe par l’utilisation de cannes anglaises pour se déplacer. Ces dernières sont à conseiller tant que la douleur rend l’appui impossible. L’immobilisation complète de façon prolongée est toutefois actuellement considérée comme néfaste pour la cicatrisation. Des études ont montré que le ligament doit être soumis à des forces de traction pour orienter les nouvelles fibres dans l’axe des contraintes et obtenir une meilleure solidité.

Quand faut-il consulter ?

Les symptômes d’une atteinte articulaire ou musculaire ne sont pas toujours en corrélation avec la gravité de la lésion. Une reprise trop rapide, voire immédiate de l’activité, expose à des risques d’aggravation de la lésion, avec d’éventuelles séquelles.

Une consultation est indispensable en cas d’œdème précoce (quelques minutes après le traumatisme), d’une sensation de craquement ou de déchirure au moment de l’accident ou si une ecchymose apparaît au bout de 24 heures.

Dans le cadre d’une atteinte de la cheville ou du genou, une radiographie pour éliminer une fracture est indiquée dans certains cas. 

Sources : «   PRICE needs updating, should we call the POLICE ?   », Br. J. Sports Med. , mars 2012 ; «   Entorse de cheville : conduite à tenir   », Institut de recherche du bien-être, de la médecine et du sport santé (IRBMS), irbms.com, mars 2017 ; « The accuracy of the Ottawa knee rule to rule out knee fractures : a systematic review   », Ann. Intern. Med. , 2004.

EN PRATIQUE

– En complément du protocole, il est possible de conseiller du paracétamol pour soulager la douleur. Les AINS sont à proscrire dans les premiers jours car ils peuvent aggraver l’hématome.
– Les chevillères ou les genouillères permettent également d’éviter les mouvements néfastes et assurent des mises en tension bénéfiques pour la cicatrisation.