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Chélateur de cuivre

Publié le 28 juin 2019
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Cuprior est un médicament hybride dont la spécialité de référence, Trientine dihydrochloride Univar, est disponible en Grande-Bretagne et uniquement sous ATU (autorisation temporaire d’utilisation) nominative en France. La nature du sel de trientine est différente dans Cuprior (tétrachlorhydrate). Ce médicament est prescrit dans le traitement d’une maladie rare, la maladie de Wilson.

INDICATION

Traitement de la maladie de Wilson chez les adultes, les adolescents et les enfants âgés de 5 ans et plus qui ne tolèrent pas le traitement par la D-pénicillamine. L’objectif est de maintenir le taux de cuivre libre sérique dans des limites acceptables.

Le traitement ne doit être instauré que par des spécialistes expérimentés dans la prise en charge de la maladie de Wilson.

MODE D’ACTION

La trientine est un agent chélateur de cuivre. Son principal mécanisme d’action est l’élimination du cuivre absorbé par l’organisme, en formant un complexe stable. Celui-ci est ensuite éliminé par excrétion urinaire.

La trientine peut également chélater le cuivre dans l’appareil digestif et inhiber ainsi son absorption.

POSOLOGIE

La dose recommandée chez l’adulte est de 450 mg à 975 mg par jour, soit 3 à 6,5 comprimés. Chez l’enfant à partir de 5 ans et l’adolescent, elle est généralement de 225 mg à 600 mg par jour (1,5 à 4 comprimés). La dose doit être fractionnée en 2 à 4 prises réparties dans la journée.

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La dose initiale correspond à la dose la plus faible dans la plage recommandée. Elle est adaptée ensuite en fonction de la réponse clinique du patient.

Les comprimés sont à avaler avec de l’eau.

CONTRE-INDICATIONS

Hypersensibilité à l’un des composants.

GROSSESSE ET ALLAITEMENT

L’utilisation de Cuprior pendant la grossesse est possible seulement après une évaluation attentive du rapport bénéfice-risque du traitement. Le cuivre étant nécessaire pour assurer une croissance et un développement mental satisfaisants du fœtus, une surveillance étroite de la future mère est essentielle. Des ajustements posologiques peuvent être requis pour prévenir une carence en cuivre chez le fœtus. La détection d’une éventuelle anomalie fœtale et le suivi de la cuprémie sont indispensables tout au long de la grossesse.

L’allaitement ne sera pas instauré, ou le traitement par Cuprior sera interrompu, selon le bénéfice de l’allaitement pour l’enfant au regard du bénéfice du traitement pour la mère.

EFFETS INDÉSIRABLES

Des nausées sont l’effet indésirable le plus souvent rapporté. Une anémie ferriprive grave et une colite sévère sont aussi observées pendant le traitement.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

L’association de trientine et de zinc n’est pas recommandée.

La trientine diminue les taux de fer sérique. Une supplémentation en fer peut être nécessaire en cas d’anémie ferriprive. Le fer devra alors être pris au moins 2 heures après la trientine.

Les antiacides à base de calcium ou de magnésium sont à prendre à distance de la trientine.

SURVEILLANCE PARTICULIÈRE

La prudence est recommandée en cas de relais d’une autre formulation de trientine, car les doses exprimées en trientine base peuvent ne pas être équivalentes.

Une surveillance étroite s’impose pour optimiser la dose ou adapter si nécessaire le traitement. La détermination du taux de cuivre libre sérique (calculé par la différence entre les taux de cuivre total et de cuivre lié à la céruloplasmine) est l’indice le plus fiable.

La cuprurie est utilisée pour apprécier l’observance du traitement car, Cuprior augmentant le taux de cuivre urinaire, elle peut ne pas refléter exactement la surcharge en cuivre dans l’organisme. 

DITES-LE AU PATIENT

– Prendre Cuprior à jeun au moins 1 heure avant ou 2 heures après les repas, et respecter un intervalle d’au moins 1 heure avec d’autres médicaments, des aliments ou du lait. Ceci permet de maximiser l’absorption de la trientine et de réduire la probabilité de liaison du médicament aux métaux présents dans l’appareil digestif.
– Les comprimés pelliculés sont sécables et peuvent être divisés si besoin en 2 moitiés égales.
– Proscrire les aliments riches en cuivre comme le foie, les fruits de mer, etc.

FICHE TECHNIQUE

Trientine 150 mg pour un comprimé pelliculé sécable oblong et jaune, boîte de 72, remb. SS à 65 %, 2 824,50 €, AMM : 34009 301 536 1 1.
GMP-Orphan : 0800 901 859
Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

L’AVIS DE LA HAS


• Service médical rendu important

• Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) par rapport à la spécialité de référence

• Population cible estimée entre 150 et 450 patients


• Liste I

• Prescription initiale hospitalière annuelle, renouvellement non restreint

• Surveillance particulière pendant le traitement

LA MALADIE DE WILSON

La maladie de Wilson, également appelée dégénérescence hépatolenticulaire, est une maladie rare. Le nombre de nouveaux cas en France est estimé entre 1/30 000 et 1/100 000 par an, ce qui correspond à un total compris entre 700 et 1 800 cas en France.

A quoi est-elle due ?
La maladie de Wilson est une maladie génétique qui se transmet de façon autosomique récessive. La maladie est due à une mutation au niveau du gène ATP7B du chromosome 13. Ce gène intervient dans le transport des métaux lourds, dont le cuivre. Ce dernier est le cofacteur de nombreuses protéines et joue donc un rôle important, notamment dans le métabolisme du glucose et du fer. Le cuivre est transporté dans l’hépatocyte où il est en partie éliminé via la bile et en partie transporté dans la circulation sanguine via la céruloplasmine. Dans le cas de la maladie de Wilson, caractérisée par un défaut de transport, le cuivre s’accumule au niveau du foie, puis du système nerveux central, et ensuite au niveau d’autres organes comme les reins, la cornée, etc. Un dépistage systématique doit être proposé à la fratrie du patient pour diagnostiquer les formes présymptomatiques. En l’absence de consanguinité, le risque de transmettre la maladie est très faible pour un patient atteint.

Comment se manifeste-t-elle ?
Les premiers symptômes peuvent apparaître entre 5 et 35 ans mais le plus souvent après 10 ans. Ils surviennent généralement au niveau du foie avec une atteinte hépatique d’intensité variable, allant d’une forme asymptomatique avec perturbation des transaminases à une cirrhose ou à une insuffisance hépatique aiguë.
La maladie de Wilson peut également entraîner des manifestations neurologiques (tremblements, dysarthrie, dystonie, troubles de l’équilibre, de l’écriture et de la déglutition) et psychiatriques (anxiété, irritabilité et dépression). L’atteinte des autres organes peut provoquer des manifestations comme l’anneau de Kayser-Fleischer (dépôts bruns en cercle au niveau de la cornée) en cas d’atteinte ophtalmique, ou encore une amino-acidurie ou des néphrolithiases en cas d’atteinte rénale. Ostéoporose prématurée, arthrite, cardiomyopathie constituent d’autres atteintes possibles.


Delphine Guilloux