Sécurité : comment se prémunir des vols et des agressions en pharmacie ?

© Getty Images - An armed robber pointing a pistol at a pharmacist demanding drugs and prescriptions.

Sécurité : comment se prémunir des vols et des agressions en pharmacie ?

Publié le 19 juin 2024 | modifié le 21 novembre 2024
Par Christelle Pangrazzi
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La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a mis en place avec la préfecture de police de Paris des cycles de conférences permettant aux pharmaciens de faire face à d’éventuelles agressions et de s’en prémunir.

En 2023, l’Ordre a eu connaissance de 475 agressions soit une augmentation de 30 % par rapport à 2022 et de 40 % par rapport à 2018. Élevé, ce chiffre est pourtant très nettement sous-évalué : les pharmaciens ne déclarent pas systématiquement les incivilités ou délits de faible intensité. En outre, plus de 46 % des professionnels victimes choisissent de ne pas déposer plainte notamment par manque de temps, peur des représailles, absence de l’identité de l’agresseur… Pour répondre à ce problème de fond, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a mis en place un partenariat avec la préfecture de police. « Nous sommes en train de mettre en place un cycle de formation avec l’Ordre national des pharmaciens sur les systèmes de sécurité propres aux officines et les attitudes à adopter en cas d’agression », explique Yorick Berger, secrétaire général du syndicat des pharmaciens de Paris et responsable des relations avec la chaîne du médicament au sein de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.

Une première réunion sur l’aspect technique

Lors de ce premier échange réunissant 70 personnes, les pharmaciens ont ainsi pu solliciter les forces de l’ordre sur des conseils techniques : quels types de rideaux électriques adopter ? Comment orienter sa caméra ? Quel éclairage mettre en place ? « Nous avons également abordé le volet réglementaire. Il est assez lourd. Certains détails doivent être connus afin de ne pas entrer soi-même en infraction. Par exemple, les pharmaciens, à l’instar de tout commerçant, doivent déclarer l’usage de caméra et ne doivent pas en conserver les vidéos plus d’un mois comme l’exige la loi sur les RGPD », poursuit Yorick Berger. D’autres cycles de rencontres se tiendront dans les mois à venir et viseront davantage à former le pharmacien aux attitudes à adopter en cas d’agression. Depuis un an, un guide pratique élaboré avec la Préfecture de police est déjà disponible auprès de l’Ordre. « Nous allons le distribuer de façon plus large », souligne Yorick Berger.

Déposer plainte et déclarer les agressions sur le site de l’Ordre, une nécessité

Yorick Berger appelle également ses confrères à déclarer systématiquement l’ensemble des délits subis sur le site de l’Ordre et idéalement à déposer plainte à chaque fait. « C’est évidemment chronophage mais cela présente trois vertus : remonter de la statistique et la rendre opposable aux institutions pointant, parfois, de la faiblesse des attaques envers notre profession, espérer voir un jour les agresseurs sanctionner et dissuader d’autres attaques. Lorsqu’un pharmacien porte plainte cela se sait. », note-t-il. Yorick Berger et la FSPF sont d’ailleurs en train d’œuvrer pour la mise en place d’un « dépôt de plainte facilité » pour les pharmaciens. « Se rendre au commissariat c’est souvent la double peine : nous avons été volés ou agressés et nous-même ou nos équipes perdons du temps et de l’énergie », note-t-il.

Une loi permettant de sanctionner plus durement les agressions contre les soignants

Le 14 mars dernier, l’Assemblée nationale a adopté un texte porté par le député Philippe Pradal et plusieurs de ses collègues Horizons et apparentés permettant d’alourdir les peines en cas d’agression contre un soignant. Ainsi en cas d’incapacité totale de travail (ITT) de plus de 8 jours d’un personnel, l’agresseur risquera par exemple jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende. La loi crée également un outrage spécifique pour toutes les insultes visant tous les professionnels de santé hospitaliers, cliniciens, travaillant dans un Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), en libéral dans un cabinet, un centre de santé, dans une pharmacie ou un laboratoire. Il sera puni d’une amende maximale de 7 500 €.

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