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Pourquoi participer au dépistage du cancer colorectal ?

Publié le 30 août 2022
Par Magali Clausener
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Depuis le 7 mai, les pharmaciens peuvent délivrer aux patients éligibles des kits de dépistage du cancer colorectal. Une nouvelle mission qui vise à booster le taux de participation.

Pourquoi le dépistage du cancer colorectal est-il important ?

Chaque année, ce cancer touche plus de 43 000 personnes et cause 17 000 décès en France. C’est le troisième cancer le plus fréquent et le deuxième en termes de mortalité. Dans plus de 80 % des cas, il provient d’une tumeur bénigne, ou polype, qui évolue lentement et finit par devenir cancéreuse. D’où l’importance d’un dépistage régulier et précoce. Le programme national de dépistage organisé du cancer colorectal prévoit la réalisation d’un test de recherche de sang occulte dans les selles tous les deux ans, entre 50 et 74 ans, près de 95 % de ces cancers colorectaux étant diagnostiqués après 50 ans.

Pour quelle raison les pharmacies sont-elles sollicitées ?

En France, le taux de participation au dépistage du cancer colorectal atteint seulement 34,6 %, alors que l’objectif minimum en Europe est de 45 %. Afin d’augmenter ce taux, les pharmaciens, titulaires et adjoints, sont autorisés, depuis le 7 mai, à remettre un kit de dépistage aux patients éligibles. Cette nouvelle mission est inscrite dans la convention pharmaceutique signée le 9 mars dernier. Jusque-là, ces kits étaient uniquement délivrés par les médecins traitants ou par commande en ligne via un site de l’Assurance maladie.

Cette mission est rémunérée 5 € TTC jusqu’au 31 décembre 2023, puis 3 € TTC à partir du 1er janvier 2024, auxquels viendront s’ajouter 2 € TTC si le patient réalise le test à la suite de la remise du kit par le pharmacien.

Quelles sont les personnes éligibles ?

Toutes les personnes de 50 à 74 ans sont concernées par le dépistage du cancer colorectal, sous réserve qu’elles soient éligibles, notamment qu’elles n’aient pas réalisé de test depuis deux ans et ne présentent pas un risque élevé ou très élevé de développer un tel cancer, par exemple des antécédents familiaux avant l’âge de 65 ans ou une maladie de Crohn.

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En quoi consiste le rôle du pharmacien, titulaire ou adjoint ?

Le titulaire, ou un adjoint, peut remettre un kit de dépistage à toute personne âgée de 50 à 74 ans si elle éligible. Un auto-questionnaire, mis à disposition par l’Institut national du cancer (Inca), permet aux patients de vérifier s’ils remplissent les conditions d’éligibilité. La remise du kit concerne également les personnes ayant reçu un courrier de l’Assurance maladie les invitant à se faire dépister.

Le pharmacien informe la personne éligible de l’intérêt et des limites du dépistage, ainsi que de la conduite à tenir en cas de résultat positif. Il doit expliquer ce que comprend le kit et la procédure pour réaliser le test. Il remplit la fiche d’identification contenue dans le kit et colle l’étiquette sur le fiacon de prélèvement ; charge ensuite au patient d’indiquer la date où il aura fait son prélèvement. Le pharmacien doit prévenir le médecin traitant ou le praticien indiqué par le patient de la remise du kit. Après la délivrance du kit, le pharmacien vérifie, lorsque le patient revient, que celui-ci a bien effectué le test. S’il ne l’a pas fait, il lui rappelle l’importance du dépistage.

Les pharmaciens doivent-ils se former ?

La délivrance des kits est conditionnée à la validation d’une formation. Ce sont les Centres régionaux de coordination des dépistages des cancers (CRCDC) qui organisent ces formations destinées aux titulaires et adjoints. Celles-ci, en ligne ou en présentiel, durent de deux à quatre heures. Elles expliquent le contenu du kit et les modalités de réalisation du test. Après avoir entériné sa formation, le pharmacien reçoit une attestation. Certaines formations, comme celle des CRCDC Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, s’intègrent dans le dispositif du Développement professionnel continu (DPC) des pharmaciens.

Comment les préparateurs sont-ils impliqués ?

Si les préparateurs ne sont pas autorisés à remettre les kits de dépistage, ils peuvent orienter les patients éligibles vers le pharmacien. D’où l’intérêt pour le titulaire d’informer son équipe sur les enjeux du dépistage et les critères d’éligibilité des personnes, voire de transmettre des éléments de la formation qu’il a suivie.

NOS EXPERTS INTERROGÉS

→ Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).

→ L’Institut national du cancer (Inca).

→ Centres régionaux de coordination des dépistages des cancers (CRCDC).

→ L’Assurance maladie.

Repères

→ 2002-2007 : phase pilote du programme national de dépistage organisé du cancer colorectal dans vingt-trois départements.

→ 2008 : généralisation du programme.

→ Fin 2009 : le programme couvre l’ensemble du territoire français, à l’exception de Mayotte, qui devient un département français en 2011.