« Le pharmacien est le meilleur pivot pour réaliser de la téléconsultation »
Après plus de deux ans de pandémie, la téléconsultation s’est imposée comme l’alternative la plus efficace à la consultation en cabinet pour maintenir une offre de soins des maux de santé au quotidien. Nathaniel Bern, l’un des cofondateurs de Medadom, se réjouit de constater que l’habitude est prise, tant par les patients, que par les professionnels de santé.
PM Pouvez-vous détailler votre offre aujourd’hui ?
NB Medadom est un acteur majeur de la téléconsultation médicale en France. Nous disposons de deux solutions : d’un côté, un service de téléconsultation médicale sur site web ou application mobile et, de l’autre, un dispositif de bornes et de cabines de téléconsultation connectées que nous déployons sur tout le territoire, principalement dans les pharmacies et les mairies. Notre proposition de valeur, c’est de pouvoir consulter un médecin en ligne, sans rendez-vous, dans un délai moyen de dix minutes.
PM Quel est le coût pour le pharmacien ?
NB Le prix catalogue est de 219 € par mois (pendant 36 mois) pour une borne et de 490 € par mois (pendant 48 mois) pour une cabine. À partir de là, il y a des tarifs préférentiels pour les pharmaciens affiliés à un groupement partenaire. Au-delà du matériel, ce coût couvre également la configuration, la formation de l’équipe officinale et l’accompagnement…
PM La crise sanitaire a-t-elle eu un impact positif sur vos activités ?
NB Absolument, les pouvoirs publics ayant beaucoup œuvré pour le recours à la téléconsultation. Pendant le premier confinement, le nombre de téléconsultations via Medadom a été multiplié par dix. Et depuis, nous enregistrons une croissance mensuelle à deux chiffres. C’est un essor sans précédent ! Avec la crise sanitaire, nous avons gagné quelques années dans le déploiement de la téléconsultation en France. Ce dispositif a trouvé un écho favorable du côté des patients. Ils ont trouvé dans la téléconsultation un moyen d’accès aux soins plus simple que d’aller chez le médecin et d’attendre parfois des semaines avant de pouvoir le consulter. Ainsi, nous répondons à un besoin de soins immédiat, à caractère non urgent, dans le domaine de la médecine générale.
PM Et du côté des professionnels de santé ?
NB Beaucoup de médecins se sont convertis du jour au lendemain à la téléconsultation : soit parce qu’ils n’avaient pas le choix (leur cabinet était fermé), soit parce qu’il était temps de s’y mettre ! Certains ont d’ailleurs pérennisé ce mode de travail dans leur activité quotidienne. On compte aujourd’hui plus de 250 médecins qui assurent des téléconsultations. C’est leur façon de télétravailler ! Ce dispositif leur apporte une flexibilité temporelle et géographique extraordinaire. Et en étant exonérés de tout le volet administratif, ils peuvent se recentrer sur la partie médicale. D’un point de vue innovation, c’est aussi la possibilité pour eux de prendre en charge des patients qui se trouvent dans des déserts médicaux et de les ausculter à distance avec des objets connectés.
PM Pensez-vous répondre aux enjeux de santé publique de la désertification médicale ?
NB Medadom n’est pas la seule solution, ça serait trop beau ! Mais, nous apportons clairement une solution de soins de proximité aux patients qui habitent dans des zones sans médecin ou dans des zones d’intervention prioritaires. Tel est d’ailleurs le cas pour la moitié des utilisateurs de nos dispositifs. Et quand on voit que les urgences sont déjà saturées, on se dit que notre proposition peut également avoir un intérêt…
PM Vous avez signé un partenariat avec des groupements, tels Aprium et Leadersanté… Le circuit des pharmacies est-il prioritaire pour vous ?
NB Oui. Nous sommes présents aujourd’hui dans 2 200 officines à travers plus de 60 groupements partenaires. Cela nous permet d’accélérer le déploiement de notre dispositif, car les adhérents de nos groupements partenaires bénéficient d’offres préférentielles. Medadom est impliqué dans la vie du groupement d’officines : on participe à leur salon, on va à la rencontre des adhérents…
PM Comment vos services aident-ils les pharmaciens à renforcer l’interprofessionnalité ?
NB La téléconsultation en officine permet au pharmacien d’être innovant et de bénéficier naturellement d’un apport de patientèle avec ordonnances. En effet, après une téléconsultation en officine, le patient se fait délivrer logiquement ses médicaments dans la pharmacie. La téléconsultation est une nouvelle bride du métier de pharmacien, tout comme la vaccination, la prescription de certains médicaments, les entretiens pharmaceutiques… Le pharmacien est aujourd’hui le meilleur pivot pour réaliser de la téléconsultation, car il est le contact le plus proche des patients, voire le référent dans certaines zones.
PM Pourriez-vous vous installer en grandes et moyennes surfaces ?
NB Non, ce n’est pas envisagé. Nous avons réaffirmé notre engagement auprès des pharmaciens à travers des partenariats. Notre credo est de nous installer dans un environnement médicalisé, majoritairement en pharmacies, dans des centres de santé, des cabinets médicaux, des cabinets d’infirmières… Nous sommes actuellement en test dans une vingtaine de maisons France service. Et nous couvrons également une centaine de mairies (ce qui implique la formation d’un référent médical) sur un total de 36 000 en France. Notre potentiel de croissance est donc énorme !
COFONDATEUR DE MEDADOM
BIO EXPRESS
→ 2011-2015
École Polytechnique.
→ 2015-2017
Data scientist chez Axa.
→ 2017
Création de Medadom avec Elie-Dan et Charles Mimouni.
→ Juillet 2020
Levée de fonds de 40 M€ pour que Medadom développe la télémédecine et l’accès aux soins pour tous.
- L’IA au service des pharmaciens : un levier contre la fraude aux ordonnances ?
- « Non, monsieur Leclerc, les pharmaciens ne sont pas des nuls ! »
- [VIDÉO] Médicaments : on vous livre cette idée…
- Sante.fr : l’outil de référence pour faire connaître ses services aux patients
- Campagnes publicitaires de médicaments OTC et des produits de parapharmacie
- Prophylaxie pré-exposition au VIH : dis, quand reviendra-t-elle ?
- Financement des officines : 4 solutions vertueuses… ou pas
- Prescriptions, consultations : les compétences des infirmiers sur le point de s’élargir
- Dispensation à l’unité : chassez-la par la porte, elle revient par la fenêtre
- Quelles populations sont actuellement à risque de développer un scorbut ?

