Médicaments chers : ça coince sur la vérification des ordonnances

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Médicaments chers : ça coince sur la vérification des ordonnances

Publié le 9 septembre 2022
Par Francois Pouzaud
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C’est inscrit dans la nouvelle convention : le pharmacien sera chargé de vérifier l’authenticité des prescriptions de médicaments onéreux (de plus de 300 € prix public TTC). Mais avec quels outils ? Les discussions sont ouvertes.

La nouvelle convention nationale pharmaceutique prévoit la vérification par le pharmacien de l’authenticité des prescriptions de médicaments onéreux (de plus de 300 € prix public TTC), afin de lutter contre les fraudes et les trafics organisés, et garantir la sécurité de la médication. Les modalités définitives et le périmètre du dispositif de cette nouvelle mission du pharmacien feront l’objet, selon les termes de la convention, d’une concertation associant notamment les syndicats pharmaceutiques, les représentants des associations de patients et les syndicats de médecins.

Des réunions bilatérales avec l’Assurance maladie ont déjà eu lieu et pour la première fois, jeudi 8 septembre, les acteurs de cette concertation étaient tous réunis dans les locaux de l’Assurance maladie avec pour objectif d’aboutir à la sécurisation des ordonnances pour éviter celles falsifiées, tout en assurant au patient l’accès à ses traitements onéreux et en garantissant la continuité des soins.

Lors de cette réunion, « l’Assurance maladie nous a présenté toute une panoplie de solutions qui reprennent en partie celles discutées lors des réunions bilatérales. Elles visent la première présentation d’ordonnance de patients inconnus de l’officine, les patients connus constituant un gage de confiance », rapporte Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Ces ordonnances de patients inconnus représenteraient une trentaine de délivrances par an et par officine en moyenne.

« Ces solutions relèvent du bon sens comme l’appel du médecin quand c’est possible, la concordance entre la spécialité du prescripteur et les médicaments prescrits, la vérification de l’authenticité de l’ordonnance en consultant l’historique des prescriptions et si elle est jugée comme frauduleuse, un book répertoriant ce type d’ordonnances accessible en ligne », détaille Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). 

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Allô, le médecin hospitalier ?

Parmi la dizaine de mesures présentées et qui seront consignées dans un mémorandum rédigé par l’Assurance maladie, l’une constitue un point de désaccord avec les syndicats pharmaceutiques. « L’Assurance maladie souhaite que le pharmacien contacte le prescripteur en cas de doute sur l’authenticité de l’ordonnance, or les ordonnances frauduleuses proviennent essentiellement de l’hôpital et le médecin hospitalier est injoignable », objecte Philippe Besset. En attendant la généralisation de l’e-prescription qui deviendra obligatoire d’ici fin 2024, y compris à l’hôpital, le président de la FSPF porte une proposition alternative : « S’il y a un doute, le pharmacien ne doit pas s’engager à dire qu’il a vérifié l’ordonnance, il délivre alors au patient la quantité minimale de médicament, soit le plus petit conditionnement existant, et signale au contrôle médical de la caisse que l’ordonnance qui lui a été adressée est douteuse. »

Autre point de friction : l’entretien confraternel avec le pharmacien conseil de la Sécurité sociale, un auxiliaire précieux pour la pharmacie car il a une vue sur l’historique des prescriptions du patient. « Il était question de pouvoir lui envoyer un mail en cas d’ordonnance douteuse et d’avoir une réponse sous 15 jours comme pour une demande d’entente préalable, mais cette solution ne nous a pas été confirmée lors de  la réunion »,  déplore Pierre-Olivier Variot.

Une autre réunion de concertation est prévue avant la fin du mois de septembre (date butoir prévue dans la convention), avec l’obligation d’aboutir à des modalités applicables pour les pharmaciens.

Dans tous les cas, il n’y aura pas de rémunération pour cette mission.