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Monkeypox : payer plus pour vacciner plus

Publié le 17 septembre 2022
Par Francois Pouzaud
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L’expérimentation de la vaccination contre la variole du singe (monkeypox) en officine a été étendue à plusieurs régions. Pas assez, selon les acteurs de l’opération, qui estiment par ailleurs la mobilisation des pharmaciens insuffisamment rémunérée.

Les pharmaciens ont été autorisés, à titre expérimental, à vacciner contre la variole du singe (virus monkey­pox). Depuis le 10 août, cinq pharmacies sont impliquées dans la démarche : 1 dans les Hauts-de-France à Lille (Nord), 2 en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) à M­arseil­l­e­ (Bouches-du-Rhône) et à Fréjus (Var), 2 à Paris. « Les pharmacies de Marseille et de Fréjus ont eu de très bons retours des patients vaccinés en officine au vu des réponses au questionnaire d’évaluation mis en place », rapporte Félicia Bibas-Ferrera, présidente de l’union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), à la suite d’une réunion organisée en visioconférence avec les pharmaciens concernés.

L’organisation a été différente de celle de la vaccination contre la grippe et le Covid-19 et la logistique plus complexe. Toutefois, la rémunération octroyée (9,61 €) n’est pas à la mesure du temps passé, ni des moyens mis en œuvre, estime la pharmacienne. « Il s’agit ici d’une prise en charge très spécifique qui demande une très grande discrétion de la part de l’équipe, qui nécessite avant l’injection un entretien de santé sexuelle car il faut s’assurer de l’éligibilité du patient qui s’autodéclare patient cible », explique-t-elle. Tout cela en un quart d’heure, alors que la rétribution du pharmacien ne prend pas en compte le travail lié à la commande, à la facturation et à la traçabilité. « Aussi, plus que le temps ou les moyens, il faut avoir la motivation car le pharmacien n’est pas payé à sa juste valeur », ajoute-t-elle.

Président de l’URPS pharmaciens d’Ile-de-France, Renaud Nadjahi s’élève contre la faiblesse de cette rémunération : « Nous avons demandé à être rémunérés à la hauteur de la consultation des sages-femmes lorsqu’elles donnent des formations, soit entre 45 et 46 € à la première injection, mais cela nous a été refusé. »

Dans le cadre de l’élargissement de cette vaccination, limité pour l’instant à une trentaine d’officines sélectionnées par sept agences régionales de santé (ARS Paca, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, Pays-de-Loire, Bretagne, Hauts-de-France et Ile-de-France), Félicia Bibas-Ferrera annonce que l’URPS Paca fera l’avance des frais de 500 € nécessaires à la mise en place des rendez-vous sur le site Doctolib, tout en espérant une prise en charge dans un second temps par l’ARS.

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Un arrêté pour étendre le dispositif

La profession fonde aussi beaucoup d’espoir sur la publication d’un arrêté autorisant les directeurs généraux des ARS à désigner des pharmacies supplémentaires pour cette vaccination. Grégory Tempremant, président de l’URPS pharmaciens des Hauts-de-France, reproche le manque d’ambition du ministère de la Santé qui n’a pas souhaité s’appuyer sur l’intégralité du maillage des officines et regrette que sept régions, seulement, aient joué le jeu. « Le motif invoqué par le ministère est que les besoins sont couverts dans les autres régions par les centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd) et d’autres centres de vaccination, explique-t-il. Le Cegidd de Lille vaccine bien, mais il ne peut capter tous les patients éligibles qui préféreront aller se faire vacciner en officine. » Néanmoins, l’arrêté devrait permettre un assouplissement et à d’autres ARS de rentrer dans le dispositif. « Ce sera mis entre les mains des ARS en fonction de l’approvisionnement et de la logistique », confirme Renaud Nadjahi. Il annonce que 2 pharmacies supplémentaires seront désignées pour la vaccination dans Paris intramuros et 1 ou 2 autres dans les départements de la grande couronne (Yvelines, Val-d’Oise, Seine-et-Marne et peut-être le Val-de-Marne dans un premier temps). Et dans les 6 autres régions, il y aura 9 officines en plus pour sa mise en place en Occitanie, 5 en Paca, 5 en Bretagne, 5 en Nouvelle-Aquitaine, 2 en Pays de la Loire et 6 en Hauts-de-France.