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L’interruption volontaire de grossesse (IVG)
Toute femme qui désire interrompre une grossesse peut demander son interruption avant la fin de la 14e semaine de grossesse, soit 16 semaines d’aménorrhée. Selon l’avancée de la grossesse, l’IVG se fait par voie médicamenteuse et/ou instrumentale.
Le contexte
Définition
• L’interruption volontaire de grossesse (IVG), ou avortement, est un acte médical permettant à une femme, quel que soit son âge, de mettre fin à une grossesse non désirée, à condition que cette demande puisse se faire dans les délais légaux. Elle peut être effectuée par voie médicamenteuse ou par voie instrumentale, dite aussi chirurgicale.
• Une interruption de grossesse peut être autorisée pour un motif médical tel qu’une malformation fœtale sévère, une pathologie grave de la mère, quel que soit le terme. C’est une interruption médicale de grossesse, non abordée dans ces pages.
Par qui et où ?
• En France, une IVG peut être réalisée par un médecin, généraliste ou gynécologue, ou une sage-femme (voir encadré Les points clés de l’IVG p. 47). Ces praticiens sont formés et habilités à pratiquer l’une ou l’autre de ces méthodes, ou les deux.
• Le lieu de réalisation de l’IVG peut varier selon la méthode retenue.
→ L’IVG médicamenteuse peut être menée par un médecin ou une sage-femme exerçant en libéral ou en établissement de santé (hôpital, clinique) ou en centre de santé sexuelle/centre de planification et d’éducation familiale (CPEF).
→ L’IVG instrumentale est obligatoirement réalisée dans un établissement médicalisé, hôpital ou clinique, ou parfois dans des centres de santé habilités à cette pratique, et à ce jour – 10 septembre 2022 –, par un médecin uniquement.
• Le praticien exerçant en libéral ou le centre de santé dans lequel il travaille doit avoir signé une convention avec un établissement de santé prêt à accueillir les patientes si besoin, de jour comme de nuit.
Quels sont les délais ?
Ils diffèrent selon la méthode pratiquée.
• L’IVG par voie médicamenteuse peut être réalisée jusqu’à sept semaines de grossesse, soit neuf semaines d’aménorrhée (SA, voir encadré p. 44).
• L’IVG instrumentale peut être pratiquée jusqu’à la fin de la quatorzième semaine de grossesse, soit seize semaines d’aménorrhée. Ainsi, jusqu’à 9 SA, les femmes ont le choix entre les deux méthodes. « Cependant, attention, tous les médecins exerçant en libéral et toutes les structures réalisant des IVG, y compris les cliniques et les hôpitaux, ne proposent pas les deux », note le Dr Laurence Danjou, gynécologue à Paris et coprésidente de l’Association nationale des centres d’IVG et de contraception (Ancic). Il est donc important que les femmes se renseignent au plus tôt pour pouvoir être rapidement redirigées vers la méthode souhaitée si nécessaire.
• Au moins 2 000 femmes se rendraient chaque année à l’étranger pour y avorter car elles ont dépassé le délai légal en France(1). Les causes sont rarement les délais de prise en charge, relativement rapides, mais plutôt des situations multiples. Certaines femmes ont des cycles irréguliers ou des règles en début de grossesse, d’autres sont sous contraceptifs, certaines se trouvent en situation de grande précarité et éloignées des parcours de soins. Parfois, l’IVG est liée à un contexte de violence, qui isole.
Consultation(s) préalable(s) à l’IVGI
Information et recueil du consentement
Une ou deux consultations préalables à la réalisation de l’IVG sont requises afin de transmettre les informations nécessaires et de recueillir le consentement de la patiente. En pratique, elles sont souvent regroupées en une seule depuis janvier 2016.
Information et datation de la grossesse• La date de début de grossesse est estimée en se basant sur la survenue des dernières règles, l’examen clinique, un dosage de bêta-hCG plasmatique, l’hormone chorionique plasmatique (voir interview p. 45), et souvent, une échographie. Le praticien recherche des contre-indications à une IVG médicamenteuse ou des situations pouvant déconseiller sa réalisation à domicile : difficultés de compréhension de la méthode, absence d’un membre de l’entourage susceptible de porter assistance au besoin dans les heures/jours suivant la prise du misoprostol, délai pour se rendre dans l’établissement de santé considéré trop long, en général supérieur à une heure.
• Un temps d’écoute et d’échange permet d’indiquer les avantages et inconvénients des deux méthodes et leur déroulé. « Il n’y a pas une technique meilleure que l’autre. Chaque femme doit pouvoir choisir avec l’aide du médecin celle qui lui conviendra le mieux si elle est dans les délais », explique le Dr Danjou. Il est toutefois précisé le risque d’échec un peu plus important de la méthode médicamenteuse et la nécessité, si la grossesse se poursuit, de réaliser une IVG instrumentale.
• La détermination du groupe sanguin de la femme est demandée s’il est inconnu, afin de prévenir l’incompatibilité rhésus (voir Dico+).
• Le choix d’une contraception post-IVG est discuté puisqu’une grossesse est possible dès le mois qui suit l’avortement. Selon les situations, une information sur les infections sexuellement transmissibles (IST) et leur dépistage est transmise.
Recueil du consentementLa femme confirme par écrit sa demande et le choix de la méthode. Un dossier-guide sur l’IVG lui est remis, téléchargeable sur ivg.gouv.fr et les autres sites d’information sur l’IVG, ainsi que les numéros de téléphone à contacter et les coordonnées de l’établissement de santé si une IVG médicamenteuse à domicile a été retenue.
Entretien psychosocial
Systématiquement proposé, cet entretien n’est obligatoire que pour les mineures. Il est réalisé par des professionnels qualifiés dans l’accompagnement et l’identification de difficultés psychosociales : conseillère conjugale, assistante sociale…
Déroulé de l’IVGI
Par voie médicamenteuse
• La méthode repose sur la prise successive de deux médicaments, la mifépristone puis le misoprostol à 24/48 heures d’intervalle. L’expulsion a lieu le plus souvent dans les heures suivant la prise du misoprostol (voir Conseils p. 47). La patiente peut opter pour une prise des médicaments à domicile ou en établissement de santé.
→ Au domicile. À l’issue de la consultation pré-IVG, le comprimé de mifépristone peut être pris en présence du praticien et le comprimé de misoprostol est donné pour une prise à domicile. La patiente peut, en concertation avec le professionnel de santé, prendre les deux à son domicile et débuter l’IVG à la date qui lui convient, ce qui est dans tous les cas réalisé si les médicaments sont délivrés à la pharmacie après une téléconsultation. « Il serait souhaitable que la date limite de réalisation de l’IVG – respectant les 9 SA – figure sur l’ordonnance afin que l’officinal soit informé et alerte sur le respect de ce délai impératif à la réussite et à la sécurité de la méthode ».
→ En établissement de santé. Les prises sont programmées et se font dans l’établissement de santé, ce qui rassure les femmes ne souhaitant pas être seules au moment de l’avortement. « Néanmoins, la patiente n’étant gardée que quelques heures après la prise du misoprostol, il arrive que l’avortement ait lieu une fois qu’elle est rentrée chez elle », indique l’experte.
• Une ordonnance de prise en charge des douleurs pelviennes est systématiquement remise à la patiente.
Par voie instrumentale
• L’IVG est réalisée en ambulatoire sous anesthésie locale dans un établissement de santé ou certains centres de santé, ou sous anesthésie générale à l’hôpital ou en clinique, ce qui nécessite une consultation pré-anesthésie avant. L’intervention, d’une durée de dix à quinze minutes, consiste en l’évacuation du contenu utérin par aspiration. Au préalable, la dilatation du col est assurée par la prise quelques heures avant de misoprostol ou de mifépristone.
• Après l’intervention, la patiente est gardée quelques heures en surveillance.
Complications
• Très rares. La survenue d’une hémorragie, plus fréquente après une IVG médicamenteuse, est de l’ordre de 1 % des cas. Elle doit conduire à une aspiration instrumentale en urgence. Le risque infectieux est très rare et la perforation utérine lors d’une IVG instrumentale, exceptionnelle.
• Quelle que soit la technique, l’IVG n’est pas associée à une augmentation du risque d’infertilité ultérieure ou de fausses couches ou de grossesses extra-utérines, ou encore d’accouchements prématurés.
• La prévention de l’incompatibilité rhésus est préconisée systématiquement chez toutes les femmes rhésus négatif par une injection d’immunoglobulines anti-D (Rophylac), réalisée au plus tard dans les 72 heures suivant les saignements ou lors de la prise de mifépristone.
Consultation de suivi
• Programmée entre le 14e et le 21e jour post-IVG, la consultation de suivi permet au praticien de s’assurer du bon déroulé de la technique, du vécu et du ressenti de la patiente. La réussite est validée par un dosage sanguin d’hCG quinze jours après la prise de misoprostol. Un examen clinique, voire une échographie, vérifie le cas échéant l’expulsion complète.
• En cas d’échec de l’IVG médicamenteuse (< 2 % des cas si protocole bien suivi), une aspiration endo-utérine est nécessaire. Si la patiente désire poursuivre la grossesse, elle est informée du risque tératogène lié à la prise du misoprostol.
• La visite obligatoire de suivi permet aussi de proposer à nouveau si besoin un entretien psychosocial, et de vérifier qu’une contraception a bien été mise en place.
Contraception post-IVG
Elle doit être instaurée rapidement car une grossesse est possible dans le mois qui suit la réalisation de l’IVG.
• Estroprogestatifs (pilule, patch) et progestatifs (pilule, implant, injection intramusculaire) peuvent être débutés le jour même ou le lendemain de l’aspiration – pour une IVG instrumentale – ou de la prise de la prostaglandine – pour une IVG médicamenteuse. L’anneau vaginal peut être plus compliqué d’utilisation compte tenu des métrorragies (= saignements survenant en dehors des règles).
• Dispositif intra-utérin (DIU) au cuivre ou au lévonorgestrel : il peut être installé au décours de l’IVG instrumentale ou être posé lors de la visite de contrôle après une IVG médicamenteuse.
• Méthodes barrières. Le préservatif masculin ou féminin est utilisable juste après l’IVG mais certaines méthodes, du fait de l’importance des saignements, sont à discuter au cours du mois suivant l’IVG : spermicide, diaphragme, cape cervicale. Il faut rappeler que le taux d’échec de ces méthodes est plus élevé que la contraception hormonale ou le DIU, et que le préservatif est la seule méthode de contraception protégeant des infections sexuellement transmissibles.
L’IVG médicamenteuse
Stratégie thérapeutique
• L’IVG médicamenteuse repose sur la prise successive d’une molécule antiprogestérone, la mifépristone, qui prépare le col utérin, puis 24 à 48 heures plus tard d’un analogue de la prostaglandine, le misoprostol, qui induit les contractions utérines.
• Les protocoles médicamenteux concernant les dosages et les voies d’administration des molécules diffèrent selon l’âge de la grossesse. Ils ont été définis par la Haute Autorité de santé (HAS) en 2021. Cette dernière recommande de ne plus utiliser le géméprost (Cervageme par voie vaginale, voir Info+), autre analogue de la prostaglandine, compte tenu de ses effets indésirables, dont notamment des douleurs abdomino-pelviennes plus intenses.
Grossesse de moins de 7 SA
Deux séquences de traitement sont possibles, au choix du praticien (voir infographie p. 43). La prise hors AMM de la prostaglandine, c’est-à-dire par voie transmuqueuse orale ou sublinguale, avec une dose réduite de mifépristone, est associée à une efficacité et une sécurité d’emploi identiques à une prise orale classique.
Grossesse de 7 à 9 SA
Une seule séquence médicamenteuse est recommandée, hors AMM. Le misoprostol, administré par voie transmuqueuse orale ou sublinguale, présente une efficacité comparable à la voie vaginale qui était parfois utilisée également hors AMM.
Traitement symptomatique
• Un traitement antalgique est justifié pour prendre en charge les douleurs pelviennes. Il repose sur la prise d’antalgiques de palier 1, type anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), et palier 2 tels que codéine, paracétamol + opium, tramadol. Le paracétamol et le phloroglucinol, insuffisants pour soulager les douleurs, ne sont pas recommandés.
• Un antiémétique, type dompéridone, métopimazine, est parfois prescrit afin de limiter les nausées et vomissements transitoires pouvant survenir sous misoprostol.
Médicaments
Mifépristone
• Mode d’action : stéroïde de synthèse exerçant une action antiprogestative par compétition avec la progestérone au niveau de ses récepteurs. Elle facilite notamment la dilatation et l’ouverture du col utérin.
• Effets indésirables : peu sont attendus en dehors de saignements qui peuvent débuter.
Misoprostol
• Mode d’action : analogue synthétique de la prostaglandine E1 induisant une contraction du muscle utérin, mais aussi des muscles lisses intestinaux, et un relâchement du col utérin facilitant son ouverture et l’expulsion du sac gestationnel.
• Effets indésirables. Nausées, vomissements, diarrhées… liés au misoprostol sont fréquents. Les autres effets indésirables les plus rencontrés sont liés au déroulement de l’avortement : contractions utérines dans les heures suivant la prise, saignements vaginaux parfois abondants et/ou prolongés. Des signes généraux sont possibles : maux de tête, malaise, rarement frissons et fièvre, voire infection consécutive à l’IVG. Enfin, sont rapportés avec une fréquence indéterminée des réactions d’hypersensibilité et des accidents cardiovasculaires graves, potentiellement mortels (infarctus du myocarde, spasmes coronariens, AVC), surtout avec des doses élevées. Si la grossesse se poursuit, le misoprostol expose à des malformations fœtales : anomalies cérébrales, des membres…
Législation des traitements IVG
Prescription et délivrance
• Par qui ? La mifépristone et le misoprostol peuvent être prescrits par un médecin ou une sage-femme exerçant en libéral, un centre de santé sexuelle/centre de planification et d’éducation familiale ou un centre de santé ayant conclu une convention avec un établissement de santé.
• Pour qui ?
→ Commande à usage professionnel. Elle doit comporter les mentions suivantes : « usage professionnel », date, nom, qualité, numéro d’inscription à l’Ordre, adresse et signature du praticien, nom des médicaments et nombre de boîtes commandées, nom de l’établissement de santé avec lequel le praticien a conclu une convention et la date de cette convention.
→ Pour une patiente. Dans le cadre d’une téléconsultation, le prescripteur transmet l’ordonnance à la pharmacie désignée par la patiente par messagerie sécurisée ou autre moyen garantissant la confidentialité. Outre les mentions habituelles (nom, qualité du prescripteur, date…), elle doit comporter : nom, dosage, posologie et voie d’administration des médicaments, nom de l’établissement de santé avec lequel a été conclue la convention et la date de celle-ci. Dans le cadre d’une IVG aux 8e et 9e SA, le praticien doit aussi indiquer : « Prescription au titre d’un accès compassionnel en dehors du cadre d’une AMM ».
Facturation
Les médicaments sont délivrés sans frais pour la patiente et de façon anonyme, selon un modèle similaire à celui de la contraception aux jeunes filles mineures. Renseignez le NIR anonyme spécifique « IVG » 2 55 55 55 + code caisse + 030 ; date de naissance fictive : 01.01.2014 ; code exonération EXO 3. Établir la facture en télétransmission Sesam sans carte Vitale.
Les conseils aux patientes
Observance
Médicaments de l’IVG
• L’efficacité de l’IVG médicamenteuse est liée au respect des posologies et du délai entre la prise de l’antiprogestérone et de la prostaglandine. La délivrance des traitements symptomatiques que la patiente vient récupérer à la pharmacie est l’occasion de vérifier la bonne compréhension des modalités de prise : de 24 à 48 heures d’intervalle entre les deux traitements, en respectant la date indiquée par le médecin pour ne pas dépasser les délais légaux.
• Prise indispensable du misoprostol. Même si des saignements débutent après la prise du premier comprimé, ils ne signifient pas que la grossesse a été interrompue. C’est la prise du deuxième comprimé qui déclenche les contractions et l’expulsion. La prise se fait par voie sublinguale ou jugale ; dans ce dernier cas, le comprimé fond entre l’arcade dentaire supérieure et la face interne de la joue.
• En cas de vomissements moins de 30 minutes après la prise du misoprostol, contacter le prescripteur car l’efficacité du médicament est compromise.
• Vérifier qu’un proche sera présent dans les heures suivant la prise du misoprostol et susceptible de contacter au besoin le prescripteur ou de conduire la patiente dans l’établissement de santé indiqué.
Traitements symptomatiques
• Les antiémétiques sont généralement conseillés de 20 à 30 minutes avant l’administration prévue du misoprostol.
• Une prise « anticipée » des antalgiques est par ailleurs recommandée. Les prescripteurs préconisent généralement de les débuter en même temps que la prise du misoprostol. À poursuivre ensuite dans le respect des posologies prescrites à intervalle réguliers, sans attendre que les douleurs se réinstallent.
Rappeler à quoi s’attendre
Rassurer dans tous les casLes complications de l’IVG sont exceptionnelles. Des recommandations de prudence sont données pour prévenir tout risque d’infection, le col utérin étant dilaté. Préférer les serviettes hygiéniques aux tampons. Éviter bains et piscine tant que durent les saignements.
Douleurs abdominales et saignements• Les douleurs abdomino-pelviennes et les saignements, plus abondants que les règles, sont normaux. Ils sont consécutifs à l’IVG. Les douleurs peuvent durer de quelques heures à deux ou trois jours. Certaines femmes prévoient de prendre le misoprostol en début de week-end pour éviter un arrêt de travail. Les saignements peuvent être plus importants après une IVG médicamenteuse et perdurer une dizaine de jours, voire plus.
• En cas d’IVG médicamenteuse, l’expulsion a lieu le plus souvent dans les quatre heures qui suivent la prise du misoprostol mais elle peut parfois survenir plus tardivement. « L’absence de saignements après 48 heures fait craindre un échec et nécessite de consulter », indique le Dr Danjou.
Autres symptômes et craintes
• En cas d’IVG médicamenteuse, des nausées sont possibles durant quelques heures, voire des vomissements ou des diarrhées et des maux de tête. Une poussée de fièvre ne doit pas inquiéter si elle ne dure que quelques heures.
• Il est rare de « voir quelque chose » mais c’est possible entre sept et neuf semaines d’aménorrhée car l’embryon mesure alors quelques centimètres.
Les signes qui doivent alerter
Une fièvre supérieure à 38 °C se prolongeant ou apparaissant dans les jours qui suivent l’avortement, ou de fortes douleurs abdominales malgré la prise d’antalgiques doivent conduire à consulter le praticien ou l’établissement de santé. De même, en cas de saignements importants correspondant à la nécessité de changer de serviette hygiénique très absorbante toutes les 30 minutes plus de deux heures de suite.
Vie quotidienne
Après l’IVG
• Visite de suivi. Elle est importante et obligatoire en cas d’IVG médicamenteuse, en particulier pour contrôler la réussite de l’intervention.
• Contraception. Une grossesse est possible dans le mois qui suit l’IVG. Si un contraceptif hormonal est retenu, le débuter au plus tard dans les 48 heures suivant la prise du misoprostol. Si le choix se porte sur un dispositif intra-utérin (DIU), au cuivre ou avec progestérone, il peut être posé le jour de l’IVG chirurgicale ou lors de la visite de suivi en cas d’IVG médicamenteuse.
• Anticiper les échecs : s’assurer de la bonne compréhension de la méthode (patch, anneau…) et remettre la brochure « Que faire en cas d’oubli de pilule ? », téléchargeable sur le site du Cespharm (cespharm.fr).
• Impact psychologique. Si chaque femme majeure ou mineure peut décider seule d’avorter, sans l’autorisation des parents pour les mineures, ou du partenaire, il est important qu’elle se sente soutenue dans sa démarche. Les professionnels de santé habilités à pratiquer les IVG sont formés à cet accompagnement et sont présents pour écouter et aider au choix de chaque femme. Le partenaire, si la femme le souhaite, peut offrir un soutien et une présence importante, à chaque étape de la démarche et lors des consultations. Pour une femme mineure, la présence d’une personne majeure est obligatoire.
Orienter et informer
• Sur l’IVG. Avoir sous la main les adresses, de sites internet, établissements, praticiens habilités… permettant d’orienter et de prendre en charge rapidement les femmes (voir En savoir plus). Selon l’âge gestationnel et le lieu de résidence, les deux types d’IVG ne sont pas forcément accessibles. Il est donc important de se renseigner au plus vite.
• Attention à la désinformation : certains sites internet évoquant les complications et traumatismes de l’IVG sont gérés par des militants anti-avortement. Bien vérifier les sources.
• Sur la contraception. Proposer la plaquette de Santé publique France « Choisir sa contraception »(2) et/ou orienter vers le site internet questionsexualite.fr. Rappeler que le préservatif est le seul moyen de contraception qui protège également des IST.
Avec la collaboration du Dr Laurence Danjou, gynécologue et coprésidente de l’Association nationale des centres d’IVG et de contraception (Ancic).
(1) vie-publique.fr/loi/276586-loi-2-mars-2022-renforcer-droit-avortement-delai-porte-14-semaines
(2) Santé publique France > Déterminants de la santé > Santé sexuelle, puis rubrique Outils.
Info+
→ Cadre de prescription compassionnelle (CPC) : texte permettant d’encadrer des prescriptions non conformes à l’AMM, sous réserve qu’il existe un besoin thérapeutique et un rapport bénéfice/risque favorable, applicable pour une durée de trois ans renouvelables.
Dico+
→ Incompatibilité rhésus : le facteur rhésus est une molécule située à la surface des globules rouges chez certaines personnes dites rhésus+. L’incompatibilité rhésus survient lorsqu’une femme enceinte est rhésus négatif et que le fœtus est rhésus positif. La production d’anticorps par la mère dirigée contre le facteur rhésus expose, généralement lors de la grossesse suivante, à la destruction des globules rouges du fœtus si celui-ci est rhésus+.
Semaines d’aménorrhée
→ L’aménorrhée désigne une période sans règles.
Durant la grossesse, la première semaine d’aménorrhée (SA) démarre le premier jour des dernières règles. Ce jour est considéré comme le début de la grossesse. Les praticiens préfèrent parler en semaines d’aménorrhée, le premier jour des règles étant un repère fiable pour calculer la date présumée d’accouchement. Au contraire, la date de fécondation exacte est difficile à déterminer car l’ovulation peut avoir eu lieu avant ou après le quatorzième jour du cycle, et il faut compter avec la durée de vie des spermatozoïdes pouvant atteindre trois jours. En semaines d’aménorrhée, la grossesse dure 41 semaines (mais 39 en semaines de grossesse). Ainsi, au premier jour des dernières règles, le praticien ajoutera 41 semaines pour obtenir la date du terme.
InterviewUn test de grossesse est positif après une IVG
Dr Laurence Danjou, gynécologue et coprésidente de l’Association nationale des centres d’IVG et de contraception (Ancic).
En quoi la visite de suivi est-elle si importante ?
Elle permet de s’assurer qu’il n’y a pas de complications infectieuses – fièvre ou pertes malodorantes sont des signes d’alerte –, d’évaluer la bonne utilisation ou la tolérance de la contraception mise en route ou de poser un stérilet, et de s’assurer de la réussite de la méthode d’IVG. Il est vrai que les échecs, surtout pour la méthode instrumentale, sont exceptionnels mais cela peut arriver. En cas d’IVG médicamenteuse, il faut s’assurer de l’absence de grossesse évolutive, même après des saignements importants. Le dosage sanguin de bêta-hCG met sur la piste. À réaliser quinze jours après l’expulsion, juste avant la visite, il doit avoir diminué de plus de 80 % par rapport au dosage initial. Attention, un test urinaire de grossesse, très sensible, sera positif, même si la grossesse a été interrompue. Un test urinaire spécifique CheckTop peut être remis aux femmes par les praticiens*. Au final, cette visite post-IVG est parfois proposée en téléconsultation en ville pour alléger le parcours des femmes. Tout dépend des habitudes du praticien et de sa relation avec la patiente.
(*) Adapté au suivi post-IVG, CheckTop (non disponible en ville) est un test urinaire rapide de basse sensibilité à réaliser à domicile. Il détecte un taux de bêta-hCG supérieur à 1 000 UI/l, au lieu de 20 à 25, voire moins, pour les tests classiques. La hCG, ou hormone chorionique gonadotrope, est produite par le placenta, plus précisément par des cellules trophoblastiques, dès le sixième jour après la conception. Son taux augmente lors du premier trimestre de grossesse.
Info+
→ Le géméprost (Cervageme), réservé à l’usage hospitalier, est accessible en ville dans le cadre des dispositions dérogatoires mises en place pour gérer la crise Covid-19. Dans ce contexte, il est soumis aux mêmes modalités de délivrance aux patientes ou aux professionnels de santé que les autres médicaments de l’IVG. En pratique, il reste peu utilisé en raison des douleurs qu’il occasionne et de la nécessité de le conserver au congélateur.
Contre-indications à l’IVG
→ Instrumentale : aucune.
→ Médicamenteuse. Grossesse extra-utérine et contre-indications liées à la prise de mifépristone : insuffisance surrénale chronique et asthme sévère du fait d’une diminution de l’efficacité des corticoïdes inhalés, porphyrie héréditaire. Si un dispositif intra-utérin est en place, le retirer avant la réalisation de l’IVG.
Les points clés de l’IVG
→ En France, l’interruption volontaire de grossesse a été temporairement autorisée en 1975 par la loi Veil, puis légalisée le 1er janvier 1980, et remboursée par la Sécurité sociale à 70 % par la loi du 31 décembre 1982 (loi Roudy). L’IVG est prise en charge à 100 % par l’Assurance maladie depuis le 31 mars 2013 et les actes autour de l’IVG (analyses, échographies…) depuis le 1er avril 2016.
→ En 2020, dans le cadre de l’état d’urgence lié à l’épidémie de Covid-19, plusieurs arrêtés ont prolongé de deux semaines, soit de 7 à 9 semaines d’aménorrhée (SA), le délai pour la réalisation des IVG en ville, c’est-à-dire hors établissement de santé, et permettant de réaliser des IVG médicamenteuses en téléconsultation de façon dérogatoire.
→ En février 2022, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a défini un cadre de prescription compassionnelle (CPC, voir p. 42) pour encadrer la prescription et la délivrance du misoprostol en association à la mifépristone dans l’IVG médicamenteuse réalisée au cours des 8e et 9e SA afin qu’ils puissent être dispensés en pharmacie après une téléconsultation.
→ Depuis le 2 mars 2022, la loi visant à renforcer le droit à l’avortement a pérennisé le délai de 9 SA pour la pratique des IVG médicamenteuses en ville. Le délai pour avorter par voie instrumentale a par ailleurs été allongé de deux semaines, passant de 14 à 16 SA, et le délai de réflexion de deux jours avant de confirmer par écrit son souhait de recourir à une IVG après l’entretien psychosocial – obligatoire pour les mineures – a été supprimé. Enfin, il est prévu que les sages-femmes puissent pratiquer une IVG par voie instrumentale dans un établissement de santé dès qu’un décret en ce sens sera paru.
Info+
→ L’usage du misoprostol par voie vaginale hors AMM n’est plus recommandé en raison de la survenue de très rares chocs septiques fatals et d’événements cardiovasculaires pour les fortes doses chez des femmes avec au moins un facteur de risque cardiovasculaire (tabagisme…).
En savoir+
→ Sites du Réseau entre la ville et l’hôpital pour l’orthogénie
revho.fr
Des informations sur l’IVG, le choix de la contraception et les recommandations et références sur l’IVG et la contraception dans l’onglet Ressources.
ivglesinfos.org
À destination du grand public, avec notamment un questionnaire d’aide au choix de la méthode d’IVG et des témoignages.
ivglesadresses.org
Accessible depuis les sites précédents, liste des établissements et professionnels de santé proches du domicile pratiquant des IVG.
→ Haute Autorité de santé
Recommandations de mars 2011 sur l’IVG médicamenteuse.
has-sante.fr
Spécificités chez les femmes mineures
→ Trois consultations pré-IVG sont nécessaires, parfois réalisées le même jour : la consultation d’information, l’entretien psychosocial et le recueil du consentement.
→ Le consentement d’un des parents ou du représentant légal n’est pas obligatoire mais la mineure doit être accompagnée par un adulte de son choix. Elle peut consulter seule si elle ne sait pas vers qui se tourner. Les professionnels de santé peuvent l’aider à trouver une personne de confiance au sein de son entourage.
→ L’anonymat est prévu pour toute mineure faisant une IVG sans consentement parental grâce à aux codes d’anonymisation utilisés par les professionnels de santé pour la transmission des actes à l’Assurance maladie.
En savoir+
→ Site du ministère de la Santé
ivg.gouv.fr
Un numéro Vert (0 800 08 11 11), des informations sur l’IVG, la liste des centres de santé et centres de santé sexuelle/centres de planification ou d’éducation familiale et la liste des autres sites officiels d’information sur l’IVG.
→ Association nationale des centres d’IVG et de contraception
avortementancic.net
Des informations détaillées, des guides et plaquettes sur l’IVG à télécharger, comme sur les autres sites officiels d’information !
À RETENIR
SUR LE DEROULE ET LES DELAIS D’UNE IVG
→ Toute femme majeure ou mineure souhaitant mettre un terme à une grossesse a le droit de demander une IVG jusqu’à 9 semaines d’aménorrhée par voie médicamenteuse ou 16 semaines d’aménorrhée par voie instrumentale (ou chirurgicale). L’IVG médicamenteuse peut avoir lieu à l’hôpital ou en clinique, ou chez soi. L’IVG instrumentale a forcément lieu dans un établissement de santé. Elle est réalisée sous anesthésie locale ou générale, en hospitalisation d’une demi-journée à une journée, et consiste en l’aspiration du contenu utérin.
→ Pour les mineures, le consentement des parents n’est pas nécessaire mais un adulte majeur de leur choix doit les accompagner dans leur démarche. Cette personne n’a pas à fournir de consentement écrit.
→ Deux consultations pré-IVG sont en théorie nécessaires : l’une pour l’information sur les méthodes et l’aide au choix notamment, l’autre pour le recueil écrit du consentement. Elles sont souvent regroupées en une seule.
SUR L’IVG MEDICAMENTEUSE
→ Elle est réalisée sur 48 heures : prise de mifépristone, anti-progestérone pouvant être pris au cabinet du professionnel de santé, suivie 24 à 48 heures plus tard de la prise d’un analogue des prostaglandines, le misoprostol, souvent à domicile.
→ L’anti-progestérone prépare le col utérin et le misoprostol déclenche les contractions qui expulseront le sac gestationnel, le plus souvent dans les quatre heures qui suivent, mais parfois jusqu’à 48 à 72 heures plus tard.
→ Des antalgiques sont systématiquement prescrits, souvent des antiémétiques, pour pallier les nausées et vomissements possibles sous misoprostol.
SUR LES CONSEILS
→ Un dosage sanguin de bêta-hCG est prescrit 15 jours après l’IVG pour s’assurer de la réussite. La visite de suivi, 14 à 21 jours après l’IVG, vérifie que l’expulsion est bien complète.
→ Une grossesse peut avoir lieu dans le mois suivant l’IVG, d’où l’importance de mettre en place une contraception. Hormonale, elle est débutée dans les 48 heures après la prise du misoprostol. Si DIU, il est installé le jour de l’IVG instrumentale ou lors de la visite de suivi.
→ L’IVG n’est pas associée à une augmentation du risque d’infertilité ou de fausses couches.
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