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« Je voudrais un antiseptique »
On le souhaite efficace, facile d’emploi et si possible indolore. Souvent absent de l’armoire à pharmacie quand on en a besoin. Lui, c’est l’antiseptique.
La plainte au comptoir
Lorsqu’un patient demande au comptoir « quelque chose pour désinfecter », il s’agit le plus souvent d’un antiseptique pour soigner une plaie, désinfecter la peau saine avant un acte chirurgical (prélèvement, injection…), voire du petit matériel.
La prise en charge
Cibler la prise en charge
Toute demande d’antiseptique est du ressort officinal. Un avis médical est cependant indispensable en cas de plaies chroniques (ulcères veineux…) ou bien infectées (oedème, rougeur, douleur…), de lésions profondes, étendues ou encore intéressant le visage, l’oeil ou la poitrine.
Conduite de l’interrogatoire
« Est-ce pour désinfecter une plaie, un instrument (thermomètre…) ? » : cible le type de produit désiré. « À qui est destiné le produit ? » : permet de vérifier l’absence de contre-indications car certains antiseptiques sont contre-indiqués ou non recommandés chez les femmes enceintes ou allaitantes et chez les enfant de moins de 30 mois. « Avez-vous déjà fait une réaction à un antiseptique ? » : limite le risque d’effets indésirables.
Expliquer la démarche
Un antiseptique a des indications précises et un mode d’emploi et de conservation à respecter. Lors de sa délivrance, demander si la vaccination antitétanique est à jour.
Les antiseptiques
Les familles de produits
Les antiseptiques sont classés selon leur famille chimique (biguanides, dérivés chlorés…) ou leur spectre d’activité. Les dérivés iodés et chlorés sont dits « majeurs » car actifs sur les bactéries Gram+ et Gram–, les champignons, les spores et les virus. Les biguanides (chlorhexidine) n’ont pas d’action sur les spores et sont moins efficaces sur les champignons, tout comme l’alcool éthylique à 70°, les ammoniums quaternaires et l’hexamidine.
• Dérivés chlorés. Très bonne tolérance, rare irritations.
• Dérivés iodés. Contre-indication : hypersensibilité à l’iode, en association avec les produits mercuriels, le nouveau-né, grossesse aux deuxième et troisième trimestre, allaitement.
• Chlorhexidine. Ne pas utiliser sur les muqueuses (irritants), dans le conduits auditifs et les yeux, sur une surface étendue.
• Alcool éthylique à 60-70°. Contre-indiqué chez l’enfant de moins de 30 mois, et sur les plaies et muqueuses car irritant. Ne pas utiliser pour les tests autoglycémiques.
• Les ammoniums quaternaires. Contre-indiqué dans le conduit auditif, l’oeil et sur de grandes surfaces.
• Hexamidine. Ne pas utiliser avant une injection et sur les muqueuses. Délai d’action important.
Leur choix
• Usage domestique (antisepsie des plaies et muqueuses). Se limiter à la chlorhexidine aqueuse et au Dakin. Pour le thermomètre, utiliser de l’alcool à 70. Sur une peau lésée ou les muqueuses, toujours appliquer un antiseptique aqueux.
• Injection IM, IV ou SC sur peau saine et visuellement propre : alcool 60-70°, chlorhexidine alcoolique, voire polyvidone iodée avec séchage air libre.
• Plaie propre. Choisir la clorhexidine aqueuse ou le Dakin.
• Plaie souillée. Faire une détersion avec savon ou « scrub » (Chlorhexidine, Bétadine) ; rincer à l’eau ; sécher par tamponnement avec une compresse (pour ne pas diluer l’antiseptique qui suivra) ; appliquer l’antiseptique avec une compresse stérile, sans repasser au même endroit, du centre vers le bord de la plaie avec au choix Dakin, chlorhexidine aqueuse ou polyvidone iodée ; séchage à l’air libre indispensable au temps d’action de l’antiseptique (favorise la rémanence = persistance de l’effet antimicrobien sur la peau).
• Brûlures : chlorhexidine aqueuse, Dakin…
• Lavage antiseptique de la peau et des mains : savon antiseptique ou « scrub » à base de chlorhexidine ou de polyvidone (sur avis médical), ou produit hydro-alcoolique.
• Sur les muqueuses (vaginales, anales) : Dakin, voire Betadine scrub ou vaginale.
Les produits à éviter
• Les dérivés mercuriels (Mercurescéine). À abandonner en raison de leur faible pouvoir antiseptique et de la toxicité de leur passage systémique.
• L’eau oxygénée (Dosoxygénée…). Peut servir à nettoyer une plaie et pour son action hémostatique, mais faire suivre d’un antiseptique.
• Les colorants (éosine, solution de Milian). Ne sont pas des antiseptiques (excepté l’éosine alcoolique en raison de l’alcool) mais des desséchants.
Principes d’utilisation
• Sur tissus vivants et propres. Un antiseptique s’utilise sur la peau et/ou les muqueuses et non pour désinfecter du matériel (sauf exception). Il est inhibé par les matières organiques, d’où la nécessité d’un nettoyage préalable avec un savon – antiseptique ou pas – suivi d’un rinçage soigneux et d’un séchage avant l’antisepsie. Aucune application, sauf avis médical, sur des zones étendues.
• Péremption. Respecter les dates de péremption. Noter la date d’ouverture sur le flacon. En général, une solution alcoolique se conserve un mois. Préférer les unidoses.
• Attention aux contaminations. Ne pas toucher l’ouverture du flacon avec doigts ou objets souillés. Ne pas reconditionner.
• Conservation. À l’abri de la lumière et de chaleur.
• Respecter mode et précautions d’emploi. Exemple de temps de contact : 1 minute pour la Bétadine ; 3 minutes pour le Dakin sur plaie ou mycose, 5 minutes pour les furoncles, trois fois par jour 10 minutes pour les panaris, 30 secondes avant injection… Un antiseptique ne se rince pas, excepté chez les nourrissons et pour les « scrubs » (savon antiseptique). On le laisse sécher à l’air libre, indispensable à son temps d’action, avant de recouvrir ou pas, d’un pansement.
• Pas de mélange. Ne jamais employer successivement deux antiseptiques différents en raison du risque d’inactivation ou de toxicité. Utiliser la même famille d’antiseptique si plusieurs étapes d’antisepsie sont nécessaires (exemple : lavage Bétadine Scrub, puis antisepsie avec Bétadine dermique).
• Surveiller la tolérance locale. Erythème, dessèchement ou irritation sont possibles.;
Désinfection ou antisepsie ?
L’antisepsie est « une opération au résultat momentané permettant au niveau des tissus vivants, dans la limite de leur tolérance, d’éliminer ou de tuer tous les microorganismes et/ou d’inactiver les virus. Le résultat de cette opération est limité aux microorganismes et/ou virus présents au moment de l’opération ». Pour la définition de la désinfection, il suffit de remplacer « tissus vivants » par « milieux inertes contaminés ». Schématiquement, l’antisepsie, c’est sur du vivant, la désinfection, sur de « l’inerte ». Parfois, on réserve le mot « désinfection » à une prévention pour la peau saine (on parle ainsi de la désinfection des mains ou de la peau saine avant une injection) et « l’antisepsie » à un traitement pour la peau lésée (antisepsie d’une plaie).
Téléchargez sur les fiches « Aide mémoire pharmacien » et « Conseils pour le patient » sur les antiseptiques et les plaies, onglet « Conseil ».
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