« Je veux me protéger de cette nouvelle grippe »

La plainte

La grippe A/H1N1

La grippe A/H1N1 présente des similitudes avec la grippe saisonnière : la transmission et les symptômes. Elle se transmet par voie aérienne (postillons, éternuements…) et par contact direct (toucher) et indirect (via des objets souillés). Plus ou moins constants, les symptômes associent fièvre supérieure à 38 °C, courbatures, céphalées, asthénie, toux, difficultés respiratoires. En grande majorité, les cas sont bénins mais le risque de décès existe, lié aux complications graves directes (pneumonie virale) ou indirectes (décompensation de maladies sous-jacentes et surinfections bactériennes).

Les inquiétudes

La souche virale A/H1N1, qui résulte de recombinaisons de virus de porc, humain et aviaire, est encore mal connue. Cette nouvelle grippe semble présenter des caractéristiques inquiétantes : une contagiosité plus forte et un risque accru de complications graves y compris chez les jeunes non porteurs de facteurs de risque.

Cibler la prise en charge

Du ressort de l’officine

La prévention relève du rôle officinal : conseils généraux d’hygiène, bon usage des masques et des antiviraux prescrits en prophylaxie et prescription d’une attitude appropriée en cas de contact.

La consultation s’impose

Orienter vers un médecin tous les sujets ayant eu un contact avec un cas et/ou présentant des symptômes grippaux, notamment les sujets « à risque » de complications : femmes enceintes, obèses, malades chroniques (diabète, tuberculose, mucoviscidose, maladies cardio-vasculaires), immunodéprimés. Les services hospitaliers sont réservés aux urgences : difficultés respiratoires et/ou forte fièvre chez une personne à risque….

Conduite de l’interrogatoire

« Quelqu’un de votre entourage proche est-il malade ? » et « Y a-t-il une femme enceinte, un bébé ou des personnes malades chroniques dans votre entourage ? » orientent vers des mesures spécifiques. Inutile de rechercher un éventuel voyage dans une zone exposée vu l’évolution de l’épidémie.

Expliquer la démarche

L’objectif de la prévention est de limiter au maximum les risques de contamination. Les règles d’hygiène sont primordiales, mais n’empêchent pas d’attraper la maladie à 100 %. Expliquer pourquoi : la toux peut projeter des virus dans un rayon de 1 à 2 mètres ; le virus peut vivre 24 heures sur les surfaces et dans l’air ; le sujet infecté est contagieux 24 heures avant l’apparition des symptômes et le reste environ une semaine. En cas de grippe, protéger son entourage et consulter un médecin. La grippe dure en moyenne sept jours et s’accompagne en en théorie d’une immunisation contre le virus (sauf s’il mutait et dans ce cas, maintenir les conduites préventives).

Les mesures préventives

Pour tous

• L’hygiène.

– Tousser ou éternuer en se couvrant le nez et la bouche.

– Se moucher et cracher dans des mouchoirs à usage unique, jetés immédiatement dans une poubelle à couvercle.

– Se laver les mains plusieurs fois par jour et systématiquement après avoir tousser, éternuer, s’être mouché, après les transports, avant et après de cuisiner ou de manger, chaque fois qu’on rentre chez soi. Utiliser du savon, de préférence liquide, frotter pendant trente secondes (sans oublier le dos de la main, les poignets, entre les doigts), rincer à l’eau courante et sécher avec une serviette propre à usage unique. Fermer le robinet avec une serviette.

– Nettoyer plus souvent les surfaces de la maison (plans de travail, lavabos, poignées…)

– Aérer les pièces pendant 15 minutes, deux à trois fois par jour.

• Le vaccin, non obligatoire.

Pour l’instant, les premières doses seront disponibles mi octobre. En priorité (vu la disponibilité du vaccin), seront vaccinés les professionnels de santé et des secours puis par ordre d’urgence : les femmes enceintes, les 6-23 mois « avec facteurs de risque » et l’entourage des nouveau-nés ; les 2-64 ans « avec facteurs de risque » ; les 6-23 mois « sans facteurs de risque » et les plus de 65 ans « avec facteurs de risque » ; les 2-18 ans « sans facteurs de risque » ; les autres. Vaccination en pratique : il existe des vaccins avec ou sans adjuvants, ces derniers préconisés pour les 6-23 mois, les femmes enceintes et les immunodéprimés. Pour les deux vaccins : deux doses (du même laboratoire) espacées de 21 jours. Le vaccin contre la grippe saisonnière sera administré en premier, avec un intervalle minimal de 21 jours avec celui contre le H1N1. Inciter donc à la vaccination précoce contre la grippe saisonnière dès réception du formulaire de l’Assurance maladie.

Si un proche est malade

• Hygiène renforcée. Éviter les contacts physiques (bises, poignées de main…) ; distance minimale de protection d’au moins 1 mètre ; laver au moins une fois par jour les objets utilisés par le malade (stylo, téléphone…) ; prévoir pour chacun son linge de maison ; jeter avec les ordures tout le matériel jetable (masques, mouchoirs…) utilisé par le malade dans un sac plastique (voire deux) muni d’un lien.

• Isolement si possible. Réserver une pièce pour le malade ; limiter les visites à une seule personne : aérer fréquemment ; se laver les mains en sortant ; pas de personnes « à risque » (Femmes enceintes, bébé) au foyer.

• Port du masque. Les virus de la grippe se transmettent par les projections aériennes constituées de gouttelettes de 5 µm et d’aérosols de particules beaucoup plus petites (0,2 µm).

– Les masque chirurgicaux : protègent des projections sous forme de gouttelettes. Indication : recommandé pour toute personne malade, afin de limiter la transmission du virus à son entourage. Efficacité : 8 heures mais les changer dès qu’ils sont humides. Ils sont délivrés gratuitement par boîte de 50 sur prescription.

– wLes masques FFP2 : maillage adapté aux petites particules et forme en bec limitant les fuites mais plus difficile à supporter. Indication : pour protéger les non-malades des projections d’autrui. A priori pour les soignants, mais on peut s’en procurer à titre individuel (non remboursés).

• Antiviraux. L’usage systématique en préventif d’oseltamivir (Tamiflu) et le Zanamivir (Relenza), inhibiteurs de la neuraminidase actifs sur les virus de la grippe A et B n’est pas recommandé (risque d’apparition de résistances). Leur prescription en prophylaxie post-exposition est possible et réservée aux sujets présentant des facteurs de risque en contact étroit avec un malade (discutée au cas par cas). En pratique : 75 mg d’olsetamivir ou 2 inhalations de zanamivir (2 x 5 mg) une fois par jour pendant 10 jours, le plus tôt possible après le contact exposant. •

* : Données au 24 septembre 2009.

Les solutions hydroalcooliques

C’est quoi ? Les solutions et gels hydro-alcooliques (Assanis, Baccide, Hibisprint, Manugel, Nexcare gel mains…) sont des solutions antiseptiques cutanées (bactéricides, virucides et fongicides selon les produits). Elles sont à base d’alcools (propanolol…), d’autres antiseptiques (ammoniums quaternaires, chlorhexidine, peroxydes…), de protecteurs cutanés (hydratants, filmogènes…) et d’ adjuvants (colorants, parfums…). Avantages : pratiques, rémanentes, bien tolérées, efficaces, séchage rapide, présentations multiples (lingettes, flacons pompes…).

Quand les utiliser ? Après un contact avec un malade ou un objet souillé ; pour remplacer le lavage des mains quand il est impossible (transports, extérieur…) ; en complément du lavage pour l’asepsie des mains. Ne pas les utiliser : en cas de lésions cutanées ou de plaies ou sur les muqueuses ; chez les nourrissons ; en cas de souillures visibles (efficacité diminuée par les salissures) ; pour désinfecter des surfaces.

Comment ? Appliquer une noisette de produit sur mains sèches, non souillées. Frictionner les mains jusqu’à ce qu’elles sèchent. Ne pas rincer.