Délivrance Réservé aux abonnés

« Je veux arrêter de fumer »

Publié le 1 décembre 2009
Mettre en favori

Cette fois j’arrête ! Décrocher du tabac est dans le box-office des résolutions de fin d’année. Et si, grâce à vous, cette tentative était la bonne…

Le tabagisme

La dépendance

Consommé régulièrement, le tabac induit une triple dépendance. L’arrêt de la nicotine, responsable de la dépendance physique, entraîne un syndrome de manque : irritabilité, pulsions à fumer, constipation, tremblements, sudation… Les dépendances psychologique et environnementale se traduisent par un besoin compulsif de fumer pour retrouver la « détente », cette envie étant associée à des circonstances (cafés, soirées…).

Aider au sevrage

Les motivations d’arrêt sont multiples : grossesse, santé, coût, pathologies associées… Le patient requiert votre aide pour gérer le manque et ses désagréments, essentiellement la prise de poids et l’anxiété. Il y a souvent une demande implicite de soutien à ne pas négliger !

Cibler la prise en charge

Les dépendances légères et modérées peuvent être prises en charge à l’officine par des conseils comportementaux et/ou des substituts nicotiniques. Orientez vers un médecin les demandes spécifiques (Zyban, Champix), les fumeurs aux antécédents dépressifs, avec des coaddictions (alcool, cannabis…), des pathologies chroniques (cardiovasculaires, diabète, hyperthyroïdies), ou fortement dépendants, en particulier les femmes enceintes. Orientez aussi les patients dont le traitement nécessite une adaptation posologique en raison de l’arrêt du tabac. La fumée accélère la dégradation de la théophylline, des bêtabloquants, héparines, antidépresseurs…

Conduite de l’interrogatoire

« Êtes-vous décidé ? » : évalue la motivation, essentielle au sevrage. « Souffrez-vous d’une pathologie ? », « Prenez-vous un traitement ? », « Avez-vous d’autres dépendances ? » : orientent, ou pas, vers un médecin. « Quelles sont les circonstances où vous fumez le plus ? » : repère les stimuli incitateurs et estime la dépendance psychologique. Le test de Fagerström (encadré) évalue la dépendance physique et oriente le traitement.

Expliquer la démarche

Les objectifs

Il y en a deux : soit l’arrêt total grâce aux patches et/ou formes orales, soit une diminution progressive avant l’arrêt total grâce aux formes orales qui évitent de trop « tirer » sur les quelques cigarettes restantes. Dans les deuxcas, féliciter le patient de sa décision. Rappeler que les méfaits du tabac sont en partie réversibles, quel que soit le moment de l’arrêt. En délivrant progressivement de la nicotine, un substitut nicotinique pallie le manque physique en supprimant l’effet « shoot » de l’inhalation responsable de la dépendnace, et les 4 000 toxiques de la fumée.

Le suivi

Inciter à repasser régulièrement à la pharmacie pour évaluer le traitement et l’ajuster si besoin. Indiquer les signes de surdosage (diarrhées, palpitations, bouche pâteuse) ou de sous-dosage (irritabilité, anxiété, envie irrépressible de fumer). Le patient doit rester vigilant car les pulsion psychologiques et environnementales peuvent persister. Les rechutes ne sont pas des échecs mais des étapes parfois nécessaires.

Publicité

Les traitements

Stratégie thérapeutique

La stratégie et la dose initiale des éventuels substituts sont orientées par le score obtenu au test de Fagerström. On associe toujours des conseils diététiques.

Score de 0 à 2 : pas de dépendance à la nicotine. L’arrêt peut se faire sans traitements, avec quelques conseils « comportementaux ».

Score de 3 à 4, et consommation inférieure à 1 paquet par jour : faible dépendance. L’arrêt peut s’envisager sans traitement ou avec recours à un substitut nicotinique oral dosé à 1 ou 2 mg (8 à 12 par jour) à la demande ou un patch à 14 mg/24 h ou à 15 mg/16 h.

Score de 5 à 6 et consommation supérieure à 1 paquet par jour : dépendance moyenne. L’utilisation de substituts est recommandée, en patch (à 15 mg/24 h ou 21 mg/16 h) ou via un traitement oral à 2 mg pour augmenter ses chances de réussite.

Score de 7 à 10 : dépendance forte à très forte. L’utilisation de patchs nicotiniques à 15 mg/24 h ou 21 mg/16 h et/ou de formes orales à 4 mg (une gomme ou deux comprimés par prise) est recommandée.

Durée: le traitement est poursuivi au long cours, jusqu’à 6 à 12 mois, avec diminution par paliers progressifs (réduire les prises et le dosage des formes orales et utiliser les patchs dosés à 7 mg et 5 mg).

Les substituts nicotiniques

Un substitut nicotinique pallie le manque de nicotine en cas de dépendance objectivée. À posologie égale, toutes les formes ont une efficacité similaire. Le choix se fait en fonction des préférences ou d’éventuelles intolérances.

Les gommes, comprimés à sucer et pastilles sublinguales. Les dosages varient de 1 mg à 4 mg. Les gommes sont mâchées pendant 30 minutes en respectant des pauses alternatives quand le goût s’estompe. Garder la salive en bouche le plus longtemps possible pour favoriser l’absorption buccale (diminuée par les boissons acides comme le café, les jus d’orange…) et éviter les brûlures gastriques. Utiliser les formes orales en quantité suffisante et régulièrement sans attendre l’envie de fumer.

Les inhaleurs. Ils offrent l’avantage d’une forte composante gestuelle. Les inhaleurs s’utilisent par inhalation, selon les besoins : 20 à 80 minutes d’utilisation par cartouche, 12 cartouches maximum par jour.

Les systèmes transdermiques. Transparents ou non, dosés pour 24 ou 16 heures (ôtés la nuit). À appliquer sur peu sèche glabre (bras, fesse) en changeant chaque jour de lieu. Éviter le contact avec les muqueuses et les yeux (se laver les mains après manipulation). Ne pas l’enlever si on fume une cigarette, mais à éviter !

Gérer les troubles associés

Contrer l’anxiété •

Phytothérapie. Conseiller une cure – un mois au moins – de valériane, d’aubépine et/ou de mélisse pour limiter le stress et les troubles du sommeil. À base d’aubépine et de vitamines, Nicopriv « soutient » le sevrage. Le Griffonia ou le kudzu, considérés comme « antidépresseurs naturels » sont parfois utilisés.

Homéopathie. Un traitement de fond avec 3 granules de chaque matin et soir de Argentum nitricum 9 CH, Nux vomica 9 CH et Tabacum 7 CH, associés à 3 granules d’Anacardium orientale 7 CH et de Caladium 5 CH dès que l’envie de fumer se fait sentir.

Éviter la constipation

Manger davantage de fibres, de fruits et de légumes. Boire quotidiennement 2 litres d’eau.

Mieux dormir

Diminuer la consommation de café (les hydrocarbures de la fumée accélèrent la dégradation hépatique de la caféine). Penser aux méthodes de relaxation, yoga ou autres.

Limiter la prise de poids

Manger à heure fixe, des repas équilibrés avec féculents pour limiter les fringales. Privilégier : viandes maigres, légumes, fruits. À éviter : graisses, fromage, charcuterie, alcool. Pratiquer une activité physique régulière.

« Éloigner » les rechutes

Fuir les situations à risque : pauses café, sorties avec fumeurs. En cas d’envie forte, essayer de se dire que les envies impérieuses durent en général quelques minutes. Si besoin, contacter « Tabac Info Service » pour un soutien personnalisé (0 825 309 310)*•

* 0,15 centimes d’euros la minute.

Le test de Fagerström

– Dans les 5 premières minutes : 3

– Entre 6 et 30 minutes : 2

– Entre 31 et 60 minutes : 1

– Après 60 minutes : 0

– Oui : 1

– Non : 0

– La 1ère le matin : 1

– N’importe quelle autre : 0

– 10 ou moins : 0

– 11 à 20 : 1

– 21 à 30 : 2

– 31 ou plus : 3

– Oui : 1

– Non : 0

– Oui : 1

– Non : 0