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Un roc en rollers

Publié le 1 avril 2010
Par Nathalie Da Cruz
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Préparatrice dans le Sud-Est, Catherine Miclo est gardienne de Roller In Line Hockey. Une passion qui l’aide à surmonter sa réserve. À aller « au bout d’elle-même ».

Vingt kilos sur le dos au bas mot. Armée de pied en cap, Catherine Miclo est invisible sous son équipement de gardienne de Roller In Line Hockey. Au-dessus des rollers, patins en ligne à trois ou quatre roues, d’épaisses bottes rigides montent au-delà des genoux. Une culotte rembourrée couvre les cuisses, les fesses, le coccyx et les hanches. Un plastron protège le ventre, le torse, les épaules et les bras. Un masque de fer équipé d’une grille masque le visage. Il faut dire que le palet, ou puk, ce cylindre qui fait office de balle, peut être un objet dangereux. Poussé ou lancé par les crosses des joueurs, il peut fuser jusqu’à 120 km/h ! « J’en ai reçu un dans le cou une fois. Je m’en souviens encore ! Depuis, je porte toujours un protège cou », raconte Catherine, de sa voix chantante. Mais cette fille du Sud peut laisser tomber son armure quand elle se sent en confiance. La méfiance cède alors le pas aux confidences.

Dans la cage. Accroupie, debout, à plat ventre, Catherine se démène sans compter devant la cage haute de 105 cm. « Je ne quitte pas le palet des yeux, tout en regardant le placement des joueurs. Je dois visualiser tout le jeu. Et me préparer à toutes les éventualités. Le palet peut se trouver à ras de terre, au niveau de la taille, ou bien être lancé au-delà de la cage. » Sur la piste du gymnase, les deux équipes de quatre joueurs – sans compter les gardiens – manient le palet avec rapidité et tactique durant les deux mi-temps de dix à vingt-cinq minutes en fonction des catégories. Privilégiant la finesse à la dureté physique, les joueurs fusent sur la piste, propulsés par la vitesse de leurs rollers. Le gardien doit redoubler de vigilance et d’énergie. Catherine est sur le qui-vive, la crosse à la main. Quand l’action se rapproche d’elle, la tension monte. « Il faut faire preuve d’agilité et être très active ! Je finis en nage après les quarante minutes de jeu. » Le plus souvent, elle arrête la course folle du palet avec sa crosse. « Je peux aussi l’attraper ou le bloquer au sol avec ma main gauche pourvue d’une mitaine. » Dans le jargon du roller hockey, une « mitaine » est un épais gant de cuir équipé d’une poche de protection. Pendant le jeu, elle encourage les joueurs, les motive sans cesse. « Je crie parfois un peu trop ! » Agilité, énergie, mais aussi moral d’acier et constance sont ses atouts. « Si le gardien baisse les bras après avoir encaissé un but, toute l’équipe le ressent, et c’est fichu. » La fierté de Catherine est deux « matches blancs » au cours de sa carrière, c’est-à-dire sans but marqué par l’équipe adverse.

La rencontre décisive. Malgré les 320 clubs regroupés au sein de son comité national, le Roller In Line Hockey, ou roller hockey, reste encore peu connu en France. Jusqu’en 2003, Catherine n’en avait jamais entendu parler. Cette année-là, chez des amis communs, elle rencontre Nicolas, son mari, un « coup de foudre réciproque ». Il initie rapidement Catherine à sa passion. Il est entraîneur de l’équipe de roller hockey des Street Devils, à Oraison, dans les Alpes-de-Haute-Provence. « Au départ, pendant que l’équipe s’entraînait, je pratiquais le roller autour du terrain. Puis, assez vite, Nicolas m’a mis la crosse dans les mains. » Catherine a d’abord été joueuse pendant un an. « J’avais du mal à prendre de la vitesse et à faire des marches arrière. » En cause, un « pied-bot vasus equin », à droite, qui lui a valu une opération quelques jours à peine après sa naissance, puis une deuxième à l’âge de six ans. Malgré la réussite des deux opérations, une fragilité persiste, son mollet droit est plus court et plus fin que le mollet gauche. Peu importe. Quand le gardien des Street Devils la persuade de le seconder en 2004, elle accepte. « Il pensait que j’avais le moral et les capacités physiques pour tenir ce poste. J’ai essayé et j’y suis arrivée. Je veux montrer tout ce dont je suis capable. » Une façon de prendre sa revanche, peut-être, sur les remarques blessantes qu’elle a essuyées en raison de son pied-bot, à une époque. Défi relevé puisqu’en 2006, elle a joué en nationale 3, avec l’équipe de Six Fours.

Sous la grille, la femme. Quand Catherine tombe le masque, on découvre une jolie fille élancée de 1,69 m, au visage encadré de cheveux roux, au regard vert, doux et généreux. Une femme de 32 ans plutôt sur la réserve. Émotive, elle confie, « un rien me fait pleurer ». Certaines blessures de ses vingt ans sont encore vives, comme le décès de sa mère emportée par un cancer et une grosse déception sentimentale. « Je me suis sentie trahie, avoue-t-elle. J’ai du mal à me livrer… » La méfiance est son équipement de protection dans la vie quotidienne. La rencontre avec Nicolas a été une étape décisive. Une personne authentique, avec qui elle a pu fonder une famille. Lylou, sa fille, a deux ans et demi. Cassandra, 2,290 kg, vient d’arriver. « J’ai toujours voulu avoir des enfants. La famille est un accomplissement. » Elle se voyait sage-femme ou infirmière puéricultrice, mais elle rate à 21 ans le concours d’infirmière d’un demi point. Elle trouve alors une annonce pour un apprentissage dans une pharmacie. CAP en un an au CFA de Marseille, puis BP de préparatrice en trois ans, elle a commencé sa carrière dans une officine de Sisteron. Depuis six ans, elle exerce à la pharmacie du Clocher, à Oraison. Actuellement en congé maternité, Catherine a dû laisser tomber le roller hockey au début de sa grossesse, au profit de ses autres hobbies, le jardinage et la philatélie. Déjà neuf mois qu’elle n’a pas enfilé son équipement. « C’est frustrant… » Pour autant, pas question de laisser tomber les Street Devils. À chaque match de cette équipe de niveau « loisirs », Catherine est présente. Sur les gradins, elle crie haut et fort pour motiver les troupes. « Je joue un peu le coach… » Mais c’est la place de gardien qu’elle préfère. « C’est un poste à responsabilités. La plus belle position, celle qui apporte de la reconnaissance en cas de but arrêté. Le dernier rempart. »

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Portrait chinois

• Si vous étiez un végétal ? Une orchidée parce qu’elle est belle et s’épanouit petit à petit. J’ai du mal à m’ouvrir aux autres, mais lorsqu’on me connaît… Et j’aime les belles choses.

• Une forme galénique ? Une huile de massage. J’aime le contact, toucher. J’adore masser mon mari, ma fille. C’est un moyen de communiquer.

• Un médicament ? Un complexe multivitaminique pour toujours avoir la forme. J’en ai marre d’être raplapla…

• Un dispositif médical ? Un test de grossesse pour avoir la nouvelle, bonne ou mauvaise. J’aime être fixée d’emblée. J’ai besoin de réponses rapides.

• Un vaccin ? Contre le cancer. Il y a encore trop de morts malgré les progrès. Trop de monde souffre. J’ai envie de sauver les enfants pour une société meilleure.

• Une partie du corps ? Le cœur. J’ai plein d’amour à donner et à recevoir. Je suis très sensible.

Catherine Miclo

Âge : 32 ans.

Formation : préparatrice en pharmacie.

Lieu d’exercice : pharmacie du Clocher, à Oraison (04).

Ce qui la motive : L’amour de sa famille et de ses proches ; apporter sa contribution et la reconnaissance des autres.