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« Je voudrais une crème solaire »

Publié le 1 juillet 2010
Par Nathalie Belin
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Un produit solaire est un des moyens de protéger la peau des radiations nocives du soleil. Le type de peau et les conditions d’exposition orientent le choix de l’indice de protection et du type de filtre.

La demande

La fraction de rayonnement ultraviolet absorbée par la peau crée des dommages aux conséquences nombreuses : coups de soleil, vieillissement cutané accéléré, photosensibilisation, carcinomes et mélanomes… Mélanine, vitamine E, caroténoïdes et enzymes synthétisés par l’organisme, inhibent la toxicité des radicaux libres produits lors d’une exposition. Ces mé­canismes protecteurs s’épuisent en cas de surexposition.

L’interrogatoire

« Êtes-vous sujet aux coups de soleil ? » (souvent, rarement, jamais), « Comment est le hâle obtenu ? » (inexistant, léger, foncé…), « Vous êtes-vous déjà exposé au soleil ces jours derniers ? » (une peau déjà bronzée est partiellement protégée), ciblent le phototype, en plus de l’examen visuel. « Pour qui est le produit ? », « Où allez-vous en vacances ? » et « Faites-vous du sport ? » déterminent le type de produits. « Prenez-vous des médicaments ? Lesquels ? » et « Avez-vous tendance à faire des réactions au soleil ? » identifient les cas à photoprotection maximale.

Expliquer la démarche

Éviter l’exposition et s’adapter aux conditions d’ensoleillement sont les meilleures protections ! Un solaire efficace n’est qu’un élément parmi d’autres moyens pour s’opposer aux conséquences néfastes des UV. Son objectif est de limiter les dommages liés à une exposition raisonnable, non de prolonger l’exposition. La corrélation entre la quantité de soleil reçue avant vingt ans et le développement de cancers cutanés à l’âge adulte est établie.

Les protections solaires

Offre produit

• Critères d’efficacité. Un solaire doit avoir un spectre d’action le plus large possible (UVA et UVB, longs et courts). Pour cela, plusieurs types de filtres chimiques sont associés (chaque filtre protégeant sur une partie du spectre UV). Selon l’Afssaps, le produit doit être formulé de manière à ce que la protection UVA (responsable du vieillissement cutané et des cancers) représente au moins un tiers du facteur de protection solaire (FPS ou SPF pour Sun protection factor), qui se réfère essentiellement aux UVB. Toutes les marques en pharmacie s’y conforment.

• Indices de protection. Certains solaires sont formulés à base d’écrans minéraux ou renferment exclusivement des filtres organiques, d’autres combinent les deux. Les solaires bio (labellisés BDIH, Nature & Progrès, Cosmébio ou Ecocert) interdisent les filtres chimiques et les nanoparticules (affichage obligatoire en 2013 !). Pour simplifier, l’Afssaps a retenu quatre catégories de protection :

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– Faible protection : indices de protection solaires (FPS) affichés « 6 » ou « 10 ».

– Moyenne protection : indices FPS affichés « 15 », « 20 » et « 25 ».

– Haute protection : indices FPS affichés « 30 » ou « 50 ».

– Très haute protection : indice FPS affiché « 50 + ».

• Deux types de filtres. Filtres organiques ou chimiques : benzophénones (oxybenzone…), cinnamates et apparentés (octocrylène ou Parsol 340), Mexoryl SX et XL, Tinosorb S et Tinosorb M, 4-méthylbenzylidène camphre (Parsol 5000), Avobenzone (Parsol 1789) , Univul A+… Ces filtres absorbent une portion spécifique du spectre UV qu’ils réémettent sous forme de lumière ou de chaleur. Ils pénètrent plus ou moins dans l’épiderme et peuvent causer des réactions allergiques (oxybenzone, absent des solaires vendus en officine, cinnamates). Ces molécules peuvent être à l’origine de réactions allergiques ou photoallergiques. L’octocrylène serait aussi impliqué dans des réactions de photoallergie, notamment en cas d’antécédents d’allergie au kétoprofène. Le Tinosorb M est pas ou peu ab­sorbée, d’où sa bonne tolérance. Certains (Parsol 5000…) seraient des perturbateurs endocriniens. Écrans minéraux : oxyde de zinc et dioxyde de titane. Poudres inertes et opaques, ces filtres agissent de manière physique. Ils n’absorbent pas les radiations, mais les réfléchissent. Ils ne pénètrent pas la peau et n’induisent donc pas d’allergie. Ils entrent souvent dans la formulation des solaires pour peaux intolérantes ou atopiques. Plus difficiles à étaler, ils forment un film blanc sur la peau sauf s’ils sont micronisés (la plupart des produits aujourd’hui) ou sous forme de nanoparticules (toxicité potentielle inconnue ; d’ici 2013, tous les produits en renfermant de­vraient le stipuler).

Stratégie de choix

• Choix de l’indice. Selon le type de peau et des conditions d’exposition : modérée (vie au grand air en zone tempérée), importante (plages, randonnées…), ou extrême (tropiques, glaciers).

– Peau très claire, prenant toujours des coups de soleil, cheveux clairs ou roux avec taches de rousseur : FPS 30 (en zone tempérée et en cas de faible exposition : ville…) à 50+ (exposition importante).

– Peau claire prenant souvent des coups de soleil mais pouvant avoir un hâle : FPS 15 à 50 +.

– Peau claire bronzant assez facilement et ne prenant des coups de soleil que lors d’exposition intense : FPS 10 à 50.

– Peau mate bronzant facilement, ne prenant jamais de coups de soleil : SPF 10 à 25.

Cas particuliers (âge, grossesse, traitements…). Les enfants jusqu’à 8-10 ans (sauf noirs) ont peu ou pas de défenses face au soleil (déficit en mélanine, en sueur, en sébum et film hydrolipidique plus mince). Cibler un solaire « haute » ou « très haute protection ». Choisir un FPS 50+ chez : femmes enceinte (risque de taches brunes…), antécédents de lucite estivale bénigne, cicatrice récente (moins de deux ans), traitements photosensibilisants (isotrétinoïne, cyclines, quinolones, phénothiazines, AINS, sulfamides, peroxyde de benzoyle…).

• Choix du produit. Galénique. Visage : les crèmes ciblent les peaux sèches, les émulsions ou les gels, les peaux normales à mixtes. Corps : les textures laits. Zones ciblées (nez, lèvres, cicatrices…): les sticks. Filtre. Peaux intolérantes, réactives, atopiques ou allergiques aux cos­métiques : filtres minéraux. Bains fréquents ou sport : produit waterproof, plus résistant à la sueur ou à l’eau.

Mode d’emploi

• En quantité suffisante. Six cuillères à café pour un corps adulte (quantité similaire à celle appliquée au cours des essais).

• Comportements adéquats. Utiliser un solaire en complément d’une protection vestimentaire (incluant chapeau et lunettes) impérative pour les « moins de 3 ans » non exposés directement au soleil. Éviter les heures les plus chaudes (entre 12 et 16 heures, heure d’été en France). Se méfier d’un temps nuageux (seuls les gros nuages sombres stoppent la totalité des UV).

Stop aux idées reçues !

« Pas besoin de renouveler un produit waterproof après une baignade. »

Faux ! Même plus résistant, son efficacité diminue après une baignade, en cas de transpiration ou de friction de serviette. Application à renouveler toutes les 2 à 3 heures, voire moins.

« Le parasol me protège.. »

Faux ! Le sable, comme l’eau, réfléchit environ 5 à 25 % des rayons (selon la couleur et la taille des grains…). Attention aux surfaces blanches (neige, sols et murs, voiles, pont des bateaux…) qui renvoient jusqu’à 80 % des rayons… Et qui s’ajoutent aux UV directs !