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« Mon enfant est constipé »

Publié le 1 septembre 2010
Par Héloïse Rambert
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Seule la constipation aiguë du nourrisson et de l’enfant est du ressort officinal. Sa prise en charge comprend des règles hygiéno-diététiques et rééducatives, associées ou non à un médicament.

La plainte

Problème fréquent, la consti­pation chez l’enfant se caractérise par un ralentissement du transit intestinal. Cette modification du transit s’accompagne de symptômes variables : selles dures, difficultés à la défécation, sensation de plénitude abdominale. L’enfant constipé peut aussi appréhender l’idée d’aller à la selle, et le problème peut devenir une source d’angoisse pour lui. L’inquiétude des pa­rents confrontés à ces symptômes est aussi un motif de la plainte au comptoir. Chez le nourrisson, la fréquence de selle est variable. S’il est allaité, l’absence de selles est possible durant plusieurs jours.

Cibler la prise en charge

Une constipation aiguë, récente peut être prise en charge à l’officine. Si elle est plus ancienne ou récidivante, orientez vers le médecin. Idem en cas de constipation importante chez le nourrisson allaité.

Questions à poser

Faire préciser les symptômes en interrogeant les parents et l’enfant si possible. « Quel âge a-t-il ? » et/ou « L’allaitez-vous ? » situent le patient. « Quelle est la fréquence et la nature des selles ? » et « Souffre-t-il de symptômes digestifs (douleurs ab­dominales) à la défécation ? » apprécient le problème, sa sévérité et son caractère d’urgence. « Votre enfant est-il souvent constipé ? » et « Quand sont apparus les symptômes ? » distinguent constipation passagère et chronique. « Suit-il un trai­tement ? » élimine une origine iatrogène, rare chez l’enfant.

Commentaires à faire

Certains parents trop inquiets pensent que leur enfant est constipé alors qu’il ne l’est pas. Rappeler qu’un enfant dont le transit est ralenti mais qui ne se plaint de rien n’a pas besoin d’être traité. L’inquiétude peut conduire à des gestes non a­daptés. Expliquer la nocivité d’introduire dans l’anus un thermomètre ou tout autre objet pour provoquer le réflexe de défécation. Ce geste peut provoquer des lésions rectales et agresse l’enfant qui souffre déjà de lésions anales.

Expliquer la démarche

Le traitement a pour but de soulager une constipation aiguë et doit permettre rapidement une reprise normale du transit. Si la constipation persiste (récidive à l’arrêt du traitement) ou devient récurrente, un avis médical est nécessaire.

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Les traitements

Stratégie thérapeutique

Les mesures hygiéno-diététiques sont indispensables et le plus souvent suffisantes pour résoudre ce problème et conserver un bon transit. Si la constipation ne cède pas très rapidement à ces mesures seules, conseiller en plus un laxatif sur une courte période.

Les mesures hygiéno-diététiques

• Aliments et boissons. Donner une alimentation riche en fibres (fruits et légumes frais, crudités) et des jus de fruits (jus d’orange, de pamplemousse, de pruneaux) entre ou pendant les repas, qui ont un effet irritatif et donc laxatif. Donner aussi de l’eau Hépar, riche en magnésium. Si aucune étude n’a été faite sur son utilité en cas de constipation, elle peut améliorer le transit. Cette eau diurétique et minéralisée ne doit pas être donnée de façon prolongée aux enfants et surtout aux nourrissons.

• Bouger. Faire pratiquer régulièrement de l’exercice physique à l’enfant. L’inciter à ne pas se retenir d’aller aux toilettes.

• Halte aux idées reçues. Ne pas forcer l’enfant à boire. Un enfant qui n’a pas soif ne boit pas plus et l’hyperhydratation est inutile en cas de constipation. De même, comme les féculents et les sucreries ne constipent pas, il n’y a aucune raison de les supprimer.

Les laxatifs

• Les laxatifs lubrifiants. Ils facilitent l’évacuation des selles en les ramollissant et en empêchant la réabsorption d’eau. La paraffine liquide (Lansoyl) agit mécaniquement en lubrifiant le contenu colique et en ramollissant les selles. Avis médical si utilisation prolongée.

• Les laxatifs osmotiques. Ils retiennent l’eau, empêchant les selles de durcir. Le lactitol (Importal) augmente le péristaltisme intestinal. Le lactulose augmente l’hydratation et le volume du contenu colique par effet osmotique. À conseiller durant quelques jours, en cas de constipation modérée.

• Les laxatifs rectaux. Seuls les suppositoires à la glycérine sont à conseiller et doivent être réservés à la situation d’urgence chez le nourrisson (s’il a visiblement des douleurs, s’il hurle…). L’abord anal chez l’enfant est traumatisant et le traitement de la constipation doit se faire en priorité par voie orale. En relais d’un suppositoire à la glycérine, toujours conseiller quelques jours de traitement par un laxatif lubrifiant ou osmotique pour faciliter la reprise du transit. Attention ! Les lavements rectaux (Normacol, Microlax bébé…) sont à bannir. Réservés à la prescription médicale, ils ne doivent jamais faire l’objet d’un conseil spontané. Quant aux laxatifs de lest (Spagulax, Transilane….), qui augmentent le volume des selles, ils sont à éviter chez les enfants. D’un délai d’action de deux à trois jours, ils peuvent provoquer des ballonnements.

le saviez-vous ?

De la couche au pot, l’éducation « à la propreté » est envisageable dès que l’enfant arrive à monter et à descendre un escalier tout seul (maturité du système nerveux autour de 18-24 mois).