- Accueil ›
- Profession ›
- Socioprofessionnel ›
- Le bonheur est dans l’essieu
Le bonheur est dans l’essieu
Préparatrice dans un hôpital local en Haute-Marne la semaine, Sabine Bouvin consacre tout son temps libre à la mythique « deuche ».
En voiture, Sabine ! La Simone de la fameuse expression, pionnière de la conduite automobile au début du xxe siècle, aurait tenu un volant dès 12 ans. À l’autre bout du siècle, Sabine découvre au même âge les joies de la décapotable dans la 2 CV de son père. « Je me souviens de ces balades, debout, à l’arrière, cheveux au vent ; c’est là que tout a commencé pour moi. » Comment la célèbre voiture, sortie des chaînes Citroën entre 1948 et 1990, peut-elle séduire une jeune femme de 24 ans ? « Ce qu’elle a de plus, c’est le rien », lance Sabine, malicieuse. « Pas d’électronique, un moteur tout simple, qui se laisse réparer, pas de vitesse excessive. » Une simplicité qui va de pair avec l’« esprit deuchiste » qu’elle vit en famille.
L’amour en 2 CV. En terminale, elle rencontre David. Attiré par la mécanique, il en fera son métier. Alors, quand le père de Sabine propose à son petit ami une épave, « un vieux châssis de 1954 quasiment broyé », les amoureux le prennent comme un défi. Ils s’attellent à la remise en état. Patiemment, méthodiquement. Toutes les pièces sont démontées, débossées, nettoyées… « D’abord petite main, passant vis et boulons, j’ai vite pris goût à ce travail de restauration. » Une année entière pour donner une nouvelle vie à cette 2 CV, qui arbore désormais une carrosserie bleu et blanc. Ce fier équipage, « sans le moindre point de rouille, malgré son âge », les conduira jusqu’à la mairie en 2009. Sabine imagine déjà les promenades avec ses futurs enfants, bercés par le ronron régulier de sa deuche. « Quand je ne conduis pas, le bruit du moteur m’endort instantanément ! »
Une existence sans cahots. Bac en poche, Sabine commence la biologie en faculté, un univers « trop abstrait, le règne du chacun pour soi ». Elle passe son BP de préparatrice en 2007 et reste un an en officine. Depuis deux ans, elle travaille au sein d’un hôpital local, maison de retraite et soins de suite, en Haute-Marne. « Sous la responsabilité du pharmacien, je suis tranquille pour préparer les commandes, gérer les médicaments et les dispositifs médicaux. » Cette structure à taille humaine facilite les contacts. « Tout le monde se connaît, je ne reste pas enfermée dans ma pharmacie, j’aime aller dans les services, pour être au plus près des besoins des infirmières. » Sabine a décidé de préparer le diplôme de préparateur en pharmacie hospitalière. « Durant la formation, je serai intégrée dans une équipe de 10 préparateurs, 1 cadre et 5 pharmaciens… » Un changement de taille qu’elle aborde sereinement.
« Deuchiste » de père en fille. Une première 2 CV achetée en 1998, un autre l’année suivante, et germe le projet d’un club d’amateurs dans la famille Bouvin. En 2001, le Deuch Méhari Dyane du Barrois voit le jour. L’association, qui siège à Haironville (Meuse), a pour but de « sauver de la destruction et restaurer les 2 CV ». Père président, mère intendante, mari, oncle, cousin… de nombreux membres de la famille de Sabine sont réunis par cette passion qui rythme leur année. L’hiver, la récolte de fonds est surtout l’occasion de rencontres festives : animations, repas, expositions et même édition d’un calendrier. Des premiers beaux jours à l’automne, le club part régulièrement en week-end, dans les départements limitrophes ou en Belgique, toute proche. « Pour moi, la 2 CV, c’est un art de vivre, c’est prendre son temps, partager des plaisirs simples. » Selon un rituel bien rodé, après la reconnaissance préalable du parcours par le président, la caravane de 2 CV s’ébranle. Au diable les autoroutes, les records de vitesse ne sont pas de mise. Les pauses, nécessaires aux pilotes comme aux engins, sont nombreuses. « Notre cortège est toujours admiré, les gens viennent nous parler, nous les faisons rêver. » À la nuit tombée, le camp est dressé, en un tour de main les tentes sont montées, une tonnelle installée, sous les gros yeux ronds des phares des chères automobiles. Le lendemain, place au tourisme ! Parmi les récentes visites : Baccarat et le musée du Cristal, la route des vins en Mâconnais. Et une soirée au son d’un orchestre pour clore la virée…
Le monde vu de ma 2 CV. Depuis quelques années, le club se concentre sur les rassemblements d’amateurs, « une façon de mêler tourisme et échanges avec des gens de tous horizons au langage commun : l’amour de la 2 CV. » Pendant le week-end de l’Ascension a lieu la rencontre nationale annuelle des clubs français, une concentration de près de 3 000 véhicules. « Ce sont un peu nos 24 Heures du Mans », dit Sabine en égrenant les villes et régions découvertes au fil des années. 2001, Diou dans l’Allier, 2005, Berck-sur-Mer… 2010, l’Orne. Quatre jours entre deuchistes, chaque club ayant à cœur de défendre ses couleurs. « Nous avons la tenue du club, veste Citroën, casquette et tee-shirt frappés de l’icône “2CV”. » La famille des fondus de 2 CV est cosmopolite. Des clubs venus des États-Unis, d’Amérique latine et du Japon ont participé au dernier rassemblement international biennal en 2009, à Most, en République tchèque. Sabine et son club en étaient. La traversée de l’Allemagne, une semaine à découvrir Prague et sa région, les rencontres…, elle n’est pas près d’oublier ce premier voyage en Europe. L’an prochain, Salbris, en Sologne, accueille la XIXe Rencontre mondiale des amis de la 2 CV, pour Sabine ce sera l’examen du diplôme hospitalier. Deux rendez-vous à honorer avec l’assurance de deuchiste. Tranquille.
Sabine Bouvin
Âge : 24 ans.
Formation : préparatrice en pharmacie.
Lieu d’exercice : Haute-Marne.
Ce qui la motive : vivre sa passion dans un esprit de famille.
Portrait chinois
• Si vous étiez un végétal ? Une ortie car personne n’ose s’approcher. Je suis une solitaire, j’aime travailler seule à l’hôpital.
• Une forme galénique ? Un comprimé effervescent, à libération immédiate. Je démarre vite, au quart de tour et quand on me cherche, on me trouve. Je bouillonne, les formes à libération prolongée, très peu pour moi !
• Un médicament ? Un placebo, surtout celui du soir (le rouge ;–) L’effet placebo est important. J’aime l’efficacité qu’il a sur nos petites mamies tout en étant amusant.
• Un dispositif médical ? Un pansement américain pour pouvoir absorber le maximum d’informations et de connaissances.
• Un vaccin ? Contre l’intolérance. Les gens devraient apprendre à accepter les différences de chacun, ne pas juger sur le look. On a tellement tendance à juger sans connaître.
• Une partie du corps ? Les jambes. Pour la danse et pour conduire. Je ne suis pas sportive, mais j’adore danser jusqu’au bout de la nuit. C’est un autre moyen pour moi de me défouler.
- Economie officinale : les pharmaciens obligés de rogner sur leur rémunération
- Grille des salaires pour les pharmacies d’officine
- Explosion des défaillances en Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et Occitanie
- La carte Vitale numérique, ce n’est pas pour tout suite
- [VIDÉO] Financiarisation de l’officine : « Le pharmacien doit rester maître de son exercice »
- Financement des officines : 4 solutions vertueuses… ou pas
- Prescriptions, consultations : les compétences des infirmiers sur le point de s’élargir
- Dispensation à l’unité : chassez-la par la porte, elle revient par la fenêtre
- Quelles populations sont actuellement à risque de développer un scorbut ?
- Gilenya (fingolimod) : quelles conditions de délivrance ?

