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« Je viens de me fouler la cheville »
Lésion traumatique fréquente (environ 6 000 cas/j. en France), l’entorse de la cheville n’est pas toujours bénigne. À l’officine, la prise en charge permet de soulager et de limiter l’œdème avant d’orienter vers le médecin, qui établira un diagnostic de gravité.
La plainte
L’entorse de cheville
L’entorse de la cheville correspond à la lésion de l’un ou de l’ensemble des ligaments qui relient les os entre eux. Dans 90 % des cas, elle touche le ligament latéral externe de l’articulation (entorse externe) qui relie le tibia et le tarse, et qui est composé de plusieurs faisceaux peu extensibles. Elle se produit lorsque le pied se tord vers l’intérieur (lors d’une activité sportive, talons…) et que les ligaments s’étirent au-delà de leurs limites. Selon le degré des lésions, une entorse est :
– bénigne : les faisceaux ligamentaires sont étirés ;
– de gravité moyenne : certains faisceaux ligamentaires sont déchirés ;
– grave : le ligament est totalement rompu.
Une lésion handicapante
Le plus souvent, l’entorse provoque une douleur brutale, immédiate, plus ou moins sévère, parfois syncopale, suivie d’une impotence fonctionnelle responsable de claudication, voire d’une incapacité à poser le pied par terre. Dans les heures qui suivent, un œdème et/ou une ecchymose plus ou moins localisés peuvent apparaître ; la douleur peut s’estomper ou persister. Certains signes orientent vers une entorse grave : claquement ressenti et/ou entendu lors de la foulure, cheville qui « ballotte » au-delà de l’amplitude habituelle, œdème immédiat en œuf de pigeon, ecchymose étendue, douleur syncopale, impossibilité de poser le pied à terre. Ces signes ne suffisent pas à trancher, car une entorse grave, même avec fracture, peut n’en présenter aucun.
Cibler la prise en charge
Du ressort officinal
Comme le diagnostic de gravité est délicat, l’officine doit se limiter à une prise en charge prédiagnostique du traumatisme. Elle repose essentiellement sur le consensus RICE : R comme rest (« repos »), I comme ice (« glace »), C comme compression et E comme elevation.
La consultation s’impose
Systématiquement, pour un examen clinique approfondi, une recherche des signes de gravité et si besoin la prescription de radiologies pour s’assurer qu’il n’y a pas de fracture. Du diagnostic de gravité dépendent la conduite thérapeutique, le risque de récidives et de complications tardives.
L’interrogatoire
« Pouvez-vous faire quelques pas ? », « La douleur est-elle intense ? », « Avez-vous entendu un claquement lors de la foulure ? » et « Avez-vous déjà eu une entorse à cette cheville ? » sondent les signes de gravité. Attention : des réponses négatives ne doivent pas faire négliger la prise en charge médicale. « Avez-vous mis quelque chose sur votre cheville ? » et « Avez-vous pris un médicament ? » permettent d’adapter gestes et conseils.
Expliquer la démarche
Les objectifs
L’objectif officinal est de soulager la douleur, limiter l’œdème, fournir une aide à la marche avant d’aller consulter, voire donner des conseils pour limiter le risque de récidives.
Le suivi
Expliquer que la visite médicale est fondamentale, que le traitement, qui dépend de la gravité, diminue le risque de complications et de récidives s’il est commencé rapidement. Le plus souvent, l’immobilisation relative par contention adhésive ou orthèse semi-rigide est possible, mais il faut quelquefois un plâtre, plus rarement une intervention chirurgicale. Une visite de contrôle est nécessaire trois ou quatre jours plus tard. Ensuite, il ne faudra pas négliger la rééducation, souvent précoce, qui permet de limiter les récidives par hyperlaxité ligamentaire et le risque de complications chroniques : instabilités, douleurs à la marche, au sport, arthrose.
Conduite immédiate
L’objectif est de soulager la douleur et de limiter l’œdème.
Mettre au repos
Stopper toute activité physique le plus vite possible, éviter tout appui sur la cheville qui est immobilisée. La délivrance de cannes anglaises (qui pourront être ensuite prescrites par le médecin) est conseillée pour faciliter la marche.
Surélever le pied
Faire asseoir et mettre le pied en position déclive (pied surélevé).
Appliquer du froid
Placer sur la cheville externe une poche de glace ou un pack réfrigérant pour cryothérapie (Coldhot, Actipoche, Gelpack, Physiopack…) en interposant un linge entre la poche et la peau. Laisser en place vingt minutes.
Comprimer
Une immobilisation temporaire avec contention soulage la douleur et limite l’œdème. Utiliser un bandage compressif temporaire, type bande cohésive élastique de contention, qui sera ôté facilement par le médecin (Tensoplus, Nylexogripp, Coheban, Coplus, Velpeaupress…). Ne pas trop serrer, cela couperait la circulation. Pas de strapping avant consultation médicale.
Prendre un antalgique
On peut conseiller la prise de paracétamol (500 mg à 1 g toutes les quatre à six heures, 3 ou 4 fois par jour, au-delà de 50 kg), sauf en cas de contre-indications (allergie, insuffisance hépatique…). En l’absence de contre-indications (allergies à un AINS, ulcère gastroduodénal, insuffisances hépatiques ou rénales sévères, grossesse), l’ibuprofène anti-inflammatoire est indiqué à la posologie de 200 à 400 mg par prise toutes les six heures sans dépasser 1 200 mg/jour, à partir de 40 kilos. Administrer avec une collation pour limiter les effets digestifs. Dans tous les cas, on peut associer sans délai de l’homéopathie : Arnica montana 15 CH, 1 dose le plus vite possible, à renouveler six à douze heures plus tard. Rhus toxidendron et Ruta graveolens 5 CH, 3 granules en alternance 3 à 4 fois par jour (finir les tubes).
Prévenir les récidives
Outre un traitement et une rééducation bien conduits, éviter la récidive en cas d’activité physique repose sur des moyens simples de prévention :
– continuer régulièrement les mouvements appris lors de la rééducation pour renforcer les muscles de la cheville et protéger ainsi davantage les ligaments ;
– s’échauffer la cheville par des mouvements rotatifs avant de débuter une séance ;
– éviter les terrains accidentés, en pente ;
– les premiers temps, porter l’orthèse de cheville semi-rigide prescrite par le médecin. Ensuite, on peut porter une chevillière ou un bandage élastique à fonction de rappel plus que de soutien (trop souple) : le fait de sentir la chevillière maintient une attention envers sa cheville (proprioception).
– opter pour les chaussures de sport montantes.
Questions de patients
Quand faut-il faire des radios ?
• En cas de signes de gravité ou de fracture détectés par le médecin et en cas de moindre doute. Systématiquement chez les enfants et les plus de 55 ans.
Quand reprendre ses activités après une entorse ?
Cela dépend de la sévérité de l’entorse :
• Pour les activités quotidiennes : si on ne porte pas de plâtre, l’articulation doit être mobilisée doucement mais rapidement, 1 à 3 jours après l’incident.
• Pour le sport : cela dépend des facultés de récupération personnelles, du type de sport et de l’intensité de la pratique. C’est le médecin et le kinésithérapeute qui sont à même de donner le feu vert. Classiquement, compter trois semaines après une entorse bénigne, quatre à six semaines en cas de gravité moyenne, deux mois après une entorse grave.
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