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Développement durable un nouvel univers
Sous l’impulsion des gouvernements européens, les entreprises commencent à décliner le développement durable dans leur activité. Les petites structures comme les officines sont encore bien timides. Quelques actions se mettent en place doucement dans le secteur. Le point sur ces initiatives officinales et le concept de développement durable pour se lancer à son tour.
Avouez-le. Vous ignorez ce qu’est le développement durable, non ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas les seuls. Pour la majorité d’entre nous, le développement durable est un concept branché sauce écolo et environnement. De « Sauvez Willie », nous sommes passés à « Sauvons la planète ». Achats éco-responsables, biocarburants, panneaux photovoltaïques, produits issus de l’agriculture biologique, rien n’est trop bon pour économiser les ressources naturelles. Pour cette raison, lorsque vous êtes interrogés sur les actions mises en place à l’officine dans le cadre du développement durable, vous répondez majoritairement tri des déchets, économies d’énergie, voire achats respectueux de l’environnement. Ces initiatives sont fort louables, mais le développement durable ne se limite pas à l’écologie. Cette méconnaissance du principe lui-même pourrait expliquer en partie la faible implication des pharmaciens. Pourtant, certains mettent en place une démarche de « pharmacie durable ». Avec une réelle opportunité de développement.
À la sauce du « durablement correct ». « En collaboration avec la mairie, nous collectons les DASRI des patients diabétiques, et les MNU dans le cadre de Cyclamed. Le papier des télétransmissions est recyclé en feuilles de notes et le chauffage utilisé en mode économique la nuit », rapporte Marilyn, préparatrice à Cabannes (Bouches-du-Rhône). « Nous avons mis en place un système de récupération des flacons vides, des cartons et du papier. Nous évitons aussi de rejeter nos préparations dans l’évier », ajoute Laurent, préparateur à Douvaine (Haute-Savoie). Demandez à un officinal de définir le développement durable, il répondra Cyclamed, économie d’énergie ou produits bio et achats responsables (voir sondage Porphyre page 19)… Pour Elie Semhoun, titulaire à Évry (Essonne), « le développement durable est difficile à expliquer, mais participe à la continuité de l’officine avec ses valeurs oubliées par certains, comme le conseil, l’écoute, l’aide au patient dans un environnement qui change ». Pour Josiane Corneloup, titulaire dans le village Saint-Bonnet-de-Joux (Saône-et-Loire), « c’était l’aspect environnemental et sociétal : limiter le gaspillage du médicament, utiliser les sacs réutilisables, ne pas nuire à la planète, la gestion des piquants, coupants et tranchants, la récupération des cartouches d’imprimantes… ». C’est lorsque son groupement PHR présente le référentiel « pharmacie durable » et sa démarche de labellisation certifiée par le Bureau Veritas Certification(1) qu’elle s’aperçoit « que cela allait bien au-delà. Cela a fait tilt chez moi parce que j’étais déjà sensibilisée à la problématique en tant qu’élue », poursuit cette titulaire. Vice-présidente du pays du Charolais-Brionnais, responsable des actions sanitaires médico-sociales et familiales et adjointe au maire de Saint-Bonnet-de-Joux (Saône-et-Loire), elle ignorait jusqu’alors – comme presque tous les officinaux – que le développement durable pût être décliné dans les entreprises, et spécifiquement à l’officine.
Écolo-social responsable et économico-performant. « Le concept de développement durable est souvent associé à une démarche environnementale alors qu’il est beaucoup plus large au niveau de la responsabilité, explique Lydie Duchêne, chargée du développement durable au sein du groupement de pharmaciens PHR. Pour bien le comprendre, il faut revenir sur sa construction. Aujourd’hui, le développement durable doit concilier trois piliers : un pilier économique, avec la notion de croissance de l’entreprise, un pilier environnemental, largement mis en avant dans les médias, mais aussi un pilier social, humain. » (Voir encadrés p. 17 et 18.) Depuis une dizaine d’années, les entreprises tentent de décliner le concept du développement durable dans leur entreprise. Cette démarche s’appelle la responsabilité sociale des entreprises ou RSE (voir encadré p. 21). Plutôt l’apanage des grandes entreprises, la RSE s’immisce dans les PME sous l’impulsion de la stratégie nationale de développement durable 2010-2013. À la clé, une démarche de performance sociale et économique en préservant l’environnement. Fort de ce constat, le groupement PHR a bâti un référentiel métier adapté au secteur officinal grâce à un groupe de travail réunissant pharmaciens et spécialistes du développement durable, sous la direction de Lydie Duchêne, pharmacienne et titulaire d’un master environnement santé. Créé en 2009, le label « pharmacie durable » est proposé aux pharmacies volontaires du groupe PHR. Appuyé sur les trois piliers d’une RSE classique, il est taillé sur mesure pour le cœur de métier du pharmacien, comme la loi HPST.
Le vert officinal devient durable. « Le volet santé du référentiel correspond au volet économique et à l’engagement sociétal d’une RSE classique. Il valorise le pharmacien en tant qu’acteur de santé publique et son intégration dans la société. Il s’agit par exemple de prendre contact avec le Planning familial ou une association de patients pour mener des actions d’information et de prévention, de mettre en place des dépistages, d’ assurer les premiers secours… », détaille Lydie Duchêne. Josiane Corneloup, en voie de certification, a tout de suite été « accrochée par ce volet orienté service aux patients avec un aspect prévention ». Quant au volet social, il aborde les actions pour améliorer les conditions de travail, favoriser le dialogue et les formations auprès de son personnel : plan de gestion des compétences, plan de formation, répartition des tâches, fiches de fonction, entretiens individuels, diversité… Enfin, le volet environnemental concerne les produits et le site. « Il s’agit de référencer des gammes responsables ou certifiées bio, par exemple, et de diminuer sa consommation de ressources, énergie, papier, eau », décrit Lydie Duchêne. Près de cent vingt actions réparties dans trois volets à réaliser en trois ans. « La pharmacie choisit les actions qu’elle souhaite mettre en place la première année. Elle a trois ans pour s’améliorer en continu », poursuit la responsable PHR. Au sein de chaque pharmacie, un responsable est nommé afin d’organiser toutes ces actions selon les priorités et les désirs de l’officine. À la pharmacie Corneloup, c’est Audrey Blanchard, préparatrice, qui est chargée du projet. « Nous avons par exemple mis en place des rendez-vous de prévention et de dépistage, opté pour des ampoules basse consommation et remplacé les sacs plastiques par des sacs réutilisables », précise la jeune femme. « Nous gérons les déchets en général et nous sensibilisons les clients au non-gaspillage, ajoute Josiane Corneloup. On a dû redéfinir les fiches de poste des quatre salariés, et j’ai organisé des réunions au sujet du plan de formation puisque des entretiens individuels doivent être réalisés. » À la pharmacie Corneloup, tout est désormais tracé, même les travaux et les produits d’entretien qu’utilise la femme de ménage. Produits respectueux de l’environnement, cela va sans dire…
À Niort, la pharmacie Frigot, labellisée « durable PHR » avait opté pour le recyclage du papier, l’utilisation de produits bio et le tri pour ses premières actions. « Nous allons collaborer également avec la ville de Niort pour certaines démarches de développement durable, comme la limitation des rejets des cartons », indique Magalie Bergeon, préparatrice. Depuis le lancement de ce label, en 2009, une trentaine d’officines PHR sur près de 2 000 du groupement se sont engagées, et moins de dix sont certifiées. Le coût n’est pourtant pas rédhibitoire. Formation, diagnostic, suivi, accompagnement, fourniture de fiches de poste préétablies, adresses d’entreprises pour le traitement de certains déchets coûtent en moyenne 150 euros par mois la première année, et 70 euros les deux années suivantes…
Un label qualité au goût durable. Autre initiative en faveur du développement durable, le référentiel qualité de Qualipharm, société prestataire de pharmaciens qui promeut le développement de la qualité et du management à l’officine. Créé en 2009 en partenariat avec le bureau Veritas Certification, ce référentiel qualité aborde six points d’exigence, dont le sixième évalue en trois critères la qualité « durable » de l’officine. Le premier critère concerne la réduction des dépenses énergétiques. « Dans notre officine certifiée Qualipharm depuis 2009, nous disposons d’un système de prêt de cabas pour remplacer les sachets, et notre bâtiment est équipé d’un triple vitrage diminuant les besoins de chauffage », déclare Dominique Schmidt, titulaire à la pharmacie L’Eau vive à Niederbronn-les-Bains (Bas-Rhin). Le deuxième point s’intéresse à la gestion des déchets, avec une évaluation sur les démarches de tri et de recyclage, et la collecte des DASRI (déchets d’activités de soins à risques infectieux). « Au sein de notre pharmacie certifiée depuis septembre dernier, nous avons mis en place un dispositif de tri du papier et des bouteilles en verre. Nous collaborons également avec une entreprise de réinsertion spécialisée dans l’élimination des cartons et des palettes de livraison », indique Pascale Repellin, titulaire à la pharmacie Poletti-Repellin à Albertville (Savoie). Enfin, la dernière partie estimée concerne le comportement citoyen. Les officines sont jugées par exemple sur leurs différentes démarches de sensibilisation aux problématiques environnementales (tri et traitement des déchets), ou de prévention auprès de la clientèle (diabète par exemple). Même si elle ne concerne qu’une partie du référentiel qualité, ce label permet aux officines d’aborder quelques points « durables » du pilier environnemental surtout au sein de leur activité. L’ensemble de ces critères est jugé selon un cahier des charges spécifique rédigé à partir des audits effectués au préalable par les enquêteurs de Qualipharm. « Il s’agit d’une démarche complètement indépendante, qui ne nécessite en aucun cas d’adhérer à un groupement pour se faire certifier. Elle comprend un accompagnement personnalisé », souligne Anne Steydli, consultante Qualipharm. L’ensemble du suivi par Qualipharm, audits et certification compris, représente un investissement compris entre 1 900 et 4 500 euros hors taxes.
Je suis seul, je fais comment ? Hormis ces rares labels, il est difficile de trouver un guide du développement durable pour l’officine. Certes, les pharmacies peuvent effectuer plusieurs démarches personnelles pour rendre leur activité « politiquement durable ». « Par exemple, l’établissement peut opter pour un double vitrage pour mieux contrôler la consommation de chauffage, ou bien celle d’électricité en s’équipant d’éclairage basse consommation », précise Valéry Hergott de Riposte verte, association incitant les entreprises du secteur tertiaire au développement durable. Les officinaux peuvent également agir sur les consommables et privilégier les produits biodégradables ou recyclables, s’entourer de fournisseurs engagés dans des démarches de développement durable, effectuer des démarches de tri sélectif et de recyclage de papier et d’emballages en cartons. Tout cela demande une grande énergie et beaucoup de compétences qui ne sont pas au référentiel des diplômes de pharmacien et de préparateur ! C’est pour cela que la plupart des chambres de commerce et d’industrie (CCI) proposent un accompagnement des petites et moyennes entreprises dans leur démarche durable. « Depuis deux ans, nous faisons des conférences, des ateliers, explique Arnaud Noulin, conseiller développement durable de la CCI de l’Essonne. La pharmacie est un commerce comme les autres, qui peut se tourner vers sa CCI. Du prédiagnostic au conseil, nous pouvons nous déplacer et faire un bilan sur les trois volets du développement durable. » La CCI de l’Essonne édite un fascicule où sont repris les principales démarches écologiques, sociétales et économiques.
Il faut le vouloir. L’intégration des démarches responsables dans le secteur tertiaire n’en est qu’aux balbutiements. Les quelques actions mises en place restent tout de même rarissimes. « Le développement durable n’est pas encore une priorité. Les entreprises du secteur tertiaire qui intègrent ce type de réflexion dans leur stratégie de croissance sont encore assez disparates », confirme Valéry Hergott. Tandis qu’Elie Sehmoun sensibilise sa clientèle aux enjeux du développement durable via le site de sa pharmacie, affirmant son rôle d’écoute auprès de sa clientèle. Il a mis en place des mesures d’économie d’énergie, référencé des gammes bio, etc., mais « préfère s’attarder auprès de femmes qui fument et prennent la pilule plutôt que sur les poissons qui changent de sexe à cause des rejets de pilule dans les eaux », assène-t-il, provocant. À chacun son rôle. Les actions en faveur du durable devraient prochainement se multiplier dans le domaine de la santé. « Nous venons tout juste de finir la phase de prise de conscience. Nous allons désormais passer à une phase d’action à l’aide de quatre grands plans, déclare Olivier Toma, président du C2DS (voir entretien ci-dessous). Le plus difficile reste maintenant de réunir tous les partenaires et de leur faire comprendre les enjeux du développement durable dans le domaine de la santé. » En passe d’être labellisée, Josiane Corneloup est enthousiaste : « Le développement durable, c’est un pharmacien qui a envie d’anticiper, d’innover et d’agir. Il a envie d’être un acteur de santé efficace dans la prévention et l’accompagnement, et de prendre soin de l’harmonie dans son équipe et dans l’environnement. Forcément, il est plus efficace. » Arnaud Noulin le conseiller durable de la CCI surenchérit : « Le développement durable assure la pérennité de l’entreprise en termes économiques et de ressources humaines. C’est une opportunité de développement tout court ». Vous avez dit durable ? Comme c’est rentable…
(1) Bureau Veritas Certification : organisme de certification, présent à l’échelle internationale pour l’évaluation selon différents référentiels de système d’entreprise.
Aux origines du développement durable
Signal d’alarme
Pour la première fois, en 1971, la surexploitation des ressources naturelles liée à la croissance économique et démographique est présentée comme incompatible avec la protection de la planète à long terme. Le Club de Rome, association internationale et non politique préoccupée par les problèmes des sociétés, publie « Halte à la croissance ». Ce rapport va jusqu’à préconiser la « croissance zéro » au profit de l’équilibre afin d’épargner les matières premières non renouvelables.
Naissance d’un concept
Le premier concept de développement durable est présenté en 1972 à la conférence des Nations unies sur l’environnement humain (Stockholm). Il est repris en 1987 dans le rapport « Notre avenir à tous », de Mme Brundland, Premier ministre de Norvège. Il est défini comme « un développement qui répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Pour protéger l’écosystème, le rapport suggère de circonscrire les pollutions induites par la civilisation industrielle. Le concept de développement durable est entériné lors du 1er « Sommet de la Terre », organisé par les Nations unies en 1992, puis adopté dans le monde entier.
Les trois piliers du développement durable
Le développement sous-entend un mode de croissance qui garantit à long terme le progrès économique, social et environnemental de la société.
Agenda 21
L’Agenda 21* – ou Action 21 – est un texte adopté par 173 gouvernements lors du Sommet de la Terre à Rio. Il fixe les progrès que l’humanité devra adopter au XXIe siècle pour maintenir son développement économique et social dans un environnement vivable. Il vise les domaines qui agissent sur l’individu et sa vie quotidienne. Pour y parvenir, les politiques publiques doivent réconcilier trois « piliers », qui se sont longtemps ignorés : l’économie, le social et l’environnement.
Économiquement efficace, écologiquement tolérable
La croissance et l’efficacité économiques doivent favoriser la création de richesses pour tous. Les prix des biens et des services doivent tenir compte des coûts environnementaux de leur production, et les relations économiques internationales évoluer vers plus d’équité. Une utilisation raisonnée des ressources et des milieux naturels a pour objectif de préserver, améliorer et valoriser l’environnement. Le développement industriel s’accompagne alors d’un maintien des grands équilibres écologiques (climat, diversité biologique, océans, forêts…) et d’une prévention des impacts environnementaux.
Et socialement équitable
La paix, la sécurité et la stabilité sont essentielles pour assurer un développement qui bénéficie à tous. La satisfaction des besoins humains (santé, logement, consommation, éducation…) doit donc répondre à un objectif d’équité sociale. « Un développement insuffisant débouchant sur la pauvreté tout comme un développement inadéquat entraînant une consommation excessive allant de pair avec l’expansion de la population mondiale peuvent se traduire par de graves problèmes d’hygiène de l’environnement… Il n’est pas de développement viable sans une population saine », stipule l’Agenda 21. Le programme prévoit la satisfaction des besoins en matière de soins de santé primaires et la réduction des risques pour la santé dus à la pollution et aux menaces écologiques. Du point de vue social, la lutte contre l’exclusion et la pauvreté, la réduction des inégalités et le respect des cultures ont pour objectif de « fournir d’urgence à tous la possibilité d’avoir des moyens d’existence durables » (Agenda 21).
* L’Agenda 21 est décliné au niveau des collectivités territoriales. Il est fondé sur la participation et le partenariat des acteurs privés et publics des collectivités. Il existe plus d’une centaine d’Agendas 21 locaux en France : www.agenda21france.org.
www.developpement-durable.gouv.fr : site du ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer.
www.developpementdurable.com : site d’actualités pour comprendre les enjeux.
www.cdurable.info : site d’information pour suivre et comprendre l’actualité.
www.jeconsommeequitable.fr : site pour informer et comprendre le commerce équitable.
www.cyclamed.org : site de l’association Cyclamed, avec un volet réservé aux professionnels de santé.
« Profiter du mouvement pour structurer le développement durable en pharm acie » Olivier Toma, président du Comité pour le développement durable en santé (C2DS)
Quatre grands plans prétendent révolutionner en profondeur le secteur de la santé. Les pharmaciens n’ont pas obligation de s’y tenir, mais pourraient en profiter pour structurer des démarches de développement durable au sein de leur officine. Pour l’instant, ces plans ne proposent que des lignes directrices, mais les décrets d’applications vont en préciser le mode d’exécution, notamment pour les PME.
Selon la loi Grenelle 2(1), les nanoparticules (NP) utilisées pour les préparations ou présentes dans certains produits seront strictement réglementées. L’entreprise devra en déclarer la quantité et l’usage, et sensibiliser les personnes au risque qu’elles entraînent. Un système individuel de collecte des déchets contenant des NP devra être prévu. Autre composante de la loi Grenelle 2, la gestion durable des déchets impose une collecte des DASRI mieux structurée pour pouvoir recueillir le flux important des déchets issus des patients en auto-traitement. Les effluents liquides devront être collectés spécifiquement, comme tout produit chimique, afin d’en assurer le bon traitement.
Le Plan santé au travail(2) prévoit de protéger les salariés contre les substances cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). En plus d’éviter l’exposition aux CMR, l’entreprise devra organiser un plan de prévention et des plans pluriannuels d’utilisation de telles substances.
La Stratégie nationale de développement durable(3) propose de doubler le volume des produits éco-labellisés en formant les salariés aux éco-labels et en privilégiant les produits labellisés. Ce plan prévoit également l’arrêt de la vente de produits contenant des CMR, et un renforcement du rôle de la médecine du travail pour les expositions aux produits chimiques.
Le Plan national santé-environnement(4) décliné en plans régionaux santé-environnement (PRSE) s’adresse à des sociétés spécialisées pour traiter les effluents pharmaceutiques, et protège les enfants et les femmes enceintes de l’exposition aux produits chimiques. En officine, cela pourrait conduire à l’interdiction de vendre certains produits cosmétiques et de parapharmacie (biberons contenant du bisphénol A, produits avec éthers de glycol ou parabens…). Enfin, l’entreprise devrait développer la connaissance et l’information sur les rejets de substances pharmaceutiques pour en réduire les risques. À ce propos, je travaille actuellement sur le projet PBT (Persistance bioaccumulation toxicité), qui vise à classer les produits chimiques et médicaments en fonction de leur impact sur l’environnement. Le pharmacien qui conseille déjà le client sur les médicaments les plus efficaces pourrait orienter leur choix sur les produits les moins polluants.
(1) La loi de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement dite « loi Grenelle 1 » du 3 août 2009 proposait des mesures touchant les secteurs de l’énergie et du bâtiment, des transports, de la biodiversité et des milieux naturels… La loi Grenelle 2 du 12 juillet 2010 met en application une partie des engagements du Grenelle environnement.
(2) Le premier Plan santé au travail 2005-2009 avait pour objectif affiché de réformer le dispositif national de prévention des risques professionnels. Le PST 2, Plan santé au travail 2010-2014 ambitionne de diminuer les expositions aux risques d’accidents du travail et de maladies professionnelles, et de développer une politique de prévention active contre des risques clairement identifiés.
(3) La SNDD est le cadre de référence et d’orientation pour l’ensemble des acteurs publics et privés, pour structurer leurs propres projets et politiques autour de choix stratégiques et d’indicateurs de développement durable. Elle a également vocation à assurer la cohérence et la complémentarité des engagements de la France au plan national, européen et international.
(4) Le Plan national santé-environnement 2009-2013 (PNSE 2) prévoit des actions sur le thème santé-environnement défini comme l’ensemble des interactions entre l’homme et son environnement, et les effets sur la santé liés aux conditions de vie (privée et professionnelle) et à la contamination des différents milieux (eau, air, sol,…). Il succède au premier Plan national santé-environnement (2004–2008), qui suscitait l’émergence politique de la thématique santé-environnement et sa prise en compte par l’ensemble de la société.
La responsabilité sociale des entreprises ou RSE
En 2001, la Commission européenne définit la responsabilité sociale des entreprises (RSE) comme « l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et à leurs relations avec leurs parties prenantes ». Cette volonté européenne est reprise dans le Grenelle de l’environnement. La RSE est le développement durable appliqué au niveau de l’entreprise. Concrètement, il s’agit d’agir dans les domaines économique, environnemental et social/sociétal :
• Pérenniser les activités de l’entreprise face à la raréfaction des ressources et du prix de l’énergie ; réduire l’impact de son activité sur les collectivités. Exemple : économie d’énergie, recyclage, achats raisonnés, etc.
• Au niveau des ressources humaines : créer, préserver et développer les emplois et le capital humain à long terme avec les notions de formation, de motivation, de fidélisation et de gestion des compétences. Exemples : créer un environnement propice au travail, une politique de prévention des risques professionnels, encourager la cohésion et lutter contre les discriminations en favorisant la diversité, investir dans la formation, prendre en compte les besoins individuels des salariés…
• Économie : optimisation des coûts…
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