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Les médicaments des troubles de l’érection

Publié le 1 avril 2011
Par Nathalie Belin
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Mode d’emploi, précautions et remboursement différencient les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 et l’alprostadil.

Une place stratégique

– Les médicaments d’aide à l’érection sont indiqués chez tout homme, sauf celui dont le cœur ne supporterait pas d’activité sexuelle (laquelle équivaut à monter 1 à 2 étages) : insuffisance cardiaque, coronaropathies très sévères…).

– Les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (IPDE-5) sont prescrits en première intention, même chez les coronariens – sous couvert d’une épreuve d’effort – et les patients à risque cardiovasculaire. Les injections intracaverneuses sont recommandées en cas de contre-indications ou de non-réponse aux IPDE-5, voire de préférence.

– Ni durée, accoutumance, effets indésirables ou limite d’âge.

Deux modes d’action

• Inhibiteurs de la PDE-5. Sildénafil, tadalafil et vardélafil se prennent par voie orale et nécessitent une stimulation sexuelle pour induire une érection. Délais, durée d’action et prise aux repas varient (tableau). Prise : ponctuelle, avant un rapport ou quotidienne pour Cialis 2,5 et 5 mg).

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• Alprostadil. Cette prostaglandine E1 induit une érection indépendante de toute stimulation sexuelle. L’administration, intracaverneuse ou intra-urétrale, nécessite un ap­prentissage. La dose doit permettre une érection complète cinq à dix minutes après l’injection.

Des effets indésirables

• Communs : céphalées, vertiges, hypotension, rare priapisme (érection prolongée et douloureuse pouvant induire des lésions péniennes). Une érection > 3 heures est une urgence.

• Spécifiques. IPDE-5 : rougeurs du visage, congestion nasale, troubles digestifs, visuels et auditifs, douleurs dorsales. Alprostadil : douleur à l’érection, hématome, saignement urétral et irritation vaginale chez la partenaire (intra-urétral).

Interactions absolues

• IPDE-5 : hypotension grave avec les dérivés nitrés (trinitrine, dinitrate d’isosorbide, nicorandil…) et donneurs de monoxyde d’azote (linsidomine, molsidomine et stimulants sexuels, type « poppers », puissants vasodilatateurs). Déconseillés : ritonavir, lopinavir, saquinavir, pamplemousse (jus).

• Alprostadil : prudence en association aux vasodilatateurs ou antihypertenseurs. Risque accru de saignement sous AVK.

Remboursement

Oui pour l’alprostadil intra­caverneux sur ordonnance d’exception (séquelle de chirurgie, sclérose en plaques, paraplégie, séquelles de chirurgie, de radiothérapie ou du priapisme, neuropathie diabétique avérée).

Particularités

• Les deux types de médicaments des troubles de l’érection ont un mode d’action différent.

• Les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (IPDE-5) se prennent par voie orale, à la demande ou en prise quotidienne. Ils diffèrent par leur délai, leur durée d’action, leur prise par rapport à la nourriture.

• L’alprostadil nécessite un apprentissage.

• Aucun n’est remboursé, sauf l’alprostadil dans certains cas.

Repères

La dysfonction érectile (DE) est l’incapacité persistante ou répétée d’obtenir et/ou de maintenir une érection suffisante pour une activité sexuelle satisfaisante (au moins trois mois). Les causes sont nombreuses, en raison de la participation nerveuse et vasculaire du mécanisme de l’érection : vasculaires (traumatiques, hyperlipidémie, HTA, diabète, athéromateuses, tabac), altérations nerveuses centrales (SEP, paraplégies, Parkinson, AVC…) ou périphériques (diabète, prostatectomie…), psychologiques (absence de désir…), pathologies (dépression…), médicaments (diurétiques thiazidiques, anti-H2, antidépresseurs, NLP, hypolipémiants…), déficit en testostérone…