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Les bas de compression médicale

Publié le 1 juin 2011
Par Christine Julien
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Prise de mesures, essayage et accompagnement de qualité sont indispensables pour favoriser l’acceptation des bas de compression.

Connaître

• Les classes de compression. Au nombre de 4, elles sont déterminées par la pression exercée à la cheville par le bas, exprimée en mm Hg (mercure). Cette compression est dégressive à partir de la cheville : plus on monte le long de la jambe, moins la compression est importante. C’est sur la cheville et le mollet que la compression est maximale (et donc efficace). Classe I : 10 à 15 mm Hg. Classe II : 15 à 20 mm Hg. Classes III et IV : 20 à 36 mm Hg et supérieur à 36. Les bas antithromboemboliques (ATE) procurent une compression dégressive légère, entre 10 et 18 mm Hg, comparable à une classe I.

• Les formes. Toutes sont équivalentes en termes d’efficacité.

La chaussette : facile à enfiler, tient moins chaud ; contre-indiquée en cas de varice crurale.

Le bas-cuisse : moins chaud que le collant et préférable en cas de « bedaine ». Les bas à pied ouvert de série sont à proposer en cas de pied « déformé » (oignon, etc.) et l’été, avec des chaussures à bout ouvert.

Prescrire

Peuvent prescrire des bas : médecins, masseurs kinésithérapeutes, les infirmières (dans le cadre d’un renouvellement à l’identique) et les sages-femmes.

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Mesurer

• Un geste capital. À chaque nouvelle prescription, à l’écart, patient debout, pieds nus et à plat, avec un mètre couturière, mesurer : le tour de cheville au-dessus de la malléole, là où la cheville est la plus fine ; la circonférence du mollet à l’endroit le plus large ; la hauteur du sol jusqu’à deux travers de doigt sous le pli du genou (creux poplité) pour les chaussettes et sous le pli de la fesse pour les bas-cuisse ; du sol à l’entrejambe pour les collants. Se référer ensuite aux tailles des produits des fabricants. Si une mesure se situe entre 2 tailles, privilégier le tour de cheville.

• Faire essayer à la pharmacie. Avec le but d’enseigner la gestuelle de l’enfilage (pour éviter la concentration des fils de trame au niveau de la cheville) et de prouver l’efficacité du bas. Au bout d’une dizaine de pas, la pompe musculaire agit, les veines se dégonflent et la personne ressent un bien-être.

• Les astuces. Si le patient ne peut pas revenir, mettre ses jambes en décubitus (surélevées) au moins 20 minutes avant la prise de mesures ; si une cheville est plus enflée que l’autre, le périmètre de la plus fine sera la référence.

• À éviter. Trop serrer le mètre ; mesurer un membre œdémateux, sur un bas de ville et tard dans la matinée ou dans la soirée ; se fier aux mesures antérieures ou prises par le patient ou son entourage.

• Une prescription adéquate. Vérifier que le patient peut se toucher aisément les pieds avec les mains, sinon, conseiller l’aide d’une tierce personne ; en cas de produit de série inadapté, renvoyer vers le médecin pour du sur-mesure ; si une classe II est difficile à enfiler, suggérer au médecin de remplacer par deux classes I. Idem pour la III (suggérer I + II).

Délivrer

• Ne pas substituer. La substitution d’une marque à une autre est interdite, sauf en cas d’accord du prescripteur. Éviter les produits mixtes, les morphologies varient selon le sexe.

• Choisir les matières. Selon les goûts et selon la saison, proposer du coton, des viscoses de bambou pour ceux qui transpirent, des opaques faciles à enfiler ou du transparent, de la laine thermorégulatrice… Demander ce que la personne porte habituellement comme bas de ville, et faire toujours toucher les articles. Si l’esthétique de la contention déplaît vraiment, suggérer de recouvrir par des bas de ville.

Accompagner

• Rappeler l’intérêt. La compression médicale réduit le calibre des veines superficielles, renforce l’efficacité de la pompe musculaire et permet de diminuer l’œdème par action mécanique. Le bas est un traitement efficace qui facilite le retour veineux et soulage.

• Expliquer le bon usage. Enfilage : le matin après la douche ; talquer la jambe ou le pied en cas de pied moite ; retourner le bas à l’envers jusqu’au talon avant de l’enfiler en le déroulant le long de la jambe sans trop le tendre ; si besoin, utiliser une aide (enfile-bas, glisse-pied). Entretien : la durée d’efficacité est de l’ordre de six mois, sous réserve d’un entretien adapté ; laver à 30°C, programme « délicat » (si lavage à la main, rincer abondamment et presser dans une serviette) ; sécher loin d’une source de chaleur (pour préserver l’élasthane) ; dégraisser si besoin la bande antiglisse d’un bas-cuisse avec un coton imbibé d’alcool.

Particularités

• Le terme « bas » englobe chaussettes, bas-cuisse et collants, d’efficacité comparable.

• Chaque classe de compression a des indications préférentielles dans les affections veineuses chroniques, la maladie thromboembolique veineuse et le lymphœdème(1).

• Les bas sont inscrits sous ligne générique à la liste des produits et prestations remboursables (LPPR), sans prix limite de vente.

• Les indications, la prescription, la délivrance et la prise en charge sont en cours de révision, car l’inscription sur la LPPR doit être sous-tendue par le service médical rendu. En attendant, les règles ci-contre s’appliquent.

(1) fiches bon usage de la compression, HAS 2010-2011.

Repères

La maladie veineuse chronique englobe les anomalies cliniques résultant d’une pathologie des veines des membres inférieurs, profondes ou superficielles (thromboses, varices…).

La compression est obtenue par l’application d’un textile élastique qui exerce une pression active et permanente sur les muscles sous-jacents au repos ou pas (d’où le retrait du bas la nuit). Le terme de contention s’applique à des dispositifs plutôt non (ou peu) élastiques (telles les bandes).