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La potion musique d’un dandy
Il adore son métier de préparateur, mais c’est sur scène qu’il exulte. Compositeur, chanteur et guitariste, Fabrice Filippini est le leader de Lust, un groupe de heavy metal grenoblois.
Vêtu de noir, cheveux longs et tatoué, Fabrice attire regards et commentaires. Y compris chez son précédent employeur. Aujourd’hui, il élabore potions, gélules et toutes formes externes au préparatoire de la pharmacie des Eaux claires, à Grenoble (Isère), dont les patrons « sont ouverts d’esprit ». Les problèmes de solubilité et de faisabilité satisfont sa réflexion et son premier choix après le bac, « devenir technicien de laboratoire ». Sur la paillasse, le geste précis reflète son goût pour le métier, mais c’est avec des cordes et un micro que Fabrice Filippini exprime toute sa personnalité. Sur scène, il est Wild Thing, le leader de Lust*, groupe de heavy metal orienté glam. « La musique metal est souvent criée, avec un son lourd, grave et sombre, tel celui de Children of Bottom. Le glam, proche du hard-rock, est chanté avec une voix plus claire, comme chez Poison », explique le guitariste-chanteur. Ses influences musicales sont éclectiques : « Métal, reggae, musique classique, techno ou genre plus mélodieux, ou l’électro pour son univers… Tout ce que j’écoute m’influence, je suis curieux. » Avec un faible pour X Japan, dont il apprécie « la structure et la force émotionnelle des chansons, ainsi que la mise en scène ». Il évoque aussi « la musique plus légère et les thèmes des chansons plus festifs » d’Alice Cooper ou de Kiss, des années 1980. Peut-être en référence à son enfance…
La musique adoucit la vie. Le père de Fabrice, ouvrier en semaine, installe sa disco mobile dans les bals et les fêtes de village le week-end. Fabrice, dès l’âge de 10 ans, l’accompagne et se régale avec Abba, Madonna, AC/DC ou Mickael Jackson. La musique attire les filles. Un constat qui le pousse dès le collège vers la guitare basse, « seul, en autodidacte, grâce à des logiciels », puis vers la guitare. Son premier groupe, Samsara, répète dans un garage, pour se produire dans les fêtes et les bars. Contre quelques boissons, ils font vibrer le public, « et surtout les filles », avec des reprises de Nirvana ou d’AC/DC. « Ado, je déprimais souvent, j’écoutais de la musique triste, je picolais trop, et je restais seul. C’est la musique qui m’a sorti de là. » Plus tard, Fabrice monte un autre groupe, Renegades. Toujours avec des potes. Il écrit quelques chansons, musique et paroles, mais juge « ses premières compositions pas terribles » ! Il veut faire de la musique son métier, mais s’assure « une vie professionnelle, au cas où ça ne marcherait pas ». Il entre en BP et découvre rapidement qu’il aime le métier de préparateur et bosse beaucoup : « Je voulais ce diplôme ! » À partir de 2009, Fabrice aspire « à une musique plus propre ». « Je me suis laissé un an. Je jouais seul, j’avais besoin de clarifier les choses. J’ai alors cherché des musiciens avec le même désir que moi : faire de la bonne musique, avec de la rigueur. » Sont arrivés Rastine (Alexandre), guitariste, Contorlok (Mickaël), bassiste, et Johan, le batteur. Le groupe Lust est né, qui répète dans un studio grenoblois, deux heures par semaine pour un coût de 46 euros. Dans quelques mois, ils enregistreront un disque. Les chansons écrites par Fabrice sont quasi prêtes. Huit morceaux alternent sonorités violentes et onctueuses, rythme rapide et langoureux. « Ça se tient… »
Le message dans la peau. Sur un logiciel, Fabrice parcourt ses gammes, bricole et ajoute des accords, puis écrit les partitions pour les autres musiciens. « Je suis un peu tyrannique, mais ils peuvent apporter des modifications », nuance le leader. Il compose en anglais, « une langue que j’aime, facile à chanter ». La musique assez joyeuse enveloppe des textes noirs et dépravés – lust signifie « luxure » en anglais. Le thème de la sexualité est présent dans toutes les chansons. « Selon la wicca, philosophie hippie, le sexe ne peut pas être vulgaire », mais Fabrice ne confond pas relation amoureuse et compulsion sexuelle. Avec une poignée de petites amies à son actif, il a néanmoins vécu une rupture de fiançailles avec une jeune fille trop jalouse. Toutes ses expériences ponctuent ses créations, musicales ou visuelles. Son corps est constellé de tatouages qui racontent son histoire. : « Un succube – démon féminin – pour me rappeler que les filles peuvent causer du mal. Un dragon, mon signe astral chinois, qui représente la perfection, la beauté et l’honneur, des valeurs que j’essaie de respecter. Une rose et une clé de sol pour l’amour et la musique, et une croix égyptienne, symbole de la vie, qui est un cadeau et pas une malédiction, suivie d’une longue phrase sur le destin que l’on peut se forger. » Fabrice a mis de l’ordre dans son existence et a défini ses priorités. D’abord, sa musique et son univers scénique. Son look gothique mature de dandy du XVIIIe siècle avec chemises à jabot. Son costume de scène est prêt, tout en velours et en dentelles. Une élégance pour vibrer et vivre encore cette émotion ressentie dans un concert donné devant 900 personnes à Lyon. « Quand je monte sur scène, rien de mal ne peut m’arriver. Je suis un show man. » Il souhaite composer un opéra rock et vivre en tournée avec ses « frères » de scène, mais il reste prudent : « Je n’ai pas envie de gaspiller ma vie. » Idem pour les filles : « L’amour, c’est plus qu’un pincement au cœur, c’est quelqu’un qui sera toujours là pour vous. Cela se construit sur plusieurs années. » Un romantique moderne, ce Wild Thing…
* http://www.facebook.com/pages/LUST/224327787581814
Fabrice Filippini
Âge : 23 ans.
Formation : préparateur en pharmacie.
Lieu d’exercice : pharmacie des Eaux claires, à Grenoble (Isère).
Ce qui le motive : le désir de perfection, être un honnête homme.
Portrait chinois
Si vous étiez un végétal ?
La rose, symbole de l’amour et de l’art, les choses qui comptent le plus pour moi. On peut être tatoué et romantique, c’est même en accord pour moi.
Une forme galénique ? Une forme injectable, car je suis impatient. Il faut que ça aille vite, toujours. C’est mon côté violent, qui se retrouve dans le type de musique que je joue. Quand je monte sur scène, j’aime quand le trac disparaît d’un coup, ça soulage de la même façon qu’un injectable.
Un médicament ? Du Viagra. Le sexe est essentiel dans la vie et devrait être possible pour tous. C’est aussi le côté heavy metal, le sexe fait partie du way of life de cette musique.
Un dispositif médical ? Un poignet de contention qui me permet de faire trois heures de guitare sans trop souffrir de ma tendinite. La seule façon pour que le show must go on…
Un vaccin ? Contre les préjugés et les amalgames. Parce que je suis tout en noir et tatoué, on m’identifie souvent à un drogué ou à un oiseau de mauvais augure, alors que cette musique n’est pas génératrice d’idées noires en fait, c’est un second degré.
Une partie du corps ? Les yeux. On a tous un masque, une enveloppe mais les yeux ne trompent pas, ils permettent de repérer à coup sûr les sentiments et les coups fourrés.
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