Les topiques antimycosiques

Deux types d’action

• Action antifongique. Amorolfine, ciclopirox et bifonazole (Amycor Onychoset) sont des antifongiques à large spectre d’action (dermatophytes, moisissures, levures). Ils détruisent peu à peu le champignon en inhibant un composant de sa membrane cytoplasmique, et stoppent sa propagation.

• Action kératolytique. Dans certains cas (ongle épaissi, décollé), un kératolytique tel que l’urée (Amycor Onychoset, Onyster) est utile car les antimycosiques ne peuvent pénétrer correctement. Une fois la partie atteinte « éliminée », on applique un topique antifongique en relais.

Seuls ou en association

• Traitement local seul. Si l’atteinte se limite à la partie distale de l’ongle (extrémité au niveau du bord libre) ou aux côtés.

• Associés aux antifongiques oraux. En cas d’atteinte importante (plus de deux ongles) ou suspectée de la matrice (base de l’ongle assurant sa pousse)?; d’échec du traitement local. Prélèvement mycologique indispensable afin d’orienter le choix du traitement.

Deux prises en charge

• À l’officine. Uniquement chez l’adulte (>18 ans) ; si atteinte localisée au bout de l’ongle ou sur les côtés, et si elle touche au maximum deux ongles.

• Consultation obligatoire. En cas d’atteinte de plus de deux ongles ou de la base de l’ongle ; d’ongle endommagé (épaissi ou décollé) ou infecté ; de diabète ; d’immunosuppression ; de troubles circulatoires (artérite…) ; d’absence d’amélioration au bout de 3 mois de traitement. Utilisation possible durant la grossesse, sur avis médical.

Traitement long

• Antifongiques. Traitement à poursuivre jusqu’à la repousse complète de l’ongle : environ 6 mois pour les mains, et de 9 à 12 mois pour les pieds.

• Urée. 1 à 3 semaines de traitement avant la découpe des zones atteintes par le médecin, puis appliquer une crème antifongique durant 4 à 8 semaines.

Effets indésirables rares

Rares et locaux : rougeur, brûlure, irritation. Possible allergie à la lanoline (Amycor Onychoset) ou au pansement (Amycor Onychoset, Onyster).

Applications

Le soir, pour éviter le frottement des chaussures sur le vernis ou son élimination par lavage (Onytec).

• Amorolfine. Retirer la couche précédente avec un dissolvant ; limer l’ongle (jeter la lime ensuite). Puis, pour Curanail, nettoyer l’ongle avec une lingette. Appliquer le vernis avec la spatule. Laisser sécher quelques minutes. Se laver les mains (le vernis résiste à l’eau et au savon).

• Ciclopirox. Mycoster 8 % : sur tous les ongles du membre atteint pour prévenir la contagion. Une fois par semaine, retirer les anciennes couches avec un dissolvant car le vernis n’est pas soluble dans l’eau. Onyster : sur le ou les ongles atteints en dépassant sur la peau environnante et sous le bord libre de l’ongle. Ne pas laver durant les 6 heures qui suivent (vernis hydrosoluble), sinon renouveler l’application. Dissolvant inutile.

• Urée. Sous pansements. Amycor Onychoset : avant application, baigner l’ongle dans l’eau chaude, éliminer la partie ramollie avec le grattoir.

Particularités

• La fréquence et les modalités d’application diffèrent selon les produits.

• Les vernis sont des spécialités, listées ou non, certains disponibles en médication familiale, d’autres sur prescription et en conseil (amorolfine dans Loceryl et Curanail), ou des dispositifs médicaux (Onyster).

• La prise en charge à l’officine dépend du degré d’atteinte.

• Le traitement est long, jusqu’à la repousse complète de l’ongle sain.

Repères

Les mycoses de l’ongle (onychomycoses) sont dues à des dermatophytes (champignons kératinophiles à tropisme préférentiel pour les phanères, poils et ongles), des levures (Candida) ou des moisissures. Contagieuse (risque de dissémination aux autres ongles, à la peau saine, à l’entourage), la pathologie ne guérit pas spontanément. Elle entraîne une gêne esthétique, voire des douleurs.