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Les préparations ophtalmiques

Publié le 1 décembre 2011
Par Nathalie Belin
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Conservation, principaux effets indésirables, modalités d’application, ce qu’il faut savoir pour bien délivrer les collyres et les pommades ophtalmiques.

Les conservations diffèrent

• Les « unidoses ». À usage unique. À jeter après utilisation.

• Les « multidoses ». Avec conservateur : 4 semaines après ouverture (selon pharmacopée française ; certains mentionnent 15 jours). Pommades ou gels ophtalmiques : 15 à 28-30 jours (Ciloxan) selon les principes actifs. Le système « Abak » (« A » pour privative, « bak » pour chlorure de benzalkonium, c’est-à-dire sans chlorure de benzalkonium) où une membrane située entre l’embout et le contenu du flacon piège les bactéries (Naabak, Cromabak, Timabak…) : 8 semaines après ouverture. Le système « Comod » (Timocomod, Hylo-comod…) ou « UP » (Aqualarm UP, pour usage prolongé) pour une instillation sans retour d’air, donc sans risque de contamination : 12 semaines après ouverture.

• Autres. Au réfrigérateur, avant ouverture : latanoprost (Xalatan, Xalacom) ; avant et après ouverture : pegaptanib (Macugen), et ranibizumab (Lucentis), médicaments d’exception de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) et dont la prescription est réservée aux ophtalmologistes.

Effets indésirables

• Liés à la galénique. Collyre et pommades sont des corps étrangers pour l’œil, d’où possible sensation passagère de gêne, rougeur ou picotement. Attendre quelques minutes avant de conduire.

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• Liés au conservateur (antiseptique empêchant la contamination bactérienne après ouverture : chlorure de benzalkonium ou de cétrimonium, bromure de benzododécinium…). Réactions inflammatoires de type allergique, gêne ou sécheresse oculaire : en fonction de la dose et du temps d’utilisation. Dans les traitements longs, un collyre sans conservateur améliore tolérance et observance. Risque d’irritation en cas de port de lentilles de contact (souples surtout) : les retirer avant instillation (adsorption du conservateur sur la lentille) et attendre un quart d’heure avant de les remettre.

• Liés au principe actif. Mydriatiques locaux (Skiacol, Mydriaticum, Néosynéphrine Faure) utilisés en vue de dilater la pupille (fond d’œil…) : risque de gêne et d’éblouissement dans les heures suivant l’instillation. Éviter la conduite automobile. Lunettes de soleil recommandées selon l’ensoleillement. Bêta-bloquants (Betoptic, Carteol, Betagan, Timabak…) : effets indésirables systémiques rares, mais possibles, donc, mêmes interactions médicamenteuses que pour la voie générale. Analogues des prostaglandines (Lumigan, Xalatan, Travatan…) : allongement des cils, assombrissement de l’iris ou de la peau des paupières. Effets systémiques rares mais possibles (tachycardie, hypertension…).

Pommades à l’oxyde de mercure : risque d’eczéma de contact allergique (stopper en cas de gêne excessive). Vasoconstricteurs (mydriatiques, phényléphrine dans Isodril Phenylephrine, Visiodose, naphazoline dans Collyre Bleu Laiter…) : risque de déclenchement d’une crise de glaucome aiguë par fermeture de l’angle. Non recommandés en cas de troubles urétro-prostatiques (risque de rétention urinaire). Rifamycine : colore en rouge lentilles, peau, vêtements… Vitamine B12, phényléphrine : colore les lentilles.

Le mode d’emploi

• La « base ». Se laver les mains ; éviter de toucher l’oeil ou les paupières avec l’embout ; vérifier la durée de conservation ; à la première utilisation, calculer, puis noter la date limite de conservation après ouverture sur le conditionnement (environ 30 gouttes par ml de collyre).

• Instillation. Tête droite, tirer la paupière inférieure vers le bas avec l’index ou le pouce, ce qui évite toute pression sur le globe oculaire ; regarder vers le haut et laisser tomber la goutte (l’œil ne contient que 3/4 de goutte). Entre deux collyres, respecter un temps de 3 à 4 minutes pour qu’ils soient résorbés. Bloquer la racine du nez avec un doigt ou fermer les paupières durant 3 minutes peut diminuer le passage systémique. En cas de difficulté à sentir la goutte dans l’œil, placer le collyre au frigo (le froid est mieux perçu).

• Application. Mettre un grain de blé dans le cul-de-sac conjonctival inférieur de l’œil en regardant vers le haut et en tirant légèrement la paupière inférieure vers le bas ; relâcher la paupière inférieure ; cligner des yeux plusieurs fois pour être sûr que la pommade couvre la totalité de l’œil ; œil fermé, essuyer proprement l’excédent.

particularités

• La technique d’instillation du collyre ou d’application de la pommade ophtalmique doit être expliquée.

• Les durées de conservation diffèrent selon les présentations.

• Risque de passage systémique potentiel, notamment avec les collyres bêta-bloquants.

• Il existe des effets indésirables liés au conservateur ou au principe actif.

repères

Collyre, gel et pommade ophtalmiques sont des préparations stériles traitant les pathologies de l’œil et des paupières. Leurs principes actifs appartiennent à différentes classes pharmacologiques (antibiotiques, anti-inflammatoires…). On dit « instiller » un collyre (verser goutte à goutte, du latin stilla : goutte). Pommades, crèmes ou gels stériles destinés à être appliqués sur les conjonctives sont utilisés lorsqu’un effet plus prolongé que celui des collyres est désiré.

ERRATUM

Dans le Porphyre n° 477, il fallait lire Onytec et non Onyster dans le texte, partie « ciclopirox ».