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Demander plus pour gagner plus

Publié le 1 février 2012
Par Fabienne Rizos-Vignal
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Source de motivation, le salaire est aussi le plus gros poste de dépenses de l’entreprise. Nos conseils pour demander « plus » à votre employeur, avec, bien sûr, tact, diplomatie et persuasion…

Capitalisez vos chances

Avoir une bonne raison

La décision d’accorder, ou non, une augmentation de salaire fait partie des prérogatives de l’employeur dans le cadre de son pouvoir de direction. Toutefois, rien ne vous empêche de prendre l’initiative d’aborder le sujet. À condition de ne pas demander pour demander. Une augmentation est justifiée si elle s’inscrit dans une évolution des compétences, des responsabilités, et des résultats. Arguments à l’appui ! Les justifications personnelles (« Je fais construire une maison », « Mon mari est au chômage », « Je viens de divorcer », etc.) ne sont pas recevables.

Choisir le bon moment

L’entretien annuel d’évaluation est le moment le plus opportun car il permet de mettre en adéquation le travail fourni avec le niveau de salaire. Au cours de cet échange, le titulaire livre son appréciation et s’exprime sur la qualité du travail fourni. Si le bilan est positif, vous pouvez légitimement demander une contrepartie sonnante et trébuchante. Solliciter une augmentation est un événement normal dans une relation de travail.

Trouver les mots justes

Pour engager un dialogue constructif, le titulaire ne doit pas se sentir agressé. Les demandes revendicatrices comme « Vous ne m’avez pas augmenté (e) depuis cinq ans » ou « Vous me payez au plancher de la grille des salaires » risquent d’être mal perçues et de créer un malaise. Mieux vaut rester neutre : « J’aimerais que l’on discute de mon salaire ». Ce qui amènera votre employeur à se dévoiler et vous, à vous vendre. Le mot d’ordre est de dépassionner l’enjeu en abordant le sujet sans tabou, ni complexe.

Les 5 erreurs à éviter

• Se jeter à l’eau sans se préparer. Un entretien d’augmentation ne s’improvise pas. Le minimum est d’être capable de motiver sa demande et de parer aux éventuelles objections de l’employeur.

• Comparer son salaire à celui d’un collègue. Ce critère est délicat à avancer et fragile. La différence de rémunération peut très bien résulter de la qualité du travail fourni.

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• En parler haut et fort avec ses collègues. La principale crainte des titulaires est l’effet d’entraînement créé par une demande individuelle qui, au final, se propage au reste de l’équipe. La discrétion est donc de mise.

• Justifier sa demande par des raisons personnelles. Seuls les arguments liés au travail comptent. Les autres motifs sont hors-sujet.

• Poser un ultimatum. Bannir les « Si je ne suis pas augmenté (e), je pars » ou « On me propose un meilleur salaire dans une autre pharmacie ». Ce chantage risque de braquer l’employeur et de générer des tensions.

Gérer un éventuel refus

Si l’employeur ne vous accorde pas d’augmentation, il est essentiel de garder une attitude positive et professionnelle, ce qui n’interdit pas d’exprimer sa déception. En revanche, il serait contre-productif de montrer ostensiblement son mécontentement, faire la tête ou menacer de travailler moins. D’autant qu’un refus peut être lié à des raisons conjoncturelles indépendantes des résultats du salarié (chiffre d’affaires en baisse, investissements non rentabilisés, etc.). Mieux vaut rebondir en négociant les conditions d’une future hausse de salaire en demandant par exemple : « Que faudrait-il que je fasse dans l’accomplissement de mon travail pour être prochainement augmenté (e) ? »

Les règles de progression

L’expérience rapporte

• Les préparateurs débutent au premier échelon, qui correspond au coefficient 230. Puis, le salaire progresse automatiquement avec le nombre d’années de pratique professionnelle, jusqu’au coefficient 310. À chaque changement d’échelon, le coefficient hiérarchique augmente, et donc le salaire.

• Les pharmaciens adjoints. Leur salaire grimpe automatiquement avec le nombre d’années de pratique professionnelle, du coefficient 400 à 500. Pour prétendre aux coefficients supérieurs, de 500 à 800, les adjoints doivent justifier de compétences complémentaires ou de responsabilités entraînant le commandement d’autres pharmaciens.

La promotion en or du 330

Le coefficient 330 culmine au sommet de la classification des emplois de préparateur. Il est théoriquement accordé « aux préparateurs qui possèdent des qualités techniques et commerciales exceptionnelles et qui exécutent des travaux comportant une large initiative ». Cette définition, qui comporte une large part de subjectivité (à partir de quel niveau, un préparateur est-il considéré comme exceptionnel ?), est librement appréciée par l’employeur.

Pour bonifier son salaire

Certaines compétences reconnues par la convention collective nationale de la pharmacie d’officine donnent automatiquement droit à :

• un bonus de 25 fois la valeur du point officinal pour les préparateurs effectuant des préparations allopathiques et homéopathiques ;

• une majoration de 10 % sur le salaire minimum des préparateurs titulaires du diplôme de conseiller en dermocosmétique ou du certificat de qualification professionnelle (CQP) de dermocosmétique pharmaceutique, à condition d’en faire usage à la pharmacie, notamment en organisant le rayon de dermocosmétique, en négociant les achats, en gérant les stocks, etc. ;

• le coefficient 500 minimum pour les pharmaciens adjoints qui détiennent un DU (orthopédie, MAD, homéopathie, etc.) ;

• une majoration de 8 % sur le salaire minimum en cas d’utilisation régulière au comptoir d’une langue étrangère.

Calculez votre salaire avec la valeur du point

Le salaire minimum conventionnel des préparateurs et des pharmaciens adjoints est indexé sur la valeur du point* officinal selon la formule : salaire mensuel brut = (point X coefficient / 100) X volume horaire mensuel. Pour obtenir le salaire net, il suffit de multiplier le montant brut par 0,779.

(*) 4,098 € au 31 décembre 2011.

Hausses de salaires conventionnelles

Négociées par les organisations syndicales de la branche, les augmentations de salaires conventionnelles permettent d’établir la grille des salaires à l’officine. Elle est revalorisée à chaque hausse du Smic* et/ou de la valeur du point officinal**. La grille des salaires fixe le salaire minimum que l’employeur doit verser à chaque employé en fonction de son coefficient hiérarchique. Le salarié reste libre de négocier une rémunération plus avantageuse.

(*) Smic horaire brut : 9,22 € au 1er janvier 2012.

(**) Au 31 décembre 2011, il était fixé à 4,098 €. En 2012, il augmentera (voir p. 16-17).