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Je crois que j’ai une mycose vaginale

Publié le 2 octobre 2012
Par Nathalie Belin
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1 Je questionne

Identifiez les symptômes :

« Avez-vous déjà eu une mycose vaginale ? », « Quand ? », «  Votre partenaire présente-t-il des signes ? »

Évaluez une possible prise en charge à l’officine :

« Êtes-vous sujette aux récidives ? », « Êtes-vous enceinte ou diabétique ? », « Avez-vous de la fièvre, des frissons ? »

Recherchez d’éventuels facteurs favorisants pour adapter le conseil :

« Avez-vous des habitudes particulières en matière d’hygiène intime ? »

2 J’évalue

Une consultation médicale est nécessaire en cas de premier épisode de mycose vaginale pour poser avec certitude le diagnostic, de récidives fréquentes (plus de quatre par an), de grossesse, de pathologies chroniques favorisant la survenue de mycoses (diabète, déficit immunitaire) ; et en présence de signes infectieux généraux associés, tels que frissons, fièvre.

3 Je passe en revue

À côté du traitement antifongique, qui assure une guérison rapide, des cicatrisants et des modificateurs de la flore vaginale sont disponibles.

Les antifongiques

Les imidazolés sont des antifongiques à large spectre utilisés dans les mycoses vaginales. Il n’y a pas de différence d’efficacité prouvée entre les diverses molécules. L’association d’une forme intravaginale, comme les ovules, et d’un antifongique externe – crème ou émulsion fluide – est le schéma classiquement prescrit par les gynécologues dans le traitement de ces mycoses.

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– Ovules gynécologiques. Ceux à libération prolongée permettent un traitement monodose, à renouveler éventuellement sept jours plus tard. Les formes « classiques », en boîte de trois, s’utilisent trois jours de suite.

– Antifongiques externes. Ils sont associés au traitement interne, à raison de deux applications par jour durant huit à dix jours pour soulager les brûlures et les démangeaisons externes.

Autres traitements

– Les modificateurs de la flore vaginale. Ce sont des probiotiques constitués de différentes souches de lactobacillus, les plus fréquemment retrouvées dans la flore vaginale, ou des prébiotiques, c’est-à-dire des oligosaccharides, glycogène…, substances qui favorisent la croissance des micro-organismes. Utilisés par voie orale ou vaginale, ils restaurent la flore bactérienne commensale et sont proposés par les experts pour limiter les récidives. Certaines formes vaginales renferment en plus des agents hydratants (acide hyaluronique…) ou cicatrisants et apaisants (bardane, trèfle violet…) qui aident à restaurer la muqueuse vaginale. Mode d’emploi : ils s’utilisent sur une durée de quelques jours (pour les gels vaginaux) à plusieurs mois (voie orale), en les débutant en même temps que le traitement antifongique (pour la voie orale) ou en relais. Ils peuvent aussi être proposés pour limiter le risque de survenue d’une mycose vaginale au cours d’un traitement antibiotique. Les prébiotiques se prennent parfois une semaine par mois, après les règles.

– Ovules cicatrisants. Renfermant des agents anti-inflammatoires, anti-infectieux et cicatrisants, ils optimisent la réparation de la muqueuse vaginale.

4 Je choisis

La galénique de l’antifongique

– Ovule. Les ovules monodoses (Myleugyn LP, Gyno-Pevaryl LP, Lomexin, Monazol) favorisent l’observance. La présence d’un applicateur (MycoHydralin comprimé vaginal) est un plus chez certaines pour une bonne mise en place.

– Antimycosique externe. Les émulsions fluides sont adaptées pour une application au niveau de la muqueuse vaginale.

Un traitement complémentaire

– Par voie orale, de type modificateur de la flore vaginale. Proposez un traitement complémentaire si les mycoses vaginales se renouvellent fréquemment – plus de trois ou quatre par an – ou si un traitement des récidives a été mis en place par le gynécologue, type fluconazole à dose unique comme Beagyne 150 mg. Le réservoir naturel des lactobacilles étant le rectum, les experts privilégient la voie orale pour reconstituer des défenses naturelles locales.

– Par voie vaginale, dans les suites immédiates du traitement antifongique. Vous choisirez un traitement de type cicatrisant pour restaurer plus rapidement le confort vaginal, ou de type modificateur de la flore vaginale pour limiter les récidives en complément du traitement oral.

5 J’explique

– Il est normal que des brûlures et des démangeaisons soient ressenties les premières 24 à 48 heures du traitement antifongique. Transitoires, ces symptômes sont dus à la lyse du champignon et ne doivent pas faire interrompre le traitement sauf s’ils persistent ou s’aggravent au-delà de 48 heures.

– L’échec du traitement impose une consultation médicale.

6 Je conseille

Traiter

– Respecter la durée du traitement, notamment si l’administration des ovules se fait sur trois jours, sous peine d’échec.

– Insérer les ovules ou comprimés vaginaux le soir au coucher.

– Prévoir un protège-slip dans la journée, à changer fréquemment car des écoulements sont possibles.

– Proposer un traitement du partenaire, uniquement s’il est symptomatique, tel un antifongique externe durant dix jours.

– Ne pas interrompre le traitement durant les règles, mais préférer les serviettes hygiéniques aux tampons.

– Rien ne contrecarre les rapports sexuels si ce n’est la dyspareunie (douleurs lors de la pénétration) et la contre-indication du latex des préservatifs avec la plupart des excipients des traitements locaux internes (risque de rupture de la capote) sauf exceptions (Fazol G). Opter pour des préservatifs en polyuréthane. Certains traitements peuvent inactiver une contraception locale spermicide (Lomexin, Monazol…).

Soulager

Durant l’épisode mycosique, l’emploi d’un nettoyant intime spécifique, dont le pH alcalin s’oppose au développement de Candida et dont les actifs calment le prurit, est recommandé : Hydralin Gyn, Myleuca, Mycolea de Rogé Cavaillès, Saforelle… En cas de vulve irritée lors d’une baignade en piscine très chlorée, utiliser une crème adaptée pour soulager (Saugella, Saforelle…).

Prévenir

– Avoir une bonne hygiène intime mais sans excès. Une toilette quotidienne, voire biquotidienne, avec un nettoyant doux de type syndet suffit, voire un surgras, le principal étant un pH entre 4,5 et 7. Proscrire les antiseptiques locaux en toilette régulière et les douches vaginales internes, qui déstabilisent la flore.

– Éviter le port régulier de protège-slip.

– Bien se sécher après la toilette.

– Éviter de traumatiser les patientes en imposant culotte en coton et lavage à 70 °C, même s’il est vrai qu’en présence de mycose, des sous-vêtements synthétiques collants peuvent irriter davantage. Les vêtements serrés ne « provoquent » pas de mycose.

Le contexte

Les mycoses vaginales sont presque toujours dues à Candida albicans, levure naturellement présente au niveau du vagin et qui vit en symbiose avec les lactobacilles de la flore vaginale. Certains facteurs, en modifiant la flore bactérienne vaginale, favorisent le développement de Candida : traitement antibiotique, climat hormonal (grossesse, ménopause, pilules trop dosées), maladies et médicaments diminuant les défenses immunitaires (VIH, cortisone, immunosuppresseur, certains AINS), diabète, hygiène intime excessive…

Transmission ? La mycose vaginale n’est pas une infection sexuellement transmissible puisque le germe responsable fait partie de la flore vaginale commensale. Toutefois, il existe un risque de transmission de l’infection au partenaire.

Symptômes ? Une mycose vaginale est le plus souvent bénigne, mais les symptômes occasionnés sont très gênants : démangeaisons et brûlures importantes, pertes blanches (leucorrhées) et parfois gêne ou douleur durant les rapports.