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Un adulte ayant contracté la grippe
Fiévreux et mal en point ce matin, Monsieur T., 42 ? ans, s’est senti de plus en plus exténué au cours de la journée, avec maux de tête, rhinorrhée et toux sèche pénible. La clinique et la saison ont permis le diagnostic de grippe saisonnière. M. T. ne voulant pas stopper son activité professionnelle, le médecin lui prescrit Tamiflu et un traitement symptomatique.
Prescription
Dr M. Généraliste
Frédéric T., 42 ans, 72 kg, 1,80 m
Tamiflu 75 mg
2 gélules par jour pendant 5 jours.
Paracétamol 1 g comprimés
1 cp 3 fois par jour si fièvre et maux de tête. 2 boîtes.
Pulmodexane cp
1 cp 3 fois par jour. 1 boîte.
Rhinofluimucil
2 pulvérisations dans chaque narine 3 fois par jour. 1 flacon.
CE QUE JE DOIS SAVOIR
Législation
L’ordonnance est conforme à la législation. Il n’y a pas de médicaments à délivrance particulière.
Contexte
C’est quoi ?
La prescription vise à prendre en charge un patient grippé. Très contagieuse, la grippe est une infection respiratoire aiguë d’origine virale évoluant le plus souvent sous la forme d’épidémies saisonnières survenant entre octobre et fin avril dans l’hémisphère Nord. Le virus responsable est l’influenzavirus, dont on distingue trois types : A, B et C.
Les symptômes ne sont pas spécifiques et se rencontrent au cours d’autres pathologies (rhinopharyngite…). C’est leur survenue, leur intensité et le contexte d’épidémie saisonnière qui permettent de poser le diagnostic. Typiquement : frissons et fièvre s’élevant rapidement, céphalées intenses, courbatures, douleurs articulaires, rhinorrhée ; parfois gorge douloureuse, toux sèche et fatigue importante.
Quelle est l’évolution ?
La grippe évolue le plus souvent favorablement en quelques jours, mais les symptômes sont très gênants. Fatigue et toux peuvent persister plusieurs semaines.
Par ailleurs, certains patients sont plus à risque de développer des formes graves : personnes âgées, obèses, immunodéprimées ou fragilisées (asthme, pathologie cardiaque…), nourrissons, femmes enceintes. D’autres sont à risque de surinfections bactériennes (enfants, nourrissons).
Objectif
Limiter l’ampleur de l’épidémie
Des règles d’hygiène simples limitent la dissémination du virus à l’entourage. Il faut le dire à Monsieur T. (voir « Hygiène »).
Soulager les symptômes
Un traitement symptomatique visant à améliorer le confort est justifié : antalgique/antipyrétique, antitussif, décongestionnant nasal. L’efficacité de l’antiviral Tamiflu est démontrée s’il est instauré dans les 48 heures suivant le début des symptômes, ce qui est le cas ici. Il réduit l’intensité des symptômes, raccourcit leur durée de 24 à 36 heures et diminue la fréquence des complications. Tamiflu est d’autant plus efficace qu’il est débuté tôt.
Médicaments
Tamiflu (oseltamivir)
Il est indiqué dans le traitement de la grippe chez les patients présentant des symptômes typiques en période de circulation du virus. Tamiflu est aussi indiqué en prophylaxie post-exposition. L’oseltamivir est un antiviral inhibiteur sélectif de la neuraminidase, enzyme permettant la libération des particules virales depuis les cellules infectées.
Paracétamol
Antalgique/antipyrétique indiqué pour soulager les douleurs d’intensité légère à modérée, et les états fébriles.
Pulmodexane (dextrométhorphane)
Ce dérivé morphinique est un antitussif d’action centrale indiqué dans le traitement des toux sèches et d’irritation. Les comprimés sont réservés aux plus de 15 ans. Le traitement est limité à cinq jours.
Rhinofluimucil (acétylcystéine, tuaminoheptane, chlorure de benzalkonium)
Il est indiqué dans le traitement local de courte durée – trois à cinq jours – des affections rhinopharyngées avec sécrétion excessive de la muqueuse chez les plus de 15 ans. Il associe un décongestionnant nasal vasoconstricteur sympathomimétique alpha (tuaminoheptane), un antiseptique (benzalkonium) et un mucolytique (acétylcystéine).
Repérer les difficultés
Oseltamivir
Il existe différents dosages de gélules, ainsi qu’une suspension buvable, pour adapter la posologie au poids chez l’enfant (voir RCP). Chez l’adulte et les plus de 13 ans (plus de 40 kg), une dose unitaire de 75 mg est recommandée.
On distingue différents schémas thérapeutiques pour l’oseltamivir : en traitement curatif, la posologie est de deux prises par jour pendant cinq jours. En prophylaxie post-exposition, elle est d’une prise par jour durant dix jours.
Dextrométhorphane
Le traitement n’est pas adapté aux toux productives. En revanche, avertir d’une éventuelle somnolence.
Rhinofluimucil
Les vasoconstricteurs locaux sont contre-indiqués en cas de risque de glaucome par fermeture de l’angle ou de rétention urinaire. Il ne faut pas les associer à des vasoconstricteurs par voie orale type pseudo-éphédrine (Actifed…). Le rappeler à Monsieur T. qui, de plus en tant que fumeur, est exposé à un risque plus grand d’AVC.
CE QUE JE DIS AU PATIENT
J’ouvre le dialogue
« Avez-vous déjà pris des médicaments aujourd’hui pour vous soulager » M. T. a certainement eu recours à un traitement antalgique/antipyrétique pour apaiser la fièvre et les courbatures. « Êtes-vous vacciné contre la grippe ?? Et votre entourage ? » S’il n’est pas vacciné, c’est l’occasion de lui en parler. Dans tous les cas, ce patient doit prendre un maximum de précautions pour protéger son entourage.
J’explique le traitement
Le mécanisme d’action
> L’antiviral réduit l’intensité des symptômes et leur durée, mais il est d’autant plus efficace qu’il est administré tôt ; il faut donc prendre la première prise le plus rapidement possible.
> Les traitements symptomatiques sont destinés à améliorer le confort. Le paracétamol peut être pris à la demande pour soulager la fièvre ou la douleur.
Les horaires d’administration
> Tamiflu : une prise matin et soir aux repas pour limiter les troubles digestifs.
> Paracétamol : en cas de fièvre ou de douleurs ; espacer les prises d’au moins quatre heures.
> Pulmodexane : quand survient la toux, en espaçant les prises de quatre heures.
> Rhinofluimucil : répartir les prises régulièrement dans la journée.
Les effets indésirables
> Tamiflu : nausées, vomissements, diarrhées sont possibles surtout en début de traitement. La survenue de troubles neurologiques (hallucinations, délire…) doit être signalée à la pharmacovigilance.
> Paracétamol : rares allergies.
> Pulmodexane : vertiges et/ou somnolence possibles, notamment en cas d’association à d’autres dépresseurs du système nerveux central.
> Rhinofluimucil : en cas de passage systémique en raison d’instillations trop répétées ou prolongées, risque d’hypertension artérielle, de tachycardie… du fait de la présence du vasoconstricteur.
J’accompagne
Surveillance
Les symptômes vont s’améliorer dans les 48 heures mais peuvent réapparaître transitoirement ; le « V grippal » correspond à une remontée de la fièvre avant la guérison, souvent vers le 3e ou le 4e jour. Il ne faut pas s’inquiéter, ce n’est pas le signe d’une aggravation, ni d’une surinfection.
La toux et la fatigue sont gênantes et parfois longues à disparaître. Stopper Pulmodexane si la toux devient grasse.
Hygiène
> Connaître les périodes à risque : un patient grippé est contagieux pendant la phase d’incubation, c’est-à-dire un à trois jours avant l’apparition des symptômes, et durant les trois jours surtout qui suivent le début des signes cliniques.
Même si l’antiviral restreint l’intensité et la durée de la contagion, le malade doit prendre des précautions pour limiter la dissémination du virus à l’entourage.
> Prévenir la transmission : quelques gestes permettent de limiter la contagiosité. À conseiller : lavage fréquent des mains ; utilisation de mouchoirs jetables à mettre dans une poubelle fermée après emploi ; en l’absence de masque antiprojection, tousser ou éternuer dans le pli du coude ; dormir si possible dans une chambre à part ; aérer régulièrement les pièces ; se tenir à au moins un mètre de l’entourage ; désinfecter éventuellement les surfaces et objets à l’eau de Javel ou à l’alcool.
Prévention
> Vaccination antivirale : elle est fortement recommandée aux personnes à risque de formes graves de grippe ou de complications, et pour des raisons professionnelles (médecins, infirmières, etc.). Elle est conseillée à ceux qui veulent éviter d’attraper la grippe (mère de famille, travail…). La vaccination annuelle ne protège pas à 100 %, mais elle diminue le risque d’attraper la maladie ; plus on se vaccine, plus l’organisme fabrique des anticorps spécifiquement dirigés vers un type de virus ; même si les virus de la grippe mutent, les anticorps fabriqués peuvent partiellement les neutraliser. Ainsi, la grippe est souvent moins « intense » chez une personne vaccinée qu’en l’absence de vaccination. Donc, quand on est vacciné, on n’échappe pas toujours à la grippe, mais on augmente ses chances d’en réduire la sévérité.
Vente associée
> Pour lutter contre la congestion nasale et calmer la toux, proposez des inhalations pour renforcer l’action des traitements prescrits : Dolirhume aux huiles essentielles, Calyptol inhalant, Pérubore.
> Protéger et assainir. Suggérez un masque antiprojection pour limiter la diffusion du virus à ses proches et un spray assainissant : Phytosun Aroms, Puressentiel… Pensez à un soluté hydroalcoolique pour se laver les mains lorsque l’eau et le savon sont indisponibles…
> Stimuler les défenses. Proposez une cure de vitamine C ou de complexes multivitaminés, éventuellement associés à des probiotiques (Azinc Probiotiques, Bion 3…) pour lutter contre la fatigue et stimuler les défenses de l’organisme.
> Le patient me demande…
« Le médecin a refusé de me prescrire un traitement antiviral en prévention. Pourquoi ? »
Les antiviraux ne sont employés en prophylaxie qu’au cas par cas et avec beaucoup de prudence en raison du risque potentiel d’émergence de souches résistantes. La vaccination et les mesures barrières de protection restent les meilleurs moyens de se protéger et de limiter la diffusion du virus.
« Ma femme est enceinte de deux mois et mon médecin recommande de la faire vacciner contre la grippe. Cela m’inquiète…? »
Les données sont rassurantes. Aucune étude ne rapporte d’effets indésirables du vaccin sur l’enfant à naître. La grippe peut être très grave chez la femme enceinte, non pour le bébé. La vaccination est donc recommandée aux femmes enceintes, quel que soit le trimestre de grossesse. Elle permet en outre de protéger le nourrisson à sa naissance, via les anticorps maternels, jusqu’à 6 mois.
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