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“Mon enfant tousse depuis hier”

Publié le 27 novembre 2012
Par Anne-Gaëlle Harlaut
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1 Je questionne

Identifiez les symptômes

« La toux est-elle sèche ou grasse ? », « Fréquente ? », « Depuis combien de temps ? », « Est-ce le jour et/ou la nuit ? »

Recherchez la cause

« A-t-il d’autres signes, de la fièvre ? », « Sa toux est-elle déclenchée à l’effort, au coucher ? », « Est-il au contact de fumeurs ? »

Évaluez la prise en charge

« Quel âge a-t-il ? », « Souffre-t-il d’asthme ou d’une pathologie chronique ? », « Lui avez-vous donné quelque chose ? »

2 J’évalue

Seules les toux gênantes (insomnie…) justifient un traitement médicamenteux sauf avant l’âge de 2 ans où tout traitement est contre-indiqué, y compris les suppositoires avec dérivés terpéniques jusqu’à 30 mois. Une consultation médicale est nécessaire si fièvre supérieure à 38,5 °C, toux depuis plus de trois semaines, gêne respiratoire, vomissements et/ou refus alimentaires, nourrisson de moins de 3 mois, asthmatique, toux persistante au-delà de cinq jours malgré un traitement.

3 Je passe en revue

La toux grasse

Il faut la respecter et, si besoin, la faciliter, en diminuant la viscosité de la phase « gel ? » du mucus, assurée notamment par les protéines (les mucines).

– Les expectorants. Ils visent à faciliter l’expectoration, essentiellement en fluidifiant le liquide trachéobronchique, par stimulation des glandes bronchiques séreuses ou par diminution de la viscosité du mucus bronchique. Principaux effets indésirables : gastralgies et nausées.

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– L’acétylcystéine (Fluimucil Enfant, Acétylcystéine Mylan ou Biogaran…) est un mucolytique qui décompose les ponts disulfures des protéines du mucus, diminue la viscosité des sécrétions et facilite leur expectoration. Dose : 2-7 ans : 400 mg/24 h en 2 prises ; au-delà de 7 ans : 600 mg en 3 prises. À prendre aux repas.

– La carbocistéine (Broncathiol, Bronchokod, Broncoclar, Rhinathiol expectorant Carbocistéine…) est mucolytique et muco-régulatrice ; elle normaliserait la synthèse des mucines et aurait une action anti-inflammatoire locale. Dose : 2-5 ans : 200 mg/24 h en 2 prises ; dès 5 ans : 300 mg/24 h en 3 prises. À prendre en dehors des repas.

– Les mucofluidifiants. Guaïfénésine, sulfogaïacol, terpine ou benzoate de méglumine favorisent le transport d’eau vers la lumière bronchique, hydratent le mucus et améliorent le transport ciliaire. Exemples : sirop Passédyl Enfant (contient de l’alcool), suppositoires Eucalyptine Enfant et Bronchorectine au citral Enfant (contiennent des dérivés terpéniques), Fluisedal sans prométhazine…

– Phyto, homéopathie. Certaines plantes expectorantes peuvent être utilisées comme l’ipeca dans Phytotux (après 6 ans car contient de l’alcool). Stodal se conseille pour toute toux ; au sirop avec alcool, préférer les granules. Aussi : Ipeca composé, 5 granules matin et soir.

La toux sèche

La toux sèche aiguë est particulièrement gênante la nuit. Les antitussifs sont des traitements symptomatiques sur une période maximale de cinq jours. Ils agissent soit en déprimant le centre de la toux (morphiniques : codéine, codéthyline, dextrométhorphane, noscapine pholcodine), soit en s’opposant aux effets de l’histamine sur les bronches et les vaisseaux par antagonisme compétitif plus ou moins réversible (anti-histaminiques H1), notamment dans des toux allergiques.

– Les opiacés. Généralement réservés aux plus de 6 ans. Effets indésirables : constipation, somnolence, vertiges, nausées. Tous ont un effet dépresseur respiratoire, moins marqué pour dextrométhorphane et noscapine. Contre-indiqués en cas d’insuffisance respiratoire et d’asthme.

– Dextrométhorphane. Dose max. (dès 6 ans) : 1 mg/kg/j (0,25 mg/kg/prise).

– Codéine. Dose max. : 0,5 mg/kg/j (12-20 kg) ; 1 mg/kg/j (20-50 kg ou 6-15 ans).

– Éthylmorphine ou codéthyline. Dose max. : 0,3 mg/kg/j (6-15 ans).

– Noscapine (toujours avec un anti-histaminique dans les spécialités). Dose max. : 0,5 mg/kg/j chez les plus de 30 mois.

– Les antihistaminiques (oxomémazine, prométhazine). Ils s’opposent aux effets de l’histamine au niveau des bronches. Effets indésirables : anticholinergiques : sécheresse des muqueuses, constipation, palpitation… Privilégier les prises vespérales car ils sont sédatifs.

– La pentoxyvérine. Antitussif d’action centrale aux propriétés antispasmodiques, elle n’est pas dépresseur respiratoire aux doses thérapeutiques. Dose usuelle : 0,25 mg/kg/prise dès 20 kg (6 ans).

– L’hélicidine. C’est une mucoglycoprotéine extraite d’Helix pomatia (escargot), antitussif d’action périphérique.

– L’homéopathie. Stodal, Drosetux sirop (voie sublinguale ou orale) ou Drosera composé, 5 granules matin et soir.

4 Je choisis

Selon le type de toux

Utiliser un expectorant et un antitussif est illogique, mais si la toux évolue, remplacer l’un par l’autre peut être conseillé.

Selon l’âge

– Avant 2 ans. Aucun traitement autre que les règles générales d’hygiène n’est indiqué, sauf éventuellement un traitement homéopathique sans alcool.

– De 2 à 6 ans. Si toux sèche, préférer un anti-histaminique ou l’hélicidine.

– De 6 à 15 ans. Un anti-histaminique ou un antitussif d’action centrale.

Selon la forme galénique

Préférer les formes buvables. Vérifier les arômes afin de ne pas conseiller un médicament désagréable au goût de l’enfant ! Chez un enfant diabétique, éviter les galéniques trop sucrées.

5 J’explique

La toux est une réaction de défense, on ne la traite que si elle est gênante (si elle nuit au sommeil). Les mesures d’hygiène sont indissociables d’un traitement médicamenteux de cinq jours au plus pour un antitussif. Il se peut que la toux évolue ; si c’est le cas, cesser le traitement en cours. Si elle persiste ou s’aggrave, ne pas augmenter les doses ; consulter le médecin.

6 Je conseille

Traiter

– Avec les expectorants. Respecter un délai de quatre heures entre la dernière prise et le coucher pour éviter l’accumulation de mucus. Boire et surélever la tête la nuit facilite l’expectoration.

– Avec les antitussifs. Ne pas les associer. Les prendre en fin de journée (risque de somnolence) et se limiter aux horaires où survient la toux, sans dépasser les doses. Respecter six heures entre les prises. Gare aux troubles de la vigilance avec les opiacés lors d’activités sportives.

Adopter son hygiène de vie

– Laver le nez plusieurs fois par jour au sérum physiologique.

– Éviter l’exposition au tabac, aux irritants.

– Vivre dans une atmosphère pas trop sèche et chaude (19 °C). Éviter les changements brusques de température.

– Privilégier les boissons chaudes. Pour les plus grands, sucer des bonbons aide à calmer l’irritation.

Le contexte

La toux. C’est un réflexe de défense contre les agressions des voies aériennes (infection, fumées, corps étrangers…). Les récepteurs trachéobronchiques réagissent à l’agresseur en déclenchant des contractions des muscles respiratoires.

Quelles caractéristiques ? La toux est dite grasse ou productive si elle s’accompagne de sécrétions bronchiques. La fabrication accrue de mucus tapisse les bronches et la trachée agressées pour les protéger et drainer les agents infectieux, irritants… vers l’extérieur. Le mucus, libéré par les glandes bronchiques, s’écoule grâce au « tapis roulant » des cils vibratiles. La toux permet d’en éliminer l’excès, qui est craché ou avalé. Dans le cas contraire, elle est dite sèche ou irritative. En cas d’infection ORL, la toux évolue fréquemment d’une forme à l’autre.

Aiguë ou chronique ? Elle est aiguë quand elle dure moins de trois semaines. Au-delà, elle devient subaiguë (entre trois et six semaines), fréquent chez l’enfant en post-infection, ou chronique.

Les causes ? Le plus souvent, c’est un symptôme d’une infection ORL, répandue particulièrement chez l’enfant dont le système immunitaire est moins performant. Autres causes : reflux gastro-œsophagien (en position couchée notamment), asthme (toux exacerbée à l’effort), mucoviscidose, tabagisme passif, allergies respiratoires, corps étranger (toux sèche d’apparition brutale), psychique…