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La cigarette électronique bientôt réglementée ?
NOTRE EXPERT INTERROGÉ
Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue au CHU Pitié-Salpêtrière Charles-Foix, Paris, et président de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT).
La cigarette électronique est utilisée sans preuve de son innocuité. Les médecins ont réclamé une réglementation de son statut lors du Congrès de pneumologie de langue française en février. L’Office français de prévention du tabagisme (OFT) a lui réuni, à la demande de la Direction générale de la santé, un groupe d’experts. Les recommandations sont attendues en juin.
Qu’est-ce qu’une e-cigarette ?
C’est un dispositif électronique parfois muni d’une diode rouge simulant la combustion. Un ioniseur, déclenché par l’aspiration et alimenté par une batterie au lithium, chauffe et transforme un liquide en aérosol à inhaler. Ce liquide est inclus dans des cartouches rechargeables, ou imbibé directement dans la cigarette « jetable ». Il contient un humectant – propylène glycol ou glycérol –, éventuellement de la nicotine et/ou un arôme. Une enquête(1) sur la teneur en nicotine de vingt-neuf produits a montré des taux allant de 0 à 17,5 mg/ml.
Quelles sont ses utilisations ?
Elle serait une alternative au tabac à fumer dans les lieux publics, sauf dans les avions où elle est interdite. Elle est aussi employée dans le sevrage tabagique bien que son efficacité n’ait pas encore été démontrée.
Quelle différence y a-t-il avec un inhaleur de nicotine ?
Un inhaleur 10 mg est un médicament contrôlé et efficace. Le mimétisme gestuel est moindre : pas de vapeur, de « hit » ou gratouillis en gorge, de goût de tabac…, sans doute moins addictogène.
Quelle est la réglementation en France ?
Selon l’ANSM(2), doivent être considérés comme médicaments les cigarettes électroniques et recharges qui répondent à au moins l’une de ces conditions : revendication de l’aide au sevrage tabagique, quantité de nicotine ≥ 10 mg et concentration de nicotine ≥ 20 mg/ml dans la recharge. À ce jour, aucune e-cigarette n’a demandé d’AMM en France. Celles commercialisées ne doivent remplir aucun de ces critères, et sont par défaut des produits de consommation courante.
Où est-elle vendue et combien ?
Internet, magasins spécialisés (Clopinette…), buralistes et dans certaines pharmacies bien que cela soit interdit (absentes de la liste des produits autorisés). Prix : de 40 à plus de 100 €; la recharge, qui équivaut en bouffées à un ou plusieurs paquets de cigarettes : de 6 à 7 €.
Est-elle dangereuse pour la santé ?
Faute d’études, l’impact à court et surtout long terme reste mal connu. Les dangers potentiels sont la toxicité de la nicotine, susceptible d’effets indésirables graves lors d’une exposition cutanée ou orale chez les enfants ; les conséquences inconnues d’une inhalation à long terme d’humectants ou d’arômes alimentaires ; l’absence de contrôle de la teneur en nicotine ou en impuretés ; l’induction d’une dépendance à la nicotine, y compris chez des usagers novices. Pour ces raisons, l’ANSM recommande de ne pas les consommer.
Que dire aux consommateurs qui l’emploient en sevrage ?
De se tourner vers les méthodes médicamenteuses qui ont montré un rapport bénéfice/risque positif. Cependant, son efficacité dans le sevrage n’est pas non plus exclue et sa moindre toxicité par rapport au tabac est plus que probable. Le recours à ces produits ne doit donc être ni encouragé, ni entravé.
Quelle réglementation envisageable ?
Un projet de directive européenne de 2012 recommande d’intégrer à la réglementation concernant le tabac et produits connexes une nouvelle classe de « produits délivrant de la nicotine » dotée de règles spécifiques : limitation des lieux et âges de vente, obligation d’informations sanitaires et contrôles de composition spécifiques…
Une autre option consisterait à appliquer la réglementation pharmaceutique des médicaments. Le projet européen propose que ce soit le cas au-delà d’un certain taux de nicotine et fixe cette limite à 2 mg par unité ou 4 mg/ml de liquide, soit la grande majorité des cigarettes électroniques du marché.
Existe-t-il des cigarettes électroniques plus « sûres » que d’autres ?
Malgré la charte du Collectif des acteurs de la cigarette électronique, sans système de déclaration des produits vendus en France ni de contrôles adéquats, rien ne permet de statuer sur leur qualité ou innocuité.
(1) Enquête sur des solutions et des cartouches pour cigarettes électroniques, Afssaps juin 2011.
(2) L’Afssaps (ANSM aujourd’hui) recommande de ne pas consommer de cigarette électronique, mai 2011.
Repères
→ Repères
→ Vaporisateur, vapoteur, e-cigarette = cigarette électronique ; vapoter = « fumer ».
→ e-liquide : liquide utilisé pour son fonctionnement.
→ No, low, med ou high : mention censée indiquer l’absence ou le taux de nicotine.
→ Atomiseur : « résistance » qui permet de vaporiser le liquide.
→ Cartomiseur, clearomiseur : système contenant atomiseur + cartouche de liquide.
→ 500 000 Français l’utiliseraient quotidiennement (estimation fabricants).
→ À Paris*, 6 % des 12-14 ans, 12 % des 15-16 ans et 19 % des 17 ans l’ont expérimentée. Parmi eux, 5 % ne fumaient pas.
(*) European society for research on nicotine and tobacco, septembre 2012.
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