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Oh qu’elles sont « mimi » ces piqûres
(Re)parler vaccination. Le nouveau calendrier vaccinal est l’occasion rêvée de relancer le dialogue. Loin des polémiques, écoutez, décryptez, rassurez par un argumentaire scientifiquement validé.
Lancer le sujet
Les bonnes occasions
→ En 2013, ne loupez pas le coche ! Le nouveau calendrier des vaccinations et ses modifications (nombre d’injections chez les enfants, calendrier d’injections, rappels à âge fixe chez les adultes…) ne manqueront pas de susciter des interrogations chez les patients. Pourquoi ces changements ? Comment faire le relais ? Ceux qui ont négligé leur suivi vaccinal peuvent aussi y voir l’occasion de faire le point.
→ Les situations propices habituelles :
– lors d’une blessure (vérifier tétanos et par extension les autres vaccinations) ;
– autour d’un projet de naissance avant, pendant et après la grossesse pour tout l’entourage proche, en particulier pour la coqueluche (stratégie de cocooning) ;
– vaccin saisonnier contre la grippe ;
– avant un départ à l’étranger…
Les populations à cibler
Les enfants et les malades chroniques sont en général les mieux suivis sur le plan vaccinal. Il est plus utile de sensibiliser les « mauvais élèves » qui « oublient » de vérifier leur statut vaccinal, en particulier les adolescents et adultes.
Que sait le patient ?
Les connaissances et croyances envers la vaccination sont plus ou moins influencées par les polémiques et leur retentissement médiatique. Les avis, parfois contradictoires, varient beaucoup selon les individus, le type de maladie, les populations cibles.
Faire parler
C’est la première étape, destinée à mesurer le niveau d’information. Le nouveau calendrier vaccinal offre un tremplin de choix : « Savez-vous que les recommandations vaccinales changent en 2013 ? » permet d’introduire le sujet. Posez ensuite une question ouverte pour encourager le dialogue : « Pensez-vous être bien protégé contre les maladies qui peuvent être évitées par la vaccination ? ».
Écouter
Laissez au patient le temps de rassembler ses idées, ses éventuelles objections et de les exposer, en le relançant si besoin par d’autres questions ouvertes : « Qu’entendez-vous par là ? », « Que savez-vous de ce vaccin ? »…
Émet-il des réticences ?
Repérer les signes
Certains signes trahissent des réticences des patients. Soit ils les expriment (« Je ne suis pas sûr de vouloir… », « Le calendrier change, les effets indésirables restent les mêmes… »), soit ils adoptent une attitude de retrait, un froncement de sourcil, un soupir indécis…
→ Attention, rien ne sert de poursuivre avec les « antis ». Les opposants farouches à toute vaccination représentent environ 2 % de la population. En déclarant « préférer contracter la maladie que de se faire vacciner », ils expriment une position idéologique qu’il est difficile de contrer.
→ L’intérêt de tous. Par contre, il peut être utile de rappeler aux « antis » l’intérêt collectif de la vaccination : « La vaccination est le seul moyen de protéger les populations fragiles comme les nouveau-nés ou les immunodéprimés qui ne peuvent, elles, faire le choix d’une protection individuelle. Moins les maladies circulent, moins ils risquent d’être contaminés ».
Faire préciser
Souvent, le patient n’exprime pas d’emblée et clairement ses réticences. « Je ne suis pas trop pour… » peut cacher une peur des piqûres, des effets indésirables, une objection ciblée sur un vaccin en particulier… Répondre à une opposition nécessite de la cerner précisément. Faites-la préciser : « Quelque chose vous préoccupe à propos des vaccins ? », « Est-ce ce vaccin en particulier qui vous pose problème ? ».
Argumenter « pro »
Il ne s’agit pas de convaincre à tout prix mais de sensibiliser le public par une information validée.
Reparler des maladies
→ Rares, mais pas partout. L’effet paradoxal de la vaccination est d’avoir rendu rares certaines maladies. Les patients ont tendance à oublier celles contre lesquelles les vaccins protègent. La rougeole en est l’exemple type. Souvent considérée à tort comme une infection pédiatrique toujours bénigne, elle peut être responsable de complications graves à titre de pneumopathies ou d’encéphalites, parfois mortelles.
Les voyageurs doivent en particulier être sensibilisés aux risques des maladies « rares » en France, mais qui continuent de circuler fortement dans d’autres régions du monde.
→ Inutile pour autant de faire peur. Cette stratégie, adoptée par les « antis », risque de braquer davantage les patients et de brouiller le message. Les patients ont besoin d’être rassurés, mais surtout d’être justement informés. Par exemple, assurer que la rougeole est une maladie très grave et qu’elle tue souvent est faux. Le plus souvent, il s’agit d’une pathologie bénigne, mais la vaccination permet d’éviter les complications, rares mais graves.
S’appuyer sur des données scientifiques
N’hésitez pas à donner des chiffres récents, qui parlent plus que de longs discours. Exemple : « Les complications de la rougeole, estimées à plusieurs centaines d’encéphalites et quelque 40 décès par an avant la vaccination, avaient pratiquement disparu en France. Entre 2008 et 2012, trois vagues épidémiques ont touché notre pays avec 23 000 cas déclarés, plus de 100 complications graves et 10 décès. Voilà la preuve que le virus continue à circuler ».
Remettre le vaccin à sa place
La forte médiatisation et son mode d’action singulier (en amont des maladies et non en « traitement ») brouillent souvent les pistes quant au statut du vaccin. Rappelez que c’est un médicament à part entière, qui bénéficie des mêmes précautions de fabrication et de contrôle que tous les autres.
Rééquilibrer le débat
On entend parler des risques des vaccins, beaucoup plus rarement de leurs bénéfices. Recentrez le débat autour de la balance bénéfice/risque.
Les principaux risques de la vaccination sont des réactions locales (rougeur…) et générales (fièvre, maux de tête, fatigue) d’une durée courte, de 24 à 72 heures. Les autres risques sont rares (allergie), très rares (choc anaphylactique) ou non prouvés (lien avec des manifestations neurologiques). Leurs bénéfices sont bien connus : 5 à 15 décès de nourrissons par an dus à la coqueluche, 1 500 décès chaque année imputés au virus de l’hépatite B, etc.
Garder sa place
« Et vous, que feriez-vous à ma place ? Qu’avez-vous décidé pour vos propres enfants ? » Voilà des questions qui reviennent sans cesse au comptoir. Difficile de s’en sortir même si, en tant que professionnel de santé, vos convictions et choix vaccinaux ne doivent pas entrer en jeu dans l’information aux patients… Rappelez que le vaccin, comme tout médicament, a des indications et des contre-indications qui sont propres à chaque individu. Que seule la connaissance du dossier médical et des antécédents de chacun permet de guider le choix, ce qui n’est pas de votre compétence mais de celle du médecin.
Des objections que vous pourriez entendre en 2013
« Pourquoi ça change, ça ne marchait pas avant ? »
La politique vaccinale est par essence évolutive puisqu’elle s’adapte en
permanence aux avancées et observations scientifiques. Le recul permet d’ajuster les schémas vaccinaux et de les simplifier, tout en gardant la même efficacité.
« Comment savoir que mon dernier sera aussi bien vacciné avec un schéma “2+1”(1) que mon aîné qui a reçu une dose de plus ? »
Cette simplification s’appuie sur l’expérience de quatre pays européens – Suède, Danemark, Finlande et Italie – qui ont mis en place ce schéma simplifié et démontré une efficacité similaire.
« S’il y a une dose en moins, pourquoi ne pas commencer à 3 mois ? 2 mois c’est si jeune pour des piqûres… »
Il est important de vacciner le plus tôt possible afin d’éviter la survenue de méningites à Haemophilus ou de formes graves de la coqueluche qui affectent surtout les petits nourrissons. La première dose de vaccin a déjà un effet protecteur.
« Chez l’adulte, le tétanos, c’est tous les dix ans ou tous les vingt ans ? Il faudrait savoir ! »
À l’âge adulte, un rappel tous les vingt ans suffit car le recul permet d’affirmer que la protection du vaccin diphtérie, tétanos, poliomyélite s’étend bien au-delà de dix ans. Mais à partir de 65 ans, le système immunitaire est moins performant ; il faut donc repasser à un intervalle de dix ans.
« Je suis en retard, il faudrait que je recommence tout ? »
Non, même les doses administrées il y a longtemps comptent ; il suffit juste de compléter les schémas vaccinaux pour être bien protégé.
En savoir plus : Questions/réponses sur le calendrier des vaccinations 2013 – www.sante.gouv.fr > Les grands dossiers > Vaccinations
(1) Nouveau schéma vaccinal pour les nourrissons pour les vaccins diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite, Haemophilus influenzae de type b.
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