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- Je voudrais un probiotique
1 Je questionne
Évaluez les risques
« Pour quelle raison désirez-vous un probiotique ? », « Quels sont vos symptômes ? », « Sont-ils habituels ? Soudains ? Très gênants ? » évaluent l’importance du trouble et la nécessité de consulter. Si la requête est préventive et ciblée (turista…) : « En avez-vous parlé au médecin ? », « Que vous a-t-il prescrit par ailleurs ? » ou « Quel est votre traitement habituel ? »
Précisez la demande
« Pour qui est le produit ? », « Prenez-vous un autre traitement ? », « Avez-vous déjà utilisé un probiotique pour ce problème ? », « Lequel et comment l’avez-vous pris ? »
2 J’évalue
Les probiotiques sont bien tolérés, femme enceinte et nourrisson compris. Par prudence, un avis médical est recommandé en cas de baisse de l’immunité (anticancéreux, corticoïdes au long cours…) ou chez les personnes sujettes à des hémorragies digestives car la barrière intestinale est alors susceptible d’être facilement franchie par les germes. En l’absence d’amélioration ou en cas de symptômes importants ou s’aggravant (douleurs abdominales importantes, diarrhée…), un avis médical est nécessaire.
3 Je passe en revue
En préambule
– Les probiotiques(1) sont « des micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont administrés en quantité adéquate, ont des effets bénéfiques sur la santé de l’hôte ». Ils peuvent être intégrés dans les aliments, médicaments et suppléments alimentaires.
– Les prébiotiques(1) sont « des substances alimentaires (polysaccharides sans amidon et oligosaccharides peu digérés par les enzymes humaines) qui nourrissent un groupe sélectif de micro-organismes vivant dans l’intestin. Ils favorisent la croissance des bactéries à effet positif aux dépens des autres ».
– Allégations : l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a rejeté toutes les demandes d’allégations des fabricants (« contribue au bon fonctionnement du système immunitaire »…) faute de données suffisantes en termes de « maintien d’un bon état de santé ». Le mot « probiotiques » ne peut plus être utilisé. Les fabricants désignent à présent leurs produits de « microbiotiques » ou « ferments lactiques » (voir encadré).
Les compléments alimentaires
L’effet dépend de la souche utilisée.
– Dans les troubles digestifs : Lactobacillus rhamnosus GG et la levure Saccharomyces boulardii ont fait l’objet de plus d’études dans le traitement et la prévention des diarrhées. Elles ont aussi montré leur intérêt pour soulager les symptômes de « l’intestin irritable » (colopathie fonctionnelle): ballonnements, douleurs abdominales et troubles du transit, comme d’autres souches de lactobacilles (plantarum) ou de bifidobactéries (breve, longum, infantis et bulgaricus).
– Dans d’autres situations (stimulation du système immunitaire, « préservation » de la flore vaginale…), les études ont été surtout menées avec des lactobacilles (rhamnosus GG, helveticus…) et des bifidobactéries. Certains produits visant à rééquilibrer la flore vaginale s’administrent aussi par voie orale car la flore digestive, et notamment rectale, est susceptible d’influer sur la flore vaginale.
– Association à des prébiotiques. Dans certains produits, les probiotiques sont associés à des prébiotiques susceptibles de renforcer leur action et le bon fonctionnement du microbiote. L’association des deux est appelée synbiotique.
Les médicaments
Plusieurs médicaments avec probiotiques sont indiqués dans le traitement symptomatique d’appoint de la diarrhée en plus des mesures de réhydratation. Lactéol est un médicament à « effet probiotique » car les germes ne sont plus vivants ; c’est le milieu de culture fermenté issu du probiotique qui est à l’origine de l’action.
4 Je choisis
Selon la galénique
– Gélules, comprimés : pratiques, pour adulte et enfant dès 6 ans ou lorsqu’il sait avaler. En cas de difficulté d’ingestion, il est possible de les ouvrir et de les mélanger à de l’eau ou à un aliment.
– Formes gastro-résistantes : intérêt potentiel car les probiotiques étant facilement détruits par l’acidité de l’estomac, une plus grande quantité arrive intacte au niveau intestinal.
Selon la conservation
Les probiotiques sont thermosensibles. Nombre de souches se conservent à température < 25-30 °C, d’autres, au « frigo ».
Avec ou sans prébiotiques
Les prébiotiques « ballonnent » parfois, notamment à doses élevées ; orienter alors vers une référence sans prébiotiques. Ces derniers peuvent également être pris seuls (voir « Je conseille ») ou en compléments alimentaires (Biofilm…).
5 J’explique
Les probiotiques peuvent aider à prévenir ou à limiter certains troubles, mais ne remplacent pas un traitement.
6 Je conseille
Les modalités de prise
– Fréquence. La durée de vie des probiotiques dans le microbiote va de quelques jours à quelques semaines. Leur prise peut se faire en cures de deux à quatre semaines, à renouveler plusieurs fois par an pour entretenir l’action bénéfique. Une consommation ponctuelle mais régulière – tous les deux jours ou trois fois par semaine – semble aussi intéressante.
– Dose. La plupart des études ont été faites avec un apport de 5 à 10 milliards de germes par jour, mais des effets sont rapportés avec 1 milliard/j. Des doses à plus de 10 milliards/j se justifient sur avis médical ou en traitement court en cas d’échec d’une posologie inférieure.
– Moment. Les fabricants recommandent une prise à jeun ou loin d’un repas pour optimiser l’action. Toutefois, pour les experts, une prise au repas, quand le pH gastrique est moins acide du fait de l’arrivée des aliments semble profitable pour limiter leur dégradation par l’acidité.
La conservation
Bien respecter les conseils de conversation et la date limite d’utilisation, qui garantissent la concentration indiquée.
Dans notre alimentation
– Probiotiques : surtout dans les produits laitiers fermentés, les fromages et les yaourts. Ces derniers renferment des souches intéressantes de lactobacilles (Lactobacillus bulgaricus) et pour certains des bifidobactéries, mais leur concentration en probiotiques est bien moindre que dans les compléments alimentaires (environ 5 millions par pot).
– Prébiotiques : essentiellement dans les bananes, poireaux, oignons, asperges, artichauts, chicorée, ail, seigle, blé.
(1) Probiotiques et prébiotiques, OMS, mai 2008.
Le contexte
– Le microbiote intestinal – ou flore intestinale – est composé en grande majorité de bactéries (100 000 milliards), levures et virus. Chaque individu possède son microbiote, mais certaines souches bactériennes sont communes : surtout des lactobacilles (Lactobacillus) et des bifidobactéries (Bifidobacterium) auxquels s’ajoutent d’autres espèces bénéfiques pour notre santé, mais aussi des pathogènes.
– Lorsque tout va bien, un équilibre se crée et les « bonnes » bactéries jouent un rôle protecteur, empêchant la prolifération des pathogènes. Outre cette action « barrière », le microbiote intervient dans la digestion, le transit intestinal, la synthèse de certaines vitamines (B, K) et jouerait un rôle dans la stimulation du système immunitaire.
– Le stress, un changement d’alimentation ou les antibiotiques perturbent transitoirement le microbiote, ce qui peut occasionner ballonnements, distensions abdominales, digestions difficiles ou diarrhées. Pour améliorer ces troubles, l’intérêt d’aliments contenant des probiotiques est connu de longue date.
L’avis
Docteur Lionel Bueno, directeur de recherche en neuro-gastroentérologie et nutrition, à l’Inra de Toulouse (31)
« L’action des probiotiques est clairement démontrée dans les diarrhées dues aux antibiotiques ou associées à des gastro-entérites, et dans la prise en charge des symptômes de l’intestin irritable. Dans la rectocolite hémorragique, la prise de certains lactobacilles, associée aux médicaments, prolongeait la période de rémission entre deux poussées. Leur rôle dans la prévention de certaines récidives d’infections vaginales mycosiques ou bactériennes est établi. ll y a également des résultats intéressants dans la dermatite atopique, avec réduction de l’incidence de survenue d’eczéma chez les enfants à risque ».
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