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Faut-il recommander de supplémenter en vitamine D ?
Le Haut Conseil de la santé publique ne préconise pas de supplémentation systématique en vitamine D dans les populations générale et à risque
Qu’est-ce que la vitamine D ?
Outre ses effets sur la minéralisation osseuse, cette vitamine présente des effets anti-infectieux, anti-inflammatoire, anti-tumoral et protecteur cardio-vasculaire(1).
Où la trouver ?
Elle provient pour 80 à 90 % de la biosynthèse cutanée, sous l’effet des UVB, et pour 10 à 20 % de l’alimentation. Les doses d’UVB nécessaires à la synthèse de la vitamine D varient selon les types cutanés, la latitude, la saison et l’heure d’exposition solaire. « Au nord de la Loire, cette synthèse est quasiment nulle de novembre à fin mars », souligne le Pr Souberbielle (voir Notre expert).
Est-on en déficit en France ?
La vitamine D est stockée et relarguée dans le sang sous la forme de 25-hydroxy-vitamine D (25 OHD, ou calcidiol), dosable. En population générale, une concentration d’au moins 20 ng/ml est considérée comme suffisante chez l’adulte. Chez les patients à risque d’ostéoporose, le Grio (voir Repères) estime le taux nécessaire à au moins 30 ng/ml. Un taux maximal entre 50 et 60 ng/ml évite des effets indésirables (hypercalcémie précédée d’une hypercalciurie pouvant favoriser calculs rénaux ou dysfonctionnement rénal). 40 à 50 % des Français ont un taux sanguin de 25 OHD inférieur à 20 ng/ml et un sur huit, inférieur à 30 ng/ml(1). Notons que le dosage en vitamine D n’est indiqué et remboursé que dans certains cas, dont la suspicion d’un risque ostéoporotique, et que les méthodes de dosage ne sont pas encore toutes standardisées, d’où le biais de certaines études.
Faut-il supplémenter tout le monde ?
Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) souligne le bénéfice d’un apport en calcium et vitamine D sur la prévention des fractures dans certaines populations mais ajoute que, « si de nombreuses études observationnelles suggèrent que l’insuffisance en vitamine D pourrait être associée à des anomalies de différentes fonctions de l’organisme, les résultats des essais disponibles à l’heure actuelle n’ont souvent pas permis de confirmer une relation causale entre le statut en vitamine D et ces différentes pathologies » (infectieuses, auto-immunes, NDLR…). Pour le Pr Souberbielle, « ce rapport ne prend pas en compte certaines méta-analyses récentes – réalisées en dosant la vitamine D de façon standardisée –, qui montrent que, s’il n’y a pas de bénéfice à supplémenter des patients qui ont un taux adéquat, on diminue ou améliore en revanche certains risques ou paramètres de façon modeste mais réelle en cas de déficit avéré. Entre autres, les infections respiratoires aiguës, la mortalité par cancer, la pression artérielle chez des hypertendus ou des pathologies gravidiques chez la femme enceinte, dont le HCSP ne pas fait pas mention ». Le spécialiste note les recommandations récentes en pédiatrie, mais qu’en est-il après 18 ans ?
Et les personnes à risque ?
L’expert est en phase avec les groupes à risque de déficit en vitamine D(1) : personnes obèses, ne s’exposant pas au soleil (en institution…), à peau très pigmentée, pathologies chroniques endocriniennes, ostéoporose, défauts d’absorption, insuffisance rénale… En pratique, « il faudrait supplémenter les sujets avec au moins un facteur de risque, tout en se souvenant que la période “froide”, de novembre à début avril, est un facteur de risque majeur de déficit en vitamine D pour tous ».
Quelle serait la dose adéquate ?
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) préconise un apport en vitamine D de 15 µg (600 UI) par jour chez l’adulte, l’apport moyen alimentaire étant estimé à 3,1 µg par jour. Un apport très insuffisant pour le Pr Souberbielle : « Plusieurs méta-analyses montrent que 1 200 UI par jour sont nécessaires chez des sujets caucasiens pour atteindre une concentration optimale de 25 OHD (supérieure à 20 ng/ml) ». Le HCSP ne mentionne pas ces études et recommande une exposition au soleil modérée suffisante et une alimentation assez riche en poissons gras, œufs et produits laitiers.
Quid des compléments alimentaires ?
Le HCSP ne préconise pas l’auto-prescription de vitamine D et alerte sur le risque potentiel de sa prescription, couplée à la prise de compléments fortement dosés en vitamine D. La teneur maximale journalière recommandée dans les compléments alimentaires est fixée à 50 µg (2 000 UI), mais tous ne la respectent pas.
(1) Avis relatif à la couverture des besoins de la population générale en vitamine D et en fer, Haut Conseil de la santé publique (HCSP), septembre 2022.
NOTRE EXPERT INTERROGE
→ Pr Jean-Claude Souberbielle, ancien responsable du laboratoire d’hormonologie, hôpital Necker-Enfants malades à Paris, et co-auteur des recommandations de 2019 du Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses (Grio) sur la vitamine D.
Repères
→ 2012 : l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) fixe la limite supérieure de sécurité de la vitamine D à 100 µg par jour (de 2 000 à 4 000 UI par jour).
L’Académie de médecine recommande de 800 à plus de 1 500 UI par jour de vitamine D chez l’adulte selon l’âge.
→ 2016 : l’Anses recommande 15 µg (600 UI) par jour de vitamine D chez l’adulte.
→ 2019 : recommandations du Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses (Grio) sur la supplémentation en vitamine D chez les patients ostéoporotiques ou à risque d’ostéoporose.
→ Mars 2022 : l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa) recommande de 400 à 800 UI par jour jusqu’à 18 ans, et jusqu’à 1 600 UI par jour de vitamine D dans les groupes à risque (peau foncée, obésité, pas d’exposition solaire, végans).
→ 20 septembre 2022 : publication de l’avis du HCSP(1).
(1) Avis relatif à la couverture des besoins de la population générale en vitamine D et en fer, Haut Conseil de la santé publique (HCSP), septembre 2022.
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