Coupures d’électricité : l’hiver de tous les dangers

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Coupures d’électricité : l’hiver de tous les dangers

Publié le 7 novembre 2022
Par Favienne Colin
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Les pharmaciens recevront des consignes pour faire face à d’éventuels délestages électriques en cas de tension cet hiver. Mais la profession n’a pas dit son dernier mot pour en être exemptée. 

Le suspense dure à propos de l’exemption des officines de possibles délestages électriques cet hiver. « Nous essayons (de l’obtenir) », a déclaré le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset le 4 novembre, au lendemain d’une réunion au ministère de la Santé spécifiquement axée sur les coupures de courant. La FSPF s’y trouvait aux côtés de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) et du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (Cnop). Philippe Besset espère que l’on saura à quoi s’en tenir au plus tard le 16 novembre, date de son prochain rendez-vous avec le conseiller santé de la Première ministre, qui a désormais le dossier entre les mains. Si l’officine réussit à être exemptée de délestage, le process pourrait être « automatique » ou bien nécessiter par exemple pour chaque officine « de déclarer (son) numéro d’installation », anticipe Philippe Besset.

Bientôt un document de la DGS pour les réfrigérateurs

Si délestages il y a, ils seront organisés pour deux heures au plus, de façon tournante par zone géographique, et annoncés quelques heures avant. A ce sujet, le ministère de la Santé a prévu d’envoyer dans les 15 jours à venir une fiche de solutions palliatives précisant la marche à suivre (prévoir des bouteilles de glace, des capteurs sur les armoires réfrigérées, savoir que les réfrigérateurs avec une porte vitrée gardent moins longtemps le froid qu’une porte opaque…). Ce document pourrait avoir un impact direct sur l’assurance des produits à conserver au réfrigérateur. « A partir du moment où on se conforme aux règles fixées par les pouvoirs publics, les produits seront couverts par les assureurs, estime Philippe Besset. Ils ne peuvent pas modifier les contrats en cours d’année ». L’enjeu est d’autant plus important qu’on ne connait pas l’impact de la rupture de la chaine du froid sur les médicaments en cas de coupures répétées. De fait, les officinaux craignent que les laboratoires se cantonnent aux recommandations des résumés des caractéristiques de produits (RCP) et que de nombreux produits soient à jeter.

Autre point en lien avec la température, l’arrêt de la climatisation dans certains territoires d’outre-mer impacterait la bonne tenue des médicaments dont les RCP imposent un environnement inférieur à 25 °C.

Des conséquences en cascade

Sans courant, l’officine est privée de l’accès à l’informatique, « sans laquelle on ne peut pas dispenser », explique le président de l’USPO, Pierre-Olivier Variot. De fait, il deviendrait impossible de consulter l’historique du patient pour délivrer en bonne et due forme, de connaitre certains prix, de pratiquer le tiers payant… De même, la question des portes automatiques – également portes de secours -, programmées obligatoirement pour s’ouvrir en cas de coupure de courant dans un commerce en exploitation, se pose également. Ce système fait craindre des problèmes de sécurité en matière de vol. « Il faut une protection dans certains quartiers sensibles », selon Pierre-Olivier Variot, qui insiste sur ce sujet auprès des autorités.

Enfin, comment organiser les gardes sur un territoire sans électricité ? « Cela me semble impossible à mettre en place en 24 heures », précise la présidente du Cnop, Carine Wolf-Thal. Faudra-t-il fermer ? « La recommandation pourrait être de fermer pendant les heures de délestage si les pharmaciens ne sont pas en mesure d’assurer la dispensation de médicaments. Je ne voudrais pas que la colère des patients ne rejaillisse sur les officinaux », tranche la présidente qui a prévenu la DGS à ce sujet.

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Reste que, compte tenu du contexte international, la France n’est pas non plus à l’abri de coupures inopinées liées à des catastrophes imprévisibles à ce jour, une situation également abordée lors de la réunion.