Cabinet médical : sa proximité n’est pas la panacée

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Cabinet médical : sa proximité n’est pas la panacée

Publié le 14 novembre 2022
Par Favienne Colin
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Dans les centres commerciaux, les cabinets médicaux peinent à recruter des médecins. A tel point qu’en avoir un dans les parages n’est plus rédhibitoire pour les acquéreurs d’officines, qui, elles, parviennent à fidéliser même loin des médecins.

Tout le pays est aujourd’hui concerné, et pas seulement les campagnes, par les déserts médicaux. Pour autant, la proximité d’un cabinet médical est-elle un élément indispensable au bon fonctionnement d’une pharmacie ? « Ce point est abordé dans un dossier de vente fourni à un potentiel acquéreur. Qui sont les prescripteurs ? Où sont-ils installés ? Et, depuis une dizaine d’années, quel est leur âge ? etc. », explique Christian Hayaud, directeur associé du cabinet de transaction Villard. En Ile-de-France, dans la région où il opère et qu’il estime n’être pas trop mal desservie en généralistes, « Le départ d’un médecin n’est souvent pas aussi dramatique que l’on pourrait le craindre. Les patients doivent parcourir plusieurs kilomètres pour consulter, mais pour la délivrance, beaucoup d’entre eux reviennent dans leur pharmacie car ils y sont attachés. Et en l’absence de médecins, les prescriptions viennent des hôpitaux. » Pour lui, la situation se résume ainsi  : « C’est mieux de compter deux ou trois médecins à proximité, mais ce n’est pas non plus la panacée ! » 

Se soigner comme on fait ses courses 

L’offre de santé est en pleine mutation. Alors que les officines s’ouvrent de plus en plus aux services (vaccins, tests, entretiens, etc.), on assiste à une tendance de fond du medtail (contraction de médical et de retail), qui consiste à implanter la santé dans des environnements commerciaux, comme les centres et galeries. « Le médecin de ville, l’exercice indépendant sont en perte de vitesse. On voit des cabinets dans les centres commerciaux, qui, c’est la grande tendance, tâchent de développer les services, dont le médical, en offrant des locaux accessibles », observe Christian Hayaud. Capitalisant sur ses galeries historiquement installées en périphérie de villes et aujourd’hui rattrapées par l’urbanisation, Carmila, foncière commerciale cotée en Bourse détenue à 35,5 % par Carrefour, agit en ce sens. Ainsi, au printemps dernier, expliquait-elle à Pharmacien Manager vouloir « une officine dans chacun de ses 129 centres ». « En réponse à un réel besoin d’accès aux soins, la santé devient un axe stratégique majeur, et l’implantation de pharmacies, cabinets dentaires (NdlR, enseigne Vertuo) et médicaux, s’est accélérée. Avec un objectif : que la santé représente 15 % de l’offre d’ici à 2026 », précise Carmila, dans son Document d’enregistrement universel 2021. Le résultat de la récente étude « Post-Covid : les Français et le commerce physique » d’OpinionWay et Quantaflow pour la Fédération des acteurs du commerce dans les territoires, semble lui donner raison : 52 % des sondés « souhaitent trouver un pôle santé dans les centres commerciaux ». 

Les médecins préfèrent la ville 

Si des cabinets médicaux s’ouvrent dans des pôles de santé ou des galeries, leurs cellules ne sont néanmoins pas toujours pleines. « Un médecin en centre commercial, c’est une pratique qui n’est pas encore entrée dans les mœurs, tant pour les professionnels que pour les patients. Les jeunes généralistes préfèrent travailler en centre-ville, même si le loyer est plus cher qu’en galerie », constate Maël Birien, titulaire de la pharmacie implantée dans le centre commercial d’Atlantis, et dont le cabinet médical est passé de quatre à un seul généraliste proche de la retraite. « Pourtant, le bailleur a divisé par deux leur loyer », précise-t-il, tout en confiant que son chiffre d’affaires n’a pas vraiment été affecté par ces départs successifs. « Les prescriptions des médecins ne sont jamais négligeables. Mais, ici, ce service était pour beaucoup de patients considéré comme du dépannage. Le bailleur espérait mettre des soignants à disposition des 2 500 salariés du centre mais, comme leur moyenne d’âge est de 25 ans, ils consultent peu… ». Reste que Maël Birien a lui-même investi dans une maison de santé à 1 km de son officine, plus près du centre-ville. Preuve malgré tout que le maillage des médecins généralistes demeure clé pour la pharmacie. 

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