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Le big-bang
Succursale, holding, société de moyens… La 19e édition de Pharmagora va bruire du 4 au 6 avril d’un nouveau vocabulaire. Objectif : réfléchir à une nouvelle organisation du réseau officinal pour répondre à la baisse de l’activité économique. Le point sera également fait sur la nouvelle loi « Hôpital, patients, santé, territoires » qui prépare une mutation du rôle du pharmacien d’officine.
Ouf ! Le soulagement est perceptible même s’il n’est pas total. Certes, la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) n’a pas encore rendu (à l’heure où nous bouclons) son avis sur la demande d’ouverture du capital des pharmacies sarroises et italiennes. Mais l’avis de l’avocat général près la Cour, Yves Bot, opposé à cette mesure, a desserré l’étau (voir Pharmacien Manager n° 84). Les interrogations n’en restent pas moins présentes, la croissance ayant été nulle en 2008 (selon le panel Pharmastat IMS Health). Du 4 au 6 avril, Pharmagora confrontera les réflexions de l’Ordre, des syndicats, des groupements et des spécialistes du secteur sur la question. Car la crise entraînera nécessairement des changements dans la vie du pharmacien.
Mission : coordination
Moins de 2 % de jusqu’en 2012. C’est l’estimation faite par le cabinet d’études Precepta sur la progression du CA des médicaments remboursables. La marge, elle aussi, est en décroissance. Progression des génériques, encadrement des prescriptions, franchises médicales, passage aux grands conditionnements…, la politique de maîtrise médicalisée a largement porté ses fruits. Au point que la FSPF a tiré la sonnette d’alarme en 2008, demandant au ministère de la Santé de revoir le calcul de la marge officinale.
Il faut trouver de nouvelles sources de croissance. Pris finalement à bras-le-corps par la profession, le lancement officiel en juillet 2008 de quelque 300 produits non remboursables en libre accès n’apportera à terme qu’une partie de la solution. L’apport de la loi « Hôpital, patients, santé, territoires », qui doit être discutée en deuxième lecture en mai, sera largement disséqué. « L’inscription de l’article 17 sur l’expérimentation de la coordination des soins en région à l’initiative des professionnels de santé libéraux est la première étape, souligne Gilles Bonnefond, du syndicat USPO. Ces expérimentations concerneront notamment les diabétiques, les sorties de l’hôpital. L’objectif est que la Haute Autorité de santé en tire des protocoles nationaux. » Et, à terme, que le rôle du pharmacien comme premier recours soit pris en compte par les pouvoirs publics sous forme de nouvelles rémunérations. Derrière ce texte, se profile surtout l’idée d’une mutation de l’exercice officinal. Une nécessité pour pallier le déficit de médecins dans certaines zones géographiques, pour stopper court ou du moins freiner la remise en cause, notamment par la GMS, du monopole de la pharmacie sur la vente de produits, mais également répondre aux interrogations sur la taille du réseau lui-même, la Cour des comptes ayant chiffré dans son dernier rapport le surplus à 5 000.
Les futurs scenarii
La réorganisation du réseau, c’est l’autre enjeu de la profession. Comment assurer ces nouvelles missions sans conserver un maillage fort du territoire ? «Les industriels concentrent leur stratégie sur 8 à 10 000 officines », souligne Emmanuel Sève, responsable de l’étude sur la distribution pharmaceutique de Precepta.
Quoi qu’il en soit, de nouvelles formules ont vu le jour. Pas question de supprimer physiquement des officines, « mais de réfléchir à une nouvelle répartition si elles sont trop concentrées, dans les centres-villes par exemple, et d’aider celles qui sont en difficulté », insiste Patrick Zeitoun, président de l’Union des pharmacies de la région parisienne (UPRP), laquelle réfléchit à la création de « «sociétés de moyens» permettant la mutualisation, sur le modèle des médecins, de services tels que la comptabilité, l’achat de matériel voire le recrutement de personnel ».
Anticipant un changement réglementaire, la Holding de pharmacies indépendantes (HPI) a été créée en mars 2008 pour organiser l’intégration capitalistique et opérationnelle de pharmaciens. Contrôlée à 100 % par ses associés pharmaciens, HPI fonctionne sur le principe « 1 pharmacie = 1 voix ». Objectif : créer des réseaux locaux de pharmacies.
Pour le Collectif des groupements, le salut viendra du succursalisme. Les succursales existent dans le principe du commerce traditionnel. Concrètement, un pharmacien ou une société de pharmaciens exploitant déjà une officine pourraient créer un total de 3 succursales. Il serait juridiquement responsable de la pharmacie mère et des 3 autres et emploierait des pharmaciens gérants ou adjoints. « Nous ne voulons pas réduire le nombre de licences. L’entité juridique créée sera détentrice de 4 licences », indique Pascal Louis, président du Collectif. Intérêt de ce montage : faciliter le regroupement d’officines pour les rendre plus fortes et optimiser leur organisation, offrir un statut de cadre aux adjoints. Pascal Louis en a présenté les modalités aux députés UMP Jean-Pierre Marcon et Christine Marin, chargés de réfléchir aux professions réglementées. L’écoute a été favorable. Mais on attend encore le décret sur les SPF-PL. Si la proposition ne suscite pas une entière adhésion, la profession s’accorde sur un point. Philippe Gaertner, président du syndicat FSPF, le martèle : il est plus que temps de remettre ce décret sur la table, et ce dès que la CJCE aura donné son verdict. Philippe Gaertner table sur un système de SEL à 3 officines. L’USPO évoque elle le nombre de 6 tandis que l’UPRP propose d’y aller progressivement, pour éviter ce que son président appelle des « dérives » : la constitution de réseaux de SEL dans des zones concentrées au risque de déstabiliser les officines voisines.
L’enjeu capitalistique
La constitution de réseaux, plus ou moins intégrés, est pourtant déjà en oeuvre. De manière verticale, à l’instar de la coopérative Welcoop, ou de manière horizontale comme le font les groupements avec leurs enseignes. Créée par l’ancienne CERP Lorraine, qui a revendu son pôle répartition au groupe Phoenix,Welcoop s’est concentrée sur la création d’un nouveau business model : en devenant membre de la coopérative, le pharmacien devient également propriétaire du génériqueur Cristers, partie intégrante du groupe. Plus le pharmacien fera appel aux fournisseurs du groupe, plus il générera du chiffre d’affaires. Jusqu’au 30 avril, il peut devenir actionnaire en profitant de l’ouverture du capital du groupe, qui compte faire son entrée d’ici deux à trois ans.
Les groupements, quant à eux, se renforcent. Plus Pharmacie a ouvert son capital il y a deux ans à Phoenix pour augmenter sa puissance financière. Le groupe PHR finalisait récemment l’arrivée d’investisseurs publics. L’objectif est clair : multiplier les services auprès des adhérents et des clients de la pharmacie, sous l’angle santé publique, avec des tests de dépistage, de prévention, des services à la personne, mais aussi sous un angle commercial (promotions…).
Bien sûr, ce n’est pas nouveau. Mais l’unicité longtemps affichée du modèle de la pharmacie se fissure. Il y a quelques années, parler de pharmacies spécialisées provoquait un tollé. Désormais, la concurrence au sein du réseau s’affiche : Pharmodel veut créer de la différenciation avec ses nouvelles offres (voir WK-Pharma.fr) et prévoit une nouvelle campagne de communication pour inciter le client à se rendre dans une officine à l’enseigne. PHR n’est pas en reste. Mi-avril, le groupe communiquera par voie de radio, de télé et d’affichage sur son positionnement. « Toutes les pharmacies sont représentées par le même symbole, la croix verte. Nous voulons faire comprendre aux gens que des officines exercent différemment et, qu’au sein de nos enseignes, la différence est perceptible », clame Lucien Bennatan, président de PHR.
Les points chauds du salon
. Les solutions de regroupement : succursales, sociétés de moyens, coopératives…
. La transmission des officines
. Le déploiement de l’OTC en libre accès
Les projets en cours
. Les missions futures du « pharmacien de coordination »
. La généralisation du dossier pharmaceutique
. La convention EHPAD-Officine
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