Amoxicilline : une pénurie partie pour durer

Les tensions d’approvisionnement de l’amoxiciline concernent avant tout les formes buvables de cet antibiotique : Clamoxyl (amoxicilline) et génériques (dosages 125 mg/5ml, 250 mg/5 ml et 500 mg/5 ml), Augmentin (amoxicilline/acide clavulanique) et génériques (dosage 100 mg/12,5 mg/ml). Selon Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), « elles devraient s’étendre aux formes orales adultes et, par effet ricochet, à d’autres classes d’antibiotiques. » Pour combien de temps ? Sûrement jusqu’en mars 2023. La raison ? Une production nettement moindre en 2020 et 2021, en raison d’une baisse de la consommation d’amoxicilline pendant la pandémie de Covid-19. Or cette consommation est repartie à la hausse depuis quelques mois, épidémie de bronchiolite oblige. Ainsi que d’autres infections respiratoires pédiatriques.

Les stocks constitués par les laboratoires ne sont « pas à la hauteur habituelle », a souligné l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui a donc demandé aux industriels d’augmenter leur production. Hélas, seuls trois sites en Europe produisent cet antibiotique, difficile à importer puisque les pays européens connaissent les mêmes difficultés d’approvisionnement.

Afin d’optimiser l’utilisation de l’amoxicilline ou de proposer des alternatives thérapeutiques, l’ANSM a mis en ligne des recommandations. Un contingentement en fait partie.Pour les prescripteurs, la recommandation est de prescrire l’amoxicilline de la manière la plus raisonnable possible, notamment en rédigeant des ordonnances conditionnelles. Corollaire : l’Agence incite à une plus grande utilisation des Trod angine en officine. Une autre consigne est adressée aux médecins concernant la durée de prescription limitée à 5 jours de traitement. « Les boîtages de comprimés n’étant pas adaptés à cette durée de traitement, les pharmaciens pourraient être amenés à dispenser à l’unité. En revanche, cela sera impossible pour les sirops », prévient le président de la FSPF. L’ANSM confirme : « Priorisez la dispensation à l’unité des spécialités dès que cela est possible ! » Philippe Besset annonce enfin qu’une nouvelle campagne de l’Assurance maladie (« Les antibiotiques, ce n’est pas automatique ») sera prochainement lancée.