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Effectifs en baisse à l’officine

Publié le 16 mai 2009
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Des effectifs en déclin dans trois sections, une population qui vieillit, le tout dans un contexte professionnel que l’on a connu beaucoup plus serein. L’Ordre a présenté, mercredi 13, le bilan démographique des pharmaciens au 1er janvier 2009.

Répartition généraleEn nombre d’inscriptions, l’Ile-de-France, qui regroupe 4 709 titulaires(- 28 en un an), rassemble 17 % de l’effectif total.Le Limousin, avec 433 pharmaciens, en regroupe 1,5 % (record de densité).

L’Ordre n’a pas failli à sa tradition annuelle. Un panorama complet de la situation démographique de la profession au 1er janvier 2009 nous a donc été livré. « Longtemps annoncée, la stagnation du nombre de pharmaciens en France est arrivée. Le palier atteint l’an dernier se confirme cette année, avec une augmentation presque nulle des inscriptions et même une baisse des effectifs de plusieurs sections. Cette tendance pourrait bien s’étendre à la profession de ces prochaines années », mentionne Jean Parrot, président du Conseil national de l’Ordre. Des preuves ? De 3 % d’augmentation annuelle entre 1980 et 1995, le taux est passé à 2 % entre 1995 et 2007 pour tomber à 0,2 % en 2008.

Cinquante deux officines de moins en 2008

La baisse d’effectifs – tant redoutée – est arrivée dans trois sections. La section A perd 20 titulaires en un an, avec 28 148 inscrits, la section D, qui regroupe 26 345 adjoints (dont 26 153 inscrits au titre de l’activité principale, certains générant des inscriptions différentes parce qu’exerçant plusieurs activités), diminue de 57. 22 319 adjoints exercent à temps complet ou partiel, 2 993 sont dits « intermittents » (multiemployeurs), 22 sont gérants après décès et 79 sont remplaçants de titulaires. Mais c’est la section C (distribution en gros) qui subit la plus grosse dégringolade (- 4,42 %) avec ses 1 362 inscrits. « Cette chute d’effectifs n’est pas le reflet d’une baisse de la présence pharmaceutique dans les établissements. Elle traduit une réorganisation du secteur », rectifie Jean-Luc Delmas, président de la section. Un peu plus d’optimisme avec l’outre-mer où la section E voit ses effectifs croître de 1,73 % (1 525 en tout).

Au total, la France compte 22 462 officines (52 de moins qu’en 2007) et 72 716 pharmaciens (soit 207 de plus qu’en 2007), et la proportion des femmes dans la profession continue d’augmenter (65,84 % contre 65,65 % l’année précédente). Il y a donc 24 840 hommes et 47 876 femmes. En 2008, ces dernières représentent même 69,8 % des premières inscriptions. Les femmes sont fortement majoritaires chez les adjoints où elles représentent 81,68 % des effectifs mais un peu moins chez les titulaires (12 886 hommes et 15 262 femmes). En 2008, 1 421 femmes et 621 hommes ont été inscrits pour la première fois au tableau dont 1 337 en section D et 60 en section A. Ces derniers deviennent donc directement titulaires sans passer par la case « adjoint ».

Jean Parrot est néanmoins inquiet : « L’activité des pharmacies est menacée par la baisse du nombre de médecins dans certaines régions, et dans certaines zones (Bretagne, Picardie) on va manquer d’adjoints). » Jean-Luc Audhoui, trésorier de l’Ordre, fait remarquer que les inscriptions dans les trois ans d’obtention du diplôme sont tombées de 90 % à 78 % au cours des trois dernières années. L’Ordre doit donc faire face à ce qu’il appelle une « évaporation de diplômés ». 1 758 diplômés depuis moins de 3 ans se sont inscrits à l’Ordre en 2008. Près de 500 se sont donc évaporés sur les 2 250 prévus par le numerus clausus en vigueur au temps de leurs études. « Les jeunes pharmaciens sont de plus en plus hésitants à s’engager dans un contexte où on ne fait que parler de coûts de la santé, explique Jean Parrot. Ils mettent alors à profit leur diplôme dans des activités annexes. »

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Désert médical contre maillage territorialLa répartition des pharmacies est plus homogène que celle des médecins, d’où l’intérêt des règles qui garantissent la proximité du service officinal sur tout le territoire. Par ailleurs, les pharmaciens les plus nombreux ont entre 48 et 57 ans.

L’âge de cessation d’activité diminue de 3 mois par an

Le vieillissement de la profession se poursuit. L’âge moyen, qui était de 41 ans et 8 mois au 1er janvier 1994, est passé à 45 ans et 11 mois. Il est de 48 ans et 7 mois dans la section A et 42 ans et 11 mois pour la section D. Ainsi, la chute des effectifs est flagrante entre les 1er janvier 1994 et 1er janvier 2009 dans la tranche d’âge 33-37 et 38-42 ans. Les effectifs explosent logiquement dans la tranche 48-62 ans. Le resserrement entre le nombre des inscriptions et celui des sorties est d’ailleurs l’un des faits marquants de ce bilan. Pour 2 035 nouvelles inscriptions en 2008, on ne dénombre pas moins de 1 828 sorties. « Dans les 4 ans qui viennent, 5 000 pharmaciens vont partir à la retraite, c’est 37 % de plus que les années précédentes, et l’âge moyen de cessation d’activité, aujourd’hui de 63 ans, se raccourcit de 3 mois tous les ans », fait remarquer Bernard Lagneau, président de la CAVP. Mais alors, qu’en est-il de l’arrêté du 17 janvier 2008 qui a porté le numerus clausus à 3 090 ? Il devrait apporter environ 2 600 primo-inscriptions à partir de 2013. « C’est insuffisant. Ici comme ailleurs. Irlande, Norvège, Canada…, on essaie tous de « se voler » les jeunes dès lors où ils ont été formés. Idéalement, il faudrait 3 500 à 3 600 nouveaux diplômes par an », estime Jean Parrot.

En métropole, on compte une officine pour 2 796 habitants, un titulaire pour 2 231 habitants et un pharmacien (adjoint ou titulaire) pour 1 175 habitants. Le Limousin détient le record de densité (sa population vieillissante est de plus en baisse), l’Alsace la plus faible (quotas d’habitants spécifiques). Quant au clivage Nord-Sud, il n’est pas si aberrant que cela puisque la population des plus de 60 ans, donc demandeuse de soins, est surreprésentée au soleil.

Une profession qui vieillit

On compte six fois plus de SEL en l’espace de neuf ans !

Les pharmaciens exercent de moins en moins seuls. Les officines regroupant trois diplômés ou plus sont passées de 20,2 % en 1998 à 33,7 % en 2008. Dans le même temps, le titulaire seul aux manettes passe, lui, de 33,4 % à 21,2 %. L’exercice en association concerne désormais 51,3 % des titulaires (+ 3,6 % en un an) et les SEL confirment leur succès en passant de 706 à 4 334 en 9 ans. Rien qu’en 2008, elles peuvent se targuer d’un + 20 %. Certaines régions comme l’Alsace, la Lorraine ou la Basse-Normandie dépassent allègrement le cap des 30 % d’officines en SEL. Des chiffres encore loin de ceux rencontrés pour les laboratoires d’analyses biologiques et médicales. Pour ces derniers, aucune région n’est en dessous de 48 % pour les montages en SEL.