- Accueil ›
- Business ›
- Economie ›
- Stratégie et Gestion ›
- Les centrales sont nées
Les centrales sont nées
Le décret sur les centrales d’achats a enfin paru au « Journal officiel » du 21 juin. A quelques virgules près, il dit la même chose que le projet que nous révélions en exclusivité en janvier dernier.
L’administration a ses raisons que la raison ignore. Six mois après la mise en consultation de la version 4 (!) du décret sur les centrales d’achats*, le Journal officiel du 21 juin a officialisé ce nouveau statut d’établissement pharmaceutique… sans modification sur le fond. Les centrales d’achats pourront acheter et stocker des médicaments non remboursables, soit pour leur propre compte, soit pour le compte de titulaires d’officine, soit pour le compte des toutes nouvelles « structures de regroupement à l’achat ». Nonobstant leur réticence initiale, les grossistes-répartiteurs s’étaient battus pour pouvoir jouer ce rôle pour le compte des officinaux (voir Le Moniteur n° 2764) : leur voeu est exaucé.
La rétrocession officialisée de facto
Les syndicats, soucieux de voir les pharmaciens non groupés pouvoir bénéficier de ces nouvelles structures, sont ravis. En revanche, le Collectif des groupements (CNGPO) a vu là un « cadeau » fait aux grossistes-répartiteurs pour accroître leur palette de services, risquant ainsi de marcher sur leurs plates-bandes. Comment seront distingués les stocks leur appartenant de ceux des pharmaciens les ayant mandatés comme centrale ? La DGS a laconiquement répondu que cette distinction n’était pas nécessaire sur le plan sanitaire. Le CNGPO a par ailleurs toujours insisté sur le danger de voir des intervenants non pharmaceutiques (y compris la GMS) investir dans des centrales d’achats et s’infiltrer dans le circuit du médicament. Mais l’idée de réserver la propriété de ces centrales aux officinaux a très vite été balayée par la DGCCRF.
La seconde création de ce décret est la « structure de regroupement à l’achat » (des centrales « allégées », en quelque sorte). Via une société, un GIE ou une association, des titulaires d’officine (ou des sociétés exploitantes d’officines) pourront négocier et faire des achats groupés pour le compte de leurs associés, membres ou adhérents, de médicaments non remboursables ou de parapharmacie. Elles pourront aussi mandater une centrale d’achats pour le faire.
La petite nouveauté du texte officiel par rapport au projet de décret de janvier est que les structures se livrant au stockage de ces commandes devront comporter un établissement pharmaceutique « autorisé pour l’activité de distribution en gros ». On peut donc imaginer que nombre de ces structures de regroupement d’achat feront appel à des grossistes pour leur logistique. Moyennant quoi la pratique de la rétrocession, illégale quoique courante, sera officialisée.
* Décret n° 2009-741 du 19 juin 2009.
Faire baisser les prix publics
Permettre à tous les pharmaciens d’obtenir les meilleures conditions commerciales possibles, voilà l’objectif. La création des centrales d’achats fait d’ailleurs partie du « package » de textes liés au libre accès. Pour le ministère de la Santé, les centrales d’achats ont donc pour objectif de faire baisser les prix publics des médicaments OTC. Le facteur laboratoires entrera donc en ligne de compte : joueront-ils le jeu en pratiquant, comme ils devraient le faire, les mêmes conditions générales de vente pour des structures d’achats équivalentes ? accepteront-ils de les livrer sans difficulté ? Là aussi, les répartiteurs ont une carte à jouer. Et si les prix ne baissent pas, les pouvoirs publics auront beau jeu de dire que tous les outils auront été mis à disposition de la profession pour ce faire.
- L’IA au service des pharmaciens : un levier contre la fraude aux ordonnances ?
- « Non, monsieur Leclerc, les pharmaciens ne sont pas des nuls ! »
- [VIDÉO] Médicaments : on vous livre cette idée…
- Sante.fr : l’outil de référence pour faire connaître ses services aux patients
- Campagnes publicitaires de médicaments OTC et des produits de parapharmacie
- Financement des officines : 4 solutions vertueuses… ou pas
- Prescriptions, consultations : les compétences des infirmiers sur le point de s’élargir
- Dispensation à l’unité : chassez-la par la porte, elle revient par la fenêtre
- Quelles populations sont actuellement à risque de développer un scorbut ?
- Gilenya (fingolimod) : quelles conditions de délivrance ?

