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« J’ai acheté une officine en liquidation judiciaire »
Fort heureusement, rares sont les officines en liquidation judiciaire. Pour Antoine Corniquet, ce fut un tremplin pour accéder à la propriété. Il nous raconte la procédure à suivre.
Adjoint depuis deux ans dans la même officine, Antoine Corniquet souhaitait depuis longtemps s’installer. A l’affût d’une affaire dans sa région, à proximité de Saint-Quentin (Aisne), il épluchait donc assidûment les petites annonces du Moniteur et des sites spécialisés. C’est finalement un ami, avocat d’affaires, qui en janvier 2008 lui annoncera la mise en adjudication de la Pharmacie centrale de Tergnier. « Elle avait fait l’objet de deux plans de redressement successifs mais sans succès. L’administrateur judiciaire a donc décidé de demander la mise en vente de l’officine », raconte Antoine Corniquet. Dès qu’il apprend la nouvelle, il demande à visiter l’officine. Mais les titulaires, peu désireux de vendre, se montrent très peu coopératifs et ne souhaitent pas rencontrer d’acquéreur potentiel. La première visite aura finalement lieu trois mois plus tard, en mars 2008.
Les informations économiques qu’Antoine réussit alors à glaner sont maigres. « Il a fallu passer beaucoup de temps au téléphone avec les différents intervenants de la justice, l’administrateur, le tribunal de commerce pour les obtenir. Finalement, nous avons pu avoir accès au bilan 2006. »
Une estimation très difficile à réaliser
Avec cet unique bilan datant de plus d’un an et le montant du CA 2007, Antoine devra pourtant établir un bilan prévisionnel le plus précis possible afin de pouvoir faire sa demande de prêt bancaire et une proposition de prix d’achat à l’administrateur judiciaire. « C’était vraiment très difficile. Nous avons donc essayé d’estimer avec l’avocat et l’expert-comptable le potentiel de progression de la pharmacie pour établir une estimation haute et une estimation basse du prix d’achat. De plus, je ne savais pas si nous serions nombreux sur l’affaire. Plusieurs personnes avaient bien demandé des dossiers d’information, mais je ne savais pas exactement combien et si au final elles avaient fait une proposition. »
En effet, dans le cas où plusieurs propositions sont faites, les acquéreurs se retrouvent à la barre du tribunal de commerce et l’affaire est remise au plus offrant. « Le tribunal regarde aussi bien le plan de reprise que la viabilité du projet. Dans mon cas, je m’engageais à reprendre les deux salariées, une préparatrice et une vendeuse. »
Côté banque, le pharmacien, qui possédait un apport personnel d’environ 20 %, présente ses deux estimations de prix d’achat afin de ne pas être pris au dépourvu. Toutes les banques contactées y répondirent favorablement. Mi-avril, Antoine faisait donc sa proposition par écrit au tribunal. Il apprendra qu’il est le premier à se porter acquéreur. Il restait alors un mois aux autres acquéreurs potentiels pour déposer la leur avant que l’affaire ne passe au tribunal début juin. Après délibération, ce dernier lui enverra en juilllet l’accord définitif.
La vente a finalement été signée, sans passer par un compromis, le 30 septembre et Antoine s’est retrouvé derrière le comptoir dès le 1er octobre. Les fournisseurs ont, semble-t-il, bien accueilli le changement de titulaire et proposé des conditions identiques à toute autre officine de taille comparable. Et, surtout, les clients, en dépit de cet imbroglio juridique, ne se sont pas détournés de l’officine. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance…
Les conseils d’Antoine Corniquet
– Se renseigner auprès du tribunal de commerce pour connaître les affaires vendues par adjudication.
– Se faire assister par un avocat spécialisé car il est très difficile d’obtenir des renseignements de telles affaires.
– Rester prudent dans l’estimation du prix, sans trop le sous-estimer sous peine de voir un autre acquéreur plus offrant rafler la mise !
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