Vaccination grippe : les ratés de 2022 et leurs conséquences sur 2023

Alors que plusieurs régions de France sont entrées en phase pré-épidémique de la grippe et que plusieurs indicateurs laissent déjà présager d’une épidémie plus intense et plus précoce qu’à l’accoutumée, Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), s’inquiète des chiffres de la vaccination contre la grippe saisonnière 2022-2023 et du retard acquis sur la couverture vaccinale.

Il avance plusieurs raisons qui sont autant de reproches au gouvernement. « Il s’est passé trop de temps entre l’envoi des bons de prise en charge aux personnes cibles et le démarrage de la campagne le 18 octobre dernier, certains patients l’ont oublié ou égaré. Une dispensation du vaccin plus proche du démarrage de la campagne, stocké dans le réfrigérateur du domicile, aurait permis de jouer une fonction de rappel », explique-t-il, estimant par ailleurs que la date de lancement de la campagne a été trop tardive, en dépit d’une météo en octobre incitant peu à se faire vacciner.

Autre erreur pointée du doigt par le président de l’USPO : la priorisation de la campagne alors que cette précaution n’était pas justifiée, les stocks de vaccins commandés étant suffisants, contrairement à 2021. « L’ouverture de la vaccination à toute la population est également trop tardive », reproche-t-il. Le seul point sur lequel il ne blâme pas le gouvernement porte sur la volonté des patients de différer la vaccination contre la grippe afin de réaliser une vaccination concomitante grippe/Covid-19 avec les vaccins contenant les nouveaux variants du coronavirus, disponibles seulement depuis quelques semaines. 

Une campagne 2023-2024 déjà compromise ?

Les deux syndicats pharmaceutiques en appellent aux pharmaciens pour se montrer proactifs, demander à leurs patients s’ils sont vaccinés contre la grippe et les inciter à se mettre à jour. « Cela risque aussi d’avoir une autre conséquence préjudiciable sur les dotations de vaccins qui nous seront attribuées pour la campagne de l’année prochaine », craint Pierre-Olivier Variot. Par ailleurs, moins de vaccins injectés, ce sont des commandes 2023 à la baisse côté pharmaciens. La campagne 2023/2024 pourrait alors être contrariée par des pénuries de vaccins antigrippaux …et la mise en place en urgence de nouvelles priorisations.