Les extraits de pépins de pamplemousse posent-ils les mêmes problèmes d’interactions médicamenteuses que le jus de fruits ?

Les extraits de pépins de pamplemousse ont fait leur apparition dans les officines et sur Internet. Ces compléments alimentaires revendiquent de nombreuses propriétés et usages aussi bien externes (antisepsie…) qu’internes (affections digestives, ORL…). Outre une efficacité non démontrée, ils peuvent être à l’origine de modifications de la biodisponibilité de certains principes actifs. Le jus de pamplemousse, par les flavonoïdes qu’il contient, est déjà bien connu pour son action inhibitrice des cytochromes 3A. L’inhibition du métabolisme de certaines molécules conduit à une élévation de leurs concentrations plasmatiques avec un risque de surdosage et d’effets indésirables. Les extraits de pépins de pamplemousse sur le marché contiennent tous entre 400 et 800 mg/100 ml de bioflavonoïdes (dont 80 % de naringine) et conseillent une posologie moyenne de 18 mg/j. Or, selon une méta-analyse (Clinical Pharmacokinetics, 1997), une quantité supérieure à 90 mg en naringine, induit l’inhibition des CYP3A. Ces interactions concernent de nombreuses molécules : contraceptifs oraux à base d’éthinylestradiol, statines, macrolides, immunosuppresseurs, inhibiteurs calciques, antiprotéases… La prise de ces compléments alimentaires est donc potentiellement dangereuse en cas d’accumulation ou de coadministration avec d’autres bioflavonoïdes. Il convient d’en informer le patient et de l’inciter à avertir son médecin en cas de prise.