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La réforme du BP est sur les rails
La réforme du diplôme de préparateur en pharmacie est lancée. Un socle commun de deux ans pour tous est envisagé suivi d’une spécialisation en troisième année : officine, hôpital ou industrie.
Faut-il élever le niveau du diplôme des préparateurs ou simplement rénover le brevet professionnel dont la dernière version date de 1997 ? Cette question est au coeur des discussions que vont mener les partenaires sociaux au sein du groupe de travail sur la rénovation du diplôme de préparateur qui a débuté le 7 octobre. Ils ne pourront pas, en outre, éluder les questions portant sur les conséquences pour l’économie et l’organisation des officines qui vont découler de leur choix.
Former le préparateur à l’éducation thérapeutique
Un premier travail de recensement des activités au sein de l’officine a donné lieu au référentiel d’activités professionnelles réalisé au sein de la Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle (CPNE-FP), présidée par Jean-Paul Provost (UNPF). Ce dernier l’a présenté le 7 octobre, soulignant l’importance d’introduire de nouvelles matières : « Il faut former les préparateurs aux nouvelles missions de l’officine (premiers secours, suivi sanitaire, éducation thérapeutique) et que ces matières soient incluses dans la formation initiale. » L’ajout de cours sur le MAD, la phytoaromathérapie, l’orthopédie, le vétérinaire, etc., permettrait, comme l’explicite Philippe Denry (FSPF), que « le préparateur devienne encore plus un acteur de santé au côté des pharmaciens et qu’il puisse prendre en charge le patient dans sa globalité ».
Une autre éventualité, indique Catherine Hourtiguet (USPO), serait qu’il y ait « un transfert de tâches telles que la gestion des achats, des stocks, du matériel médical et du tiers payant vers les préparateurs afin que les pharmaciens puissent se consacrer à l’information aux patients, à la prévention, au dépistage et au suivi thérapeutique ». Développer la communication est aussi un souhait de tous, d’autant plus que « l’officine se vit de plus en plus comme un lieu de vie sociale », commente Michel Gavrilovic, inspecteur général de l’Education nationale en charge de la rénovation du diplôme.
Créer des passerelles entre l’officine, l’hôpital et l’industrie
Le niveau du nouveau diplôme ne sera fixé qu’en fin de parcours, mais certaines pistes sont déjà évoquées. « Le cahier des charges présenté lors de cette réunion va nous amener à proposer au minimum un niveau III de BTS, voire un niveau II de licence », remarque Michel Gavrilovic. Cette hypothèse convient aussi bien à Roger Halegouet (CFE-CGC) et à Michel Parinet (CFTC) qu’à Jean-Marie Fonteneau (CGT), ce dernier s’interrogeant : « Pourquoi délivrerait-on des médicaments à l’hôpital avec un diplôme de préparateur en pharmacie hospitalière de niveau III et à l’officine avec un BP de niveau IV ? »
Patrick le Métayer (FO Pharmacie) est, lui, pour « une licence professionnelle qui ouvre des passerelles vers un master et un doctorat ou, à défaut, un diplôme d’Etat relevant du ministère de la Santé ». Cette dernière solution apparaît peu probable pour Dominique Drouet (CFDT-Santé Sociaux), qui explique : « Nous avons consulté des experts de la formation sur le passage au niveau licence, mais pour eux la marche est trop haute. Un BTS a plus de chances d’aboutir. » Certains aimeraient créer l’un et l’autre, mais cela signifierait que l’on institue « deux niveaux de préparateur », prévient Brigitte Trocmé, du bureau des Commission professionnelles consultatives à l’Education nationale.
Autre souhait partagé par la plupart des intervenants : mettre en place un diplôme « ouvert » qui offre des possibilités d’évolution vers d’autres exercices professionnels et qui puisse être actualisé régulièrement. La solution idéale serait alors la création d’un socle commun de deux ans pour tous les préparateurs en pharmacie suivi d’une année de spécialisation dans les filières officine, hôpital et industrie, avec des passerelles sous forme de modules permettant de passer de l’une à l’autre.
Une mise en place au mieux en 2012
Le choix d’élever le niveau du diplôme pourrait entraîner une remise en cause profonde du fonctionnement des officines. Sera-t-il possible, en effet, de conserver l’alternance ? Comment se positionneront les « nouveaux » préparateurs par rapport aux pharmaciens ? La formation sera-t-elle dispensée dans les CFA ou en faculté ? Qui financera la formation, laquelle relève actuellement des conseils régionaux ? Une problématique qui ne sera pas facile à résoudre, d’autant plus que Philippe Denry rappelle que « la FSPF souhaite conserver les CFA et les formations en alternance qui sont adaptées au marché du travail, professionnalisantes et répondant aux besoins des officines ». Un avis que soutient Catherine Hourtiguet : « C’est un bon système, qui permet au futur préparateur de découvrir très rapidement la vie de l’officine et la culture de l’entreprise. »
En revanche, Jean-Paul Provost se démarque en posant la question de « la pertinence de l’alternance. Un apprenti coûte 800 euros alors qu’il ne passe que 23 heures par semaine à l’officine et gagne quasiment autant qu’un préparateur diplômé. Par comparaison, un étudiant en 6e année reçoit 400 euros par mois lorsqu’il fait un stage. Cherchez l’erreur ! ». L’ampleur de la tâche n’effraie pas les intervenants qui ont prévu de se réunir tous les mois jusqu’en avril. « Nous partons sur l’idée de terminer les travaux pour fin 2010 [pour une validation par la XXe Commission professionnelle consultative dont relève le BP, en décembre 2010, si possible] et une mise en place au mieux à la rentrée 2012 », conclut Michel Gavrilovic.
Le « contrôle effectif » rediscuté
Le retrait du terme « effectif » sera abordé avec le concours de pharmaciens inspecteurs de santé publique invités à participer aux réunions. « Nous souhaitons une modification de l’article L. 4241-1 du Code de la santé. En ce sens, un amendement a été déposé par la CPNE-FP de la pharmacie d’officine le 9 février 2009 dans le cadre du projet de loi HPST. Mais il n’a pas retenu l’attention des pouvoirs publics », déplore Patrick Le Métayer (FO).
« Le retrait du mot « effectif » avait été demandé collectivement, renchérit Michel Parinet (CFTC). En allant vers un niveau supérieur de type BTS, nous allons montrer que l’on n’a pas besoin d’un pharmacien derrière chaque préparateur. » Cependant « il y a un risque, si l’on retire le terme « contrôle effectif », que les employeurs en profitent pour donner plus voire trop de responsabilités, et cela pourrait avoir des conséquences sur la mission des pharmaciens salariés », tempère Dominique Drouet (CFDT-Santé sociaux).
Cela étant, « un représentant du ministère de la Santé a rappelé que le préparateur restait sous la responsabilité du pharmacien », commente Michel Gavrilovic (Education nationale). « Mais les préparateurs pourraient avoir une certaine autonomie », précise-t-il.
Trois questions à Michel Gavrilovic, inspecteur général de l’Education Nationale en charge de la rénovation du diplôme
Ne devrait-on pas réviser le diplôme des préparateurs en parallèle avec la réforme des études de pharmacie ?
J’ai indiqué le 7 octobre – mais nul ne l’a relevé… – que les doyens de pharmacie, qui travaillent sur la réforme des études, se posaient la question de réaliser une sélection en 3e année et non plus en 1re. Ceux qui réussiraient iraient jusqu’au doctorat. Les autres prendraient une filière de type licence pro et pourraient s’orienter vers des masters de pharmacien industriel.
Les préparateurs en pharmacie hospitalière vont-ils être impliqués ?
Il faudra rencontrer les hospitaliers car ils sont concernés du fait que seuls les titulaires du BP ont accès à l’année de formation hospitalière. J’ai évoqué le « livre blanc » de l’Association nationale des préparateurs en pharmacie hospitalière, laquelle propose un niveau licence avec un socle commun de formation en deux ans pour tous les préparateurs et une spécialisation en 3e année avec un choix d’option : officine, hôpital et industrie. Par ailleurs, il faut noter que plusieurs professions paramédicales souhaitent passer d’un niveau CAP ou BEP à un BTS, voire à une licence professionnelle. Le ministère de la Santé va en ce sens puisqu’il veut réorganiser les études de santé et généraliser les diplômes d’Etat de niveau licence avec une sélection des étudiants en 3e année.
Comment se positionne le diplôme des préparateurs en pharmacie par rapport à l’Europe ?
Le ministère de la Santé souhaite qu’il y ait une harmonisation des diplômes au niveau européen. Il faut donc y réfléchir et faire en sorte que le nouveau diplôme puisse être transposable à un niveau reconnu. Ce serait le cas si c’était une licence car elle s’inscrirait dans la logique du système LMD.
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