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Paroles de présidents

Publié le 3 décembre 2022
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« ASSURER LA PÉRENNITÉ DU RÉSEAU »

PHILIPPE BESSET Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF)

Le principal enjeu sera d’assurer la pérennité du réseau. Après une année 2021 exceptionnelle, liée à notre engagement dans la lutte contre le Covid-19, l’activité de l’officine est depuis retombée. Même si les ressources de nos entreprises devraient nous permettre de compenser l’inflation, je suis inquiet pour l’année qui va commencer. La part des produits chers est de plus en plus importante. Certes, ils tirent le chiffre d’affaires vers le haut, mais pas la marge. Les discussions sur le volet économique de la convention vont s’ouvrir et il nous faudra obtenir les investissements nécessaires pour accomplir les nouvelles missions, mais surtout pour continuer à assurer notre cœur de métier, la dispensation. La croissance viendra de l’engagement des pharmaciens dans les nouveaux actes dont ils seront leur propre prescripteur, dans le domaine de l’accompagnement des patients ou de la prévention. Tout cela ne sera possible que si des remèdes à la pénurie de personnel dont l’officine souffre aujourd’hui sont rapidement trouvés. Nous attendons beaucoup du Conseil national de la refondation santé pour enfin trouver des solutions. Nous serons bien entendu vigilants quant aux mesures qui seront prises parallèlement par le gouvernement. Car il ne s’agirait pas de reprendre d’une main ce que l’on nous donne de l’autre. Le dernier projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) avec son texte sur le référencement des médicaments – depuis retiré – aurait eu des conséquences catastrophiques sur le maillage officinal et les patients. Heureusement, notre mobilisation a permis d’inverser la tendance. Préserver les piliers de l’officine est la ligne que nous nous sommes fixée. Nous n’en changerons pas.

« UNE OFFICINE RÉSISTANTE ET COMBATIVE »

CHRISTOPHE LE GALL Président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF)

La décrue épidémique révèle les atours d’une officine qui a profondément changé. Eprouvée par la crise sanitaire, l’inflation, les pénuries de personnel, elle s’est montrée non seulement résistante mais combative. 2022 a accéléré de manière inédite la redéfinition en cours du périmètre de notre métier : quatrième campagne de vaccination contre la grippe concomitante à celle contre le Covid-19, autorisation d’administrer 15 valences aux personnes âgées de 16 ans et plus… Cette extension notable de notre rôle est un fait majeur.

La désertification médicale et la réponse aux besoins de santé croissants rendent également nécessaire l’intervention du pharmacien dans les soins non programmés. A cet égard, l’expérimentation bretonne OSyS pour la prise en charge de 13 « petits maux » et les protocoles nationaux de coopération lancés cet été dans quatre pathologies tracent la route à suivre.

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Forte, notre profession l’a été aussi en sachant se montrer soudée face à certaines dispositions du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Cette mobilisation efficiente devrait inspirer l’esprit des prochains combats cruciaux de la profession, au premier rang desquels l’évolution de notre rémunération, sujet des prochains rounds de négociation conventionnelle en 2023. Qui dit nouvelles missions dit en effet nouvelles responsabilités, nouvelle organisation, investissements dans la formation et aménagement de nos officines. Une rémunération adéquate sera garante d’un exercice officinal à la hauteur de la qualité que nos concitoyens sont en droit d’attendre.

« NOUS SOMMES PROCHES DU BUT »

PIERRE-OLIVIER VARIOT Président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO)

Chaque automne, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) apporte son lot de surprises. Cette année, le gouvernement y a inscrit un mécanisme d’appel d’offres pour les médicaments. En bref, ce dispositif permettrait aux pouvoirs publics de référencer un seul laboratoire et de rembourser une seule marque de médicament.

Les syndicats se sont immédiatement mobilisés contre cet article auprès du ministère, avec le soutien des groupements. Des confrères ont eux aussi participé en apposant une affiche sur leurs vitrines et en faisant signer la pétition aux patients.

Le gouvernement a fini par abandonner ce dispositif insensé qui aurait fortement augmenté les ruptures d’approvisionnements. Cette mobilisation efficace restera un temps fort de cette année ! 2022 sera aussi, je l’espère, l’année de la concrétisation des propositions de notre syndicat en matière d’organisation des soins. Depuis plusieurs années, nous appelons le gouvernement à autoriser les pharmaciens à réaliser les protocoles de soins non programmés (cystite, angine…) même s’ils n’appartiennent pas à une structure d’exercice coordonné, à construire de nouveaux protocoles, mais également à développer de nouveaux modes de coopération plus souples choisis par le patient.

Les négociations que nous menons avec le ministère, mais également la récente communication des ordres de santé qui appellent notamment à développer le partage d’actes et d’activités entre médecins et professionnels de santé* me laissent à penser que nous sommes proches du but !

* Proposition des Ordres de santé pour améliorer l’accès à l’offre de soins grâce à l’interprofessionnalité, 5 octobre 2022.